Les yeux des ténèbres de Dean Koontz

Titre Les yeux des ténèbres

Auteur Dean Koontz

Date de sortie 9 Avril 2020 (pour cette réédition), sortie papier le 20 mai 2020

Éditeur l’Archipel

À commander en cliquant sur ce lien https://amzn.to/2yeAMJe

Un titre découvert grâce à Netgalley et à l’éditeur.

Les yeux des ténèbres, c’est l’histoire d’une très riche coïncidence.

Il y a quelques semaines, j’ai entendu parler de ce livre, présenté par certains comme ayant « prédit » l’épidémie de Covid-19 qui sévit actuellement. Une perspective pour le moins intrigante, surtout quand on sait que l’édition première de ce très bon roman d’espionnage date du début des années 80.

Aussi, lorsque les éditions de l’Archipel, responsables de sa réédition papier, l’ont proposé aux blogueurs via Netgalley, je n’ai pas hésité longtemps avant de le demander. Grand bien m’en a pris, mais pas forcément pour les raisons que l’on pense.

Loin d’apporter les réponses à la crise actuelle -et c’est peut-être heureux- ou d’être un monde d’emploi sur la survie au virus -et vu comme le livre le décrit, c’est même doublement heureux-, ce roman à l’écriture riche m’a emportée loin de ce que j’escomptais, mais dans une histoire riche où l’espionnage se mêle à l’inexplicable, où le danger rôde partout, et pas seulement dans les couloirs des hôpitaux. On est même très loin des espaces aseptisés. Très très loin!

Sortez vos plus beaux atours, préparez votre petite monnaie, apprêtez-vous à oublier le temps et ses contraintes et rendez-vous sur le Strip.

En effet, l’histoire commence, et déroule une grande partie de son action à Vegas. Capitale du jeu, de tout ce qui brille, des illusions et des apparences. Une ville où il est facile de perdre ses économies, sa raison, voire sa vie.

Nous y suivons Tina Evans, une ancienne danseuse de Music-hall, reconvertie chorégraphe pour les grands shows dont les casinos ont le secret pour fidéliser sa clientèle. Le sien, Magyk, est en fin de préparation. Il s’annonce comme l’un des succès de la fin d’année, offre de nouvelles perspectives à Tina, comme la rencontre d’Eliott Stryker, séduisant avocat qui éveille un peu son coeur moribond. Il lui permet aussi d’oublier les ratés de sa vie, son divorce d’avec Michaël, croupier volage et inconséquent, mais surtout la mort de son fils Danny, un an auparavant, lors d’une sortie sportive dans les massifs du Nevada.

Impossible de se remettre d’un tel deuil bien sûr, surtout quand les signes se multiplient pour lui faire perdre l’esprit, ou la torturer de questions incessantes. Cette partie du roman fait intervenir des ressorts psychologiques qui déstabilisent le lecteur. Les signes que Tina croit voir sont-ils réels? Relèvent-ils de ses secrets espoirs? Sont-ils un moyen d’accepter l’inacceptable?

On pourrait trouver ce premier temps un peu long. J’ai au contraire beaucoup apprécié que l’on prenne le temps, de connaître les protagonistes, leurs tempéraments, afin de se préparer un peu à la suite de l’histoire. Là où, trop souvent, on se précipite sur une action immédiate, ici, au contraire, ces premières parties -qui correspondent aux jours qui entourent le Nouvel An- on fait connaissance.

Et la brusque accélération du jour de l’an n’en est que plus réussie, un peu comme la longue série de courbes qui précède la chute vers l’inconnu en prélude d’un grand huit.

Le tour qu’a alors pris le roman a été si inattendu que j’ai été tentée de vérifier si je ne m’étais pas trompée de titre entre mes attentes et ce qui se déroulait sous mes yeux. Mais il aurait fallu abandonner Tina et Eliott aux dangers qui les menacent, et ça, hors de question. Aussi, j’ai embarqué dans leur épopée comme un passage clandestin. Les yeux des ténèbres deviennent alors un roman d’espionnage digne des spécialistes que j’ai affectionnés dans mon adolescence, des Ludlum et autres Clancy. Et autant le dire, j’ai adoré ça!

Sans révéler les tenants et les aboutissants de cette histoire, qui m’a tenue en haleine jusqu’à la dernière page, je me suis laissée prendre par une écriture rythmée. De l’instant où l’on passe dans ce deuxième temps, il n’y a pas de temps morts, toute action entraîne ses réactions. Les personnages principaux n’ont plus vraiment le temps d’analyser, malgré les prises de conscience d’Eliott sur ce qu’il redécouvre de lui, là où au contraire, les hommes de l’ombre sont obligés, eux de se livrer à des conjectures hasardeuses. Ce changement d’allure crée donc un contraste délicieusement déstabilisant, où les pistes se multiplient au même rythme que les dangers. Il y a de la partie d’échecs dans ce roman où chacun tente de prendre un coup d’avance sur son adversaire, avec plus ou moins d’habileté.

Le lecteur, lui, en est le grand bénéficiaire, du fait de l’état de tension constant qu’il en résulte.

La quête de Tina et Eliott est si bien narrée que je me suis surprise à l’imaginer mise en images, et ça fonctionnait vraiment bien.

Quid du Covid-19, me direz-vous. Chut, laissez venir à vous, non pas des révélations foudroyantes mais un élément d’une intrigue qui se déroule sans accroc tout au long des quelques 300 pages de ce roman.

D’ailleurs, soyons clairs, j’ai été tellement prise dans ma lecture qu’au moment où j’en suis arrivée à l’Instant clef, j’en avais presque oublié que c’était d’abord pour cette raison que j’avais décidé de découvrir cet auteur et ce livre en particulier.

Comme quoi le hasard fait bien les choses !

Au final, ce roman confirme qu’il faut souvent pousser plus loin que les rumeurs et les « on dit » pour découvrir un livre de très bonne facture.

Pour ma part, il donne une nom supplémentaire sur la liste des auteurs de polars que je vais suivre, en commençant certainement tout prochainement Dark Web dont le titre autant que le résumé ont attisé ma curiosité… Mais la réalité sera-t-elle conforme à mes attentes?

Une partie de moi l’espère. L’autre espère secrètement tout aussi fort qu’il n’en sera rien!

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