Titre Liz
Tome 2 Sombre naufrage
Auteur G.H.David
Éditeur : Editions Elixyria
Date de sortie 25 septembre 2019
Un titre à retrouver ici Liz-2- Sombre naufrage
Pour un rappel du tome 1, c’est par là.https://melimelodegwen.fr/liz-1-plongee-obscure-de-g-h-david/
Il y a des soirs où tout bascule.
Où le vernis de normalité qu’on a mis tant de temps à parfaire se craquèle, que dis-je vole en éclat.
Où l’on est obligé d’ouvrir la porte à ses vieux démons parce qu’il n’y a pas mieux à faire.
Où l’on accepte, en toute connaissance de cause, de prendre le risque d’un long et Sombre naufrage.
Ce soir, Liz le rencontre dès le début de ce deuxième volet de la saga de G.H. David.
Un tome plus sombre, plus effrayant, plus violent, plus palpitant encore. Un tome qui m’a prise en otage dans des sentiments complexes et des situations inextricables. Entre un présent chaotique, un futur incertain et un passé qui oscille entre douce nostalgie et traumatismes insurmontables.
Un volume pour lequel, exceptionnellement, j’ai dû prendre quelques heures avant de vous en parler. En effet, faire la chronique de ce volume est complexe, parce que l’histoire de Liz l’est, que plusieurs thèmes forts se télescopent et que plusieurs temps rythment ce nouveau récit. Parce que le fil sur lequel Liz avance est aussi sûr qu’une fil de pêche tendu à 2000 mètres d’altitude et qu’il m’a été difficile de démêler mes impressions pour les ordonner, de tenter de vous rendre l’intensité de ma lecture sans vous en dire trop.
Rappelez-vous…
Maud, la meilleure amie de Liz, a disparu avec Mike, son petit copain.
Mue par l’instinct de ses années sombres, Liz redevient la Mona Lisa qu’elle pensait avoir laissé derrière elle et monte une opération commando pour la sortir de là.
Max et Alex sont bien sûr de la partie et plongent dans une dimension qu’ils ne connaissaient pas, dans une facette de Liz qu’ils ne faisaient que supposer. Et le moins qu’on puisse dire c’est que, contrairement à ce que l’on aurait pu supposer, au vu de ce que l’on devine du passé de chacun, Liz n’est pas au bout de ses surprises.
Ni de ses doutes, …
Car ce volet est indéniablement complexe.
Si Liz n’a aucun doute sur la marche à suivre pour mettre ceux qu’elle aime à l’abri, on ne peut en dire autant de es sentiments, de ses amours, de ses désirs. Tout se mêle et s’embrouille dans ce tome nerveux, fiévreux, où le passé percute le présent, parfois pour proposer un apaisement inattendu, souvent pour la pousser encore plus près du gouffre où je crains de la voir tomber irrémédiablement.
Commençons par le plus « simple ».
La sûreté de Liz et des siens. Retrouver Maud et Mike c’est bien. Les mettre en sûreté, c’est mieux. La solution immédiate se gère presque sans encombre. Mais on ne peut pas vivre en étant au mieux le prétexte, au pire l’enjeu ou l’appât d’une guerre entre caïds. En laissant une épée de Damoclès se balancer au dessus de soi.
Et ce que l’on soupçonnait du tempérament de Lisa ne l’incite certainement pas à attendre, bras croisés, qu’un prince charmant vienne à son secours. Surtout que rayon prince charmant, … Je laisse cette question pour la suite, procédons avec méthode.
De la méthode, justement, Elizabeth n’en manque pas, ce qui confirme à ceux qui en douteraient encore, sa très grande expérience du milieu et de ses pratiques. Elle pose ses pions sans trembler, du moins en apparence. De l’instant où, à la fin du premier volet, elle a accepté d’endosser de nouveau ce costume qui n’était plus le sien, le ‘naturel » revient au triple galop.
