Défendu d’Anna Wendell

Titre Défendu

Auteur Anna Wendell

Éditeur Éditions Addictives

Date de sortie 14 avril 2020

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Presque un an après avoir découvert la plume d’Anna Wendell pour le très réussi Apprends moi le désir (chronique à retrouver ici https://melimelodegwen.fr/index.php/2019/04/19/apprends-moi-le-desir-danna-wendell/ ) me voilà prête à vous parler de son nouveau roman, le quatrième à paraître aux Éditions Addictives, quand Anna endosse son côté pile, celui de la romance contemporaine.

Et autant le dire tout de suite, elle l’endosse avec de nouveau beaucoup de talent ou de réussite pour ce roman auquel la seule chose défendue serait de résister au charme fou de Cameron Reed.

Bienvenue à New York, au pied de Central Park, parmi les gens huppés, mais pas que.

Bienvenue à la rencontre de Cameron, un Mr Jamais de chez jamais.

Jamais plus d’une nuit avec une de ses nombreuses conquêtes.

Jamais de douceur ni de tendresse dans ses relations avec sa mère Gabriella et son beau-père James.

Jamais plus accepter d’humiliation, de compromis.

Jamais ô grand jamais s’écraser quand quelque chose passe dans son esprit.

Jamais de chez jamais baisser la garde et s’autoriser des sentiments. Aucune faiblesse, aucune attache. Rien que sa musique, sa guitare maison, qu’il vénère bien plus que toutes les créatures qui traversent son studio.

Rien que tout ce qui le conforte dans son besoin de sécurité, morale et physique. C’est ça ou courir le risque de voir cette cocotte-minute émotionnelle exploser en geyser de violence irréfléchie.

Tous ceux qui le côtoient composent avec ce trait de caractère. Et s’y adaptent plus ou moins. Parce que Cameron peut aussi mettre en avant de sacrés atouts. Il sait être charmeur. C’est un sacré bon guitariste, inspiré et passionné.

Il a travaillé son corps pour en faire une arme de séduction massive, … et à lire les descriptions de l’auteure, je crois bien qu’il y est parfaitement arrivé.

Mais que les choses prennent un tournant qui lui déplaît, et gare au retour de Cameron la tornade.

Croiser un sale fantôme de son passé? Terrain miné. Se coltiner un fils à papa aux manières discutables? Mauvais plan.

Tomber sur un ange aux cheveux blonds et aux yeux d’un bleu d’azur et le seul organe dont il a toujours nié l’utilité -son coeur bien sûr, le reste va très bien merci! – s’emballe presque malgré lui.

Ce diamant brut, c’est Elena, vingt ans, la cousine de Tyler Johnson, le leader du nouveau groupe où Cameron s’engage, au grand dam de Gabriela, sa mère, qui l’aimerait tant rangé, doté d’un travail stable, d’une compagne, et d’une ribambelle d’enfants, bien plus agréables que Miss Patate, son chat persan aussi sociable que l’humain qu’elle héberge.

À la différence de Cameron, Elena n’a jamais pris le droit de se rebeller, ni d’exprimer à haute voix ses envies et ses rêves. Eux, elle préfère les vivre à travers les romances qu’elle dévore le soir, dès que sa très longue journée de travail s’achève, pour oublier un peu ses soucis et éloigner les fantômes qui la hantent.

La rencontre entre les deux âmes fragiles, qui s’interdisent de donner la parole à leurs craintes les plus profondes autant qu’à leurs rêves les plus fous, tient autant de l’improbable que de l’évidence.

Improbable parce que rien n’aurait dû les placer sur la route l’un de l’autre.

Pourtant, dès que leurs regards se croisent, la même évidence les saisit. Elle balaie tout. Les craintes, les dangers -impossible de vous en dévoiler la teneur sans trahir une large part de l’intrigue-, la raison, tout s’efface devant cette impression de commencer, enfin, à vivre vraiment.

Ce schéma pourrait s’appliquer à de nombreuses romances. Après tout, la rencontre des opposés, une dose d’interdit, un soupçon de suspense et une forte sensualité, d’aucuns diront qu’on est dans du classique.

Oui. Mais non. D’abord parce que, malgré tout ce qui les oppose, Cameron et Elena ont bien plus en commun qu’on pourrait le croire. J’ai particulièrement aimé le renversement qui s’instaure à partir de l’un des moments clefs dans l’histoire, lorsque la relation protecteur/protégé se rééquilibre, voire s’inverse. J’ai tout autant aimé suivre la façon dont Anna Wendell fait évoluer les personnages. Tantôt sur la pointe des pieds, tantôt à coups de bulldozer, avec même le luxe de quelques demi-tours.

Au départ, j’ai eu peur de ne pas aimer l’aspect trop « connard » de Cameron. Mais c’était oublier qu’avec Anna, les personnages sont bien plus en nuances qu’ils le laissent penser au premier contact, comme une nouvelle connaissance qui ne se livre pas immédiatement.

Ensuite, ce roman -et là encore, quelle frustration de devoir rester aussi vague- aborde deux thèmes forts que je n’avais pas forcément escomptés.

J’avais déjà aimé ce trait des romances d’Anna Wendell dans mes précédentes lectures. Avec Défendu, elle confirme sa capacité à intégrer des réalités importantes et prouve une nouvelle fois qu’il y a bien plus dans la romance que « juste » des histoires sentimentales (même si on est bien d’accord, à plusieurs reprises, j’ai été émotionnellement malmenée par l’intrigue).

Et s’il fallait un dernier argument pour vous donner envie de lire cette pépite, elle résiderait sans conteste dans la façon dont l’auteure a apprivoisé la sensualité de ses héros. Elle mène ses personnages, malgré les premières apparences, avec une délicatesse et une force dans la passion qui sont particulièrement réussies.

Vous l’aurez compris, je me suis laissée immerger dans ce roman comme dans un très bon morceau de musique, tantôt tendre, tantôt hypnotique, toujours emballé, dont la mélodie et les paroles sont destinées à rester longtemps dans l’oreille et le coeur.

À vous d’en découvrir, les couplets, le refrain et le chorus, « défendu, défendu de passer à côté »!

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