Titre Les enfants de la Sierra
Auteur Pauline Libersart
Éditeur Audélio
Date de sortie 15 mai 2020
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Nouvelle incursion dans l’écriture de Pauline Libersart, pour une romance historique riche en rebondissements, qui a retourné mon coeur, mon cerveau et mon estomac à plusieurs reprises.
Après la très jolie nouvelle Pour l’amour de Thomas (chronique à retrouver ici https://melimelodegwen.fr/index.php/2020/02/pour-lamour-de-thomas-de-pauline-libersart/) c’est cette fois dans l’Ouest américain qu’elle nous invite à la rejoindre.
Pourquoi faut-il absolument partir à la rencontre de ces Enfants de la Sierra?
D’abord parce que cette romance a un fond historique très fort, qui se voit par certaines contraintes sociales, certaines prises de position. On pourrait se dire qu’on y trouve aussi quelques images attendues, du pasteur intransigeant aux filles de saloon, du juge de paix aux fausses dévotes, des cowboys, des Indiens, et même un loup.
Oui, il y a tout ça dans Les enfants de la Sierra. Mais il y a bien plus!
Et surtout, il n’y a pas la moindre caricature, mais au contraire une vision très juste, en particulier sur la place des femmes, à travers certains portraits et certains vécus qui contribuent à donner une vision très moderne de l’histoire.
Ensuite parce que ce livre est avant tout un merveilleux roman d’amourS qui parle de rédemption, de rendez-vous manqués et de droit à une deuxième chance.
Un roman d’amour sur la passion qui dévore tout et fait souffrir plus que de raison. Il y a de grands moments de bonheur, bien sûr, mais j’ai beaucoup aimé (mon paquet de kleenex aussi) ces moments où l’amour n’est plus ciel radieux et petits coeurs qui chantent. Car parfois, les hasards de la vie ou les conséquences de ses propres choix en font une blessure presque incurable. Et dans ces passages, l’auteur est très forte.
Les Enfants de la Sierra parlent aussi d’amour familial, que ce soit sa famille de sang ou celle que l’on choisit de former. Et puis il y a, au centre de cette fresque, cet amour fraternel, gémellaire en particulier. Une relation proche de la fusion et qui fait de chacun la meilleure moitié de l’autre.
Enfin parce que c’est aussi un roman où les bonheurs de l’amour et la puissance de la passion côtoient de près les drames et les déchirures de la vie.
Vous avez vu qu’on est bien loin d’une « simple » romance historique, mais qu’on est avant tout dans un superbe roman de la vie.
Et dans tous ses moments clefs, l’auteure manie une plume puissante et inspirée qui m’a fait ressentir toutes ces nuances et ces cataclysmes avec une intensité indéniable.
L’histoire commence à la fin de la guerre de Sécession et se prolonge sur les années qui permettent la transition de la conquête de l’Ouest au développement de la côte Pacifique. On y suit le destin d’une famille, son ascension sociale, du petit cowboy à l’homme d’affaires florissant et moderne. On s’y réjouit des naissances et des bonheurs, on tremble des coups du sort. Bref, on s’invite dans la vie des Ford et des leurs.
Et elle n’est pas de tout repos!
Les habituées de la plume de Pauline Libersart retrouveront sans doute des personnages rencontrés dans l’homme de la Sierra. Pour celles qui, comme moi, ne l’ont pas lu, pas de panique. Elles peuvent le commander en cliquant ici https://amzn.to/2T3DWH1. Mais surtout, elles pourront totalement savourer ce livre-ci sans autre manque que celui de se demander comment a pu commencer l’amour infaillible et à toute épreuve d’Amélie et Dallas Ford.
Pour ma part, j’ai fait leur connaissance le jour de leur mariage, célébré dans le Grand Ouest américain par un Padre conciliant vu le ventre rebondi de la jeune fiancée, accompagné de deux orphelins qui espèrent bien un abri où dormir, une table assez riche pour combler leurs carcasses d’adolescents, et des patrons qui ne se montreront pas cruels.
En fait, Douglas et Ian les indissociables jumeaux, (et nous avec eux) trouvent bien plus que des employeurs. C’est une famille que Dallas et Amélie comptent former dans ces terres immenses et sauvages.
Amélie est adorable, charmante, dotée d’un sens maternel si fort qu’il lui permet d’aimer indifféremment ses enfants naturels et ceux que la vie lui a apportés, à commencer par ces jumeaux écorchés par la vie et de prime abord si méfiants.
Mais il ne faut pas penser que cette ancienne belle du Sud est une petite chose fragile balancée par hasard dans un décor mal adapté. Certes, elle impose aux siens une éducation soignée et certaines convenances. Mais elle sait aussi respecter la sensibilité de chacun, tolérer tout ce qui leur permet de s’épanouir. C’est aussi une louve capable de sortir les griffes pour protéger les siens.
Dans les moments d’adversité, je l’ai trouvée particulièrement impressionnante, repoussant au second plan sa douleur, ses peurs, pour tenir la tribu unie et soutenir son homme.
Dallas, pour sa part, est plus difficile d’accès. Au premier abord, il est froid, impénétrable, peut-être même un peu inquiétant. Il a le mot rare. Un oeil d’un bleu incroyable que l’on n’oublie pas. Mais par petites touches, on devine aussi l’homme bon, loyal et totalement impliqué qu’il est pour les siens. C’est un homme craint et respecté.
Et ça n’a rien d’étonnant! Il connaît parfaitement son domaine, l’élevage des chevaux, mais se montre aussi visionnaire pour assurer l’avenir de sa famille et le bonheur des siens. Dans le même temps, on ne plaisante pas avec un tel homme.
Sans doute parce qu’il est capable de la plus froide détermination, y compris au moment de semer la mort, lorsque la sécurité des siens est en jeu. Et puis un homme qui confie ce qu’il a de plus précieux, non pas à un vulgaire chien de garde, mais à un loup (et quel loup!) avouez que ça en jette.
Mais par-delà ces premiers abords, il y a dans cet homme une immense bonté et de l’amour à revendre. Il affleure dans toute sa relation avec Amélie dont se dégage un amour absolu, soudé des bonheurs autant que des peines qui jalonnent leur parcours. Et la vulnérabilité qu’il masque à peine lorsque la vie de son âme soeur est en jeu m’a profondément touchée.
Il est moins expansif envers leurs enfants. Et pourtant! Dans la façon dont il veille sur Doug dans les moments les plus cruciaux, j’ai retrouvé l’image d’un père à l’implication parfaite.
Mais ce livre s’appelle les Enfants de la Sierra. Parce qu’il y a toute une génération qui grandit sur les terres Ford.
Thomas Junior en est le premier né. Les jumeaux Ian et Douglas les premiers enfants de coeur. Puis viennent Adam et Laura, les enfants choisis et Charles, l’enfant de la détermination.
Le livre ne leur donne pas à tous la même place, quoi qu’on sente qu’ils ont tous leur fonction dans cette famille en acier trempé.
C’est autour de Ian, Douglas et Laura que se développe l’essentiel de l’intrigue.
Les jumeaux, qu’il est presque impossible de différencier l’un de l’autre, forment un binôme parfait. Doug, depuis l’orphelinat, a toujours pris soin de son alter ego. Ce réflexe perdure, même si Ian se montre tout aussi soucieux du bien-être de son frère, bien plus fragile qu’il n’y paraît.
Je me suis facilement attachée à ces deux garçons, solides et farceurs, liés par une complicité totale. Dès leur plus jeune âge, ils ont vécu