Liz retrouve comme une seconde peau l’implacable dureté qui a fait sa réputation dans son autre vie. Âmes sensibles s’abstenir. La Mona Lisa n’a plus rien d’une paisible Madone et son sourire est alors plus effrayant que celui du Joker.
Et je suis restée hypnotisée par sa façon de faire, que ce soit pour s’imposer face à des petites frappes, pour déloger une squatteuse d’appartement, avec fureur et sans limite, ou pour savourer sa vengeance, avec calme et une forme de délectation parfaitement rendue, au nez et à la barbe de professionnels chevronnés.
Pour son entourage, notamment Nico qui tombe des nues, quel choc! Et je ne peux qu’imaginer ce qu’il a pu ressentir en voyant la métamorphose de l’étudiante sans histoire.
Pour moi, j’ai surtout vu le naufrage des bonnes résolutions de Liz qui a cru qu’elle pourrait laisser derrière elle Perpignan et ses années sombres, Sylvain son premier amour, son âme damnée et Stéphane, son ange finalement déchu, mais aussi tout ce qui a composé sa vie, ses souffrances et une certaine forme d’adrénaline, aussi addictive qu’une drogue.
En effet, si le côté pile de Liz, celui en recherche d’apaisement et d’une vie plus sûre, répugne à replonger, on sent tout de même que la face sombre de Moon trouve une forme d’accomplissement en reprenant le contrôle, peut-être illusoire, de sa vie passée, en soldant des comptes, en accordant son pardon, en projetant sur Cyril ce qu’elle n’a pu réussir des années plus tôt.
J’ai d’ailleurs trouvé que cet aspect de l’histoire est une trouvaille géniale et une source de stress supplémentaire, mais aussi, une lueur d’espoir. Il est une piqûre de rappel constante de la souffrance emmagasinée, et qui ressort, encore, de façon convulsive, en même temps qu’une chance unique de rédemption.
Psychologiquement, cette relation m’a un peu perturbée parce que je tremble pour Liz. Et je dois avouer que la façon dont Cyril est entré, de son plein gré, dans ce rôle d’ersatz, d’une certaine manière, m’a scotchée. Le lien qui se développe entre ces personnages est un élément puissant et rare, qui oscille entre compassion et désir.
Parce que ce deuxième volet est marqué du sceau du désir. Brûlant, pulsant, dévorant, incroyablement frustrant.
Et cette fois, ce sont nos coeurs et nos corps que G.H. David fait valser au rythme des désirs de Liz qui ne sait plus où donner de la tête et des instincts. Pour se rassurer, pour se sentir vivante, pour oublier, ne serait-ce que quelques heures, ses peurs et ses doutes. Pour nourrir l’instinct de survie qui, quoi qu’elle pense de ses fragilités, lui a permis cette incroyable résilience.
Et dans cette équation du désir, les données sont nombreuses, les inconnues tout autant.
Les inconnues, elles tiennent dans ce que Liz peut attendre en cédant à tel ou tel. Une réminiscence du passé avec Sylvain, touchant par certains aspects de son repentir, une sorte de deuxième chance avec Cyril, l’illusoire fusion de deux âmes brisées avec Alel, le rêve de la sûreté avec Max…
Car les prétendants, la Joconde n’en manque pas. Aucun ne semble apte à rivaliser avec celui dont l’absence envahit tout, le fantôme omniprésent, omnipotent, encore, toujours et surtout, Stéphane.
Dans ce deuxième volet, il est d’ailleurs encore plus présent, d’une certaine façon. Comme si, après un premier tome de « pudeur émotionnelle », Liz s’ouvrait de plus en plus. À sa douleur mais aussi à ses souvenirs heureux, à ce qu’elle a retenu de son histoire d’amour aussi absolue que destructrice. À l’aide qu’il semble parfois lui apporter d’outre-tombe, comme un invisible gardien.
Et lorsqu’elle trouve des moyens, faibles subterfuges, pour « racheter » ou « rattraper » ce passé, elle fonce. Quoi qu’en pensent Alex ou Max, avec le soutien de Ludo dont j’aime de plus en plus la présence, bienveillante et attentive.
Et pourtant, quoi que son coeur lui hurle, à savoir son incapacité à s’ouvrir à d’autres, son esprit, plus encore que son corps, sont d’un autre avis. Je laisse de côté Cyril. En dépit d’une attirance parfois flamboyante, il n’est, pas plus que Liz, prêt à autre chose qu’à tuer sa solitude et ses démons pour quelques heures.
Restent trois hommes. Trois figures du mâle, opposées et pourtant complémentaires. Tous aussi adaptés à combler Liz, tous aussi impuissants à suffire à son bonheur.
Il y a Alex. Au premier abord, leurs blessures semblaient les destiner l’un à l’autre. Pour elle, il s’est ouvert à l’amour. Mais sa nature sombre et sa façon de maintenir les autres à distance sont autant de points sombres. Leur relation, dangereusement fusionnelle, oscille entre des déclarations à faire frémir d’émotion et des volte-faces plus violentes qu’un coup.
Puis il y a Max. On le voit peu dans ce tome, comme si Liz gardait à distance cet homme pour ce protéger de ce qu’il fait naître en elle. L’espoir d’une relation lumineuse, le bien-être de toute son attention et la sûreté qui la saisit à son contact. Mais aussi le risque de le perdre lorsqu’il comprendra qui elle est vraiment et l’impossibilité de surmonter un échec aussi prévisible qu’irrémédiable.
Le lien qui unit Elie à ces deux premiers, on l’a connu dans le premier volet. Il évolue, se renforce. Les failles et les loupés de l’un mettent en lumière toutes les qualités de l’autre.
J’avoue qu’il m’a été de plus en plus difficile de comprendre Alex et ses réactions si souvent frappées de l’excès de la passion, quoi que mes réflexions et les indices judicieusement semés par l’auteure laissent supposer.
A contrario, en ce qui concerne Max, c’est Liz que j’ai plus de mal à comprendre.
On dirait bien que, comme nombre des antagonistes de ce volume, j’ai pris involontairement position entre l’homme dans sa vie et l’homme de sa vie. À supposer qu’il y ait encore une place pour quelqu’un d’autre que le bel ange ténébreux que Liz a tant aimé et dont l’absence pèse d’une présence écrasante sur toute sa vie, mais aussi sur ses choix.
Et encore, j’en oublierais presque le troisième larron. Sylvain. De ce que j’en ai appris au premier tome, supposé au début du second, je m’attendais à le détester, … à croire que je ne connais pas encore Geny et son talent fou pour troubler mes esprits en me proposant un personnage à la fois si proche et si éloigné de mes a priori. Un dandy capable de manipuler, de tromper, de corrompre. Un homme détruit par ses addictions. Un amant hanté par son amour perdu au point de faire des choses qui ont fait battre mon coeur de midinette. Un complice capable d’offrir comme un présent la vengeance sur un plateau d’argent. Et j’ai comme dans l’idée que je ne suis pas au bout de mes surprises.
Et je ne parle même pas de l’Excipit qui m’a coupé le souffle en attendant d’en savoir plus!
Non, je parle surtout de ce deuxième volet qui se finit sur une note d’apaisement aussi bienvenue que suspecte. Une respiration vitale avant de « défier les ténèbres » la promesse du tome 3.
Un tome que je brûle déjà du désir fiévreux de découvrir, tout en chérissant d’avance la petite pointe de stress pour tout ce qui m’attend!
Mais j’ai été transportée, dans ce volume, par l’équilibre ultra précaire dans lequel l’auteure tient Liz tout au long de ce volume.
Équilibre, je l’ai dit, entre le passé et le présent. Et dans ce registre,