Titre Les Morgan’s tome 2 : Curtis
Auteur Pascale Stephens
Éditeur BMR
Date de sortie 28 août 2019
Lien pour commander le roman https://amzn.to/34GeU5A
Un titre découvert grâce à Netgalley et à l’éditeur.
Dans la famille Morgan, il y a un garage, une voiture de collection et quatre enfants terribles. Harry, le grand frère militaire souvent en mission aux quatre coins de la planète, Faith, la soeur invisible mais pourtant tellement présente. Il y a aussi TJ dont nous avons fait la connaissance au tome 1 (chronique à retrouver ici pour se rafraîchir la mémoire https://melimelodegwen.fr/index.php/2019/03/07/les-morgans-1-tj-de-pascale-stephens/). Et puis il y a Curtis.
Autant l’avouer, dans le premier tome, ce n’était pas mon personnage préféré, loin de là. Il apparaissait au moins comme ronchon, voire franchement casse-pieds, rude, injuste, intéressé par tout ce qui pouvait l’enrichir et pas toujours très réglo. Avouez que ça vend du rêve, non?
Alors quand à la fin du tome 1, le particulièrement gracieux Curtis est accusé d’avoir mis le feu au garage pour une sombre question d’assurance, j’avoue qu’il a fallu la force de conviction de TJ pour me convaincre de lui laisser le bénéfice du doute.
Heureusement d’ailleurs que Teresa la bagarreuse ne s’arrête ni au sale caractère de son frère ni aux apparences, ni aux certitudes bien chevillées de l’inspecteur en charge de l’enquête. Heureusement aussi que son amoureux, Darell Cooper, partage cette conviction et dispose des moyens financiers et des relations pour lui fournir une avocate, et pas n’importe laquelle.
Kimiko Shizuoka est une jeune femme qui s’investit pleinement dans son travail. Format puce, elle compense par des talons vertigineux comme armure de guerre avec son chignon et son tailleur stricts et par une ténacité qui lui vaut le surnom immédiat de Teigne de la part d’un des clients les plus récalcitrants qu’elle ait eu à défendre.
Refuser d’être aidé pour une question d’orgueil, il faut le faire. Et c’est ce premier réflexe contre lequel Kim doit se battre.
Autant dire que ça va faire des étincelles !
Curtis se donne des airs d’ours sans coeur, mais son passage express entre les mains de la justice remet en cause beaucoup de choses, à commencer par sa relation avec sa famille et son beau-frère officieux, en passant par son avenir et par celui du couple qu’il forme avec Pam. Et les sentiments contradictoires que Kim éveille chez lui n’en sont pas les seuls responsables.
Kimiko m’a beaucoup touchée, davantage que je le pensais au premier abord. Le profil de l’avocate carnassière, elle le maîtrise à la perfection, mais dès qu’elle quitte sa panoplie, elle est une toute autre personne, pétrie de tradition culturelle et de toutes les contraintes qu’elle lui impose.
Et ni son amitié profonde pour Piper, sa détective privée culottée et attachante, ni le trouble inapproprié que Curtis évoque chez elle ne semblent faire le poids face à ce que l’on attend d’elle.
J’avais déploré, dans le premier volet de cette série, que les choses aillent trop vite entre TJ et Darell. J’étais un peu restée sur ma faim malgré les belles promesses que portait l’histoire.
Rien de tel dans ce second opus. L’auteure nous donne le temps de comprendre les conflits intérieurs des deux personnages principaux, dont on suit tour à tour les pensées. Parfois même, ce sont les mêmes scènes qui sont décrites par l’un puis par l’autre. Elles offrent un éclairage différent et une meilleure compréhension des moteurs de chacun.
C’est d’autant plus nécessaire que les personnages eux-même, malgré le renfort de leurs proches, ont du mal à y voir clair eux-mêmes. Leur tête est une chambre d’ados au bout d’un mois de confinement, un sacré bazar! Quant à cerner l’autre, si bien capable de se cacher derrière ses apparences et son entraînement, bon courage! S’ils arrivent à leurrer leurs proches, inutile de dire avec quelle facilité il est possible de se cacher d’un inconnu… Quoique.
C’est l’une des forces de cette histoire. Malgré tout ce qui les oppose et les sépare, malgré toutes les bonnes raisons pour lesquelles rien n’est envisageable, chacun a une capacité certaine à cerner l’autre… Du moins tant que ça ne concerne pas la question des sentiments où ils sont aussi empotés l’un que l’autre.
L’auteure, par sa façon de dévoiler ses personnages, montre d’ailleurs qu’ils ne sont pas si différents que ça, notamment dans leur façon de concilier le devoir et les aspirations, de s’oublier eux-mêmes au nom de ce qu’ils pensent DEVOIR faire, à commencer par ce que, selon eux, leurs familles attendent d’eux. Et dans ce domaine, Kim offre un personnage peu commun que j’ai beaucoup aimé suivre et une façon de vivre que j’ai découverte avec intérêt, quoi que De la même façon que j’ai aimé l’honnêteté avec laquelle Curtis tente d’analyser ses envies et de rester lucide sur ce qu’il est capable de promettre au point chaotique où se trouve sa vie. Et là, il m’a coupé l’herbe sous le pied en prenant le temps (avec un peu d’aide, mais ça ne lui fait pas de mal) de peser le pour et le contre, de ne pas se jeter tête baissée dans des promesses irréalistes.
Le face à face entre les deux forts caractères est touchant souvent, lorsque peu à peu, chacun se dévoile avant de s’enfouir sous une couche de mauvais caractère, ou de mauvaise foi, voire un mélange des deux. Savoureux!
Et puis, s’il fallait une dernière raison qui explique pourquoi j’ai passé un très bon moment de lecture, c’est la façon dont cette histoire s’insère dans une série: on croise régulièrement TJ qui est au coeur de l’histoire de Curtis. Mais on glisse aussi discrètement de quoi donner envie d’en savoir bien plus, sur Harry, sur Faith qui reste toujours aussi mystérieuse, et même sur Piper.
De quoi assurément promettre, qui sait, de nouvelles belles pages.
Des pages que je me réjouis d’avance de découvrir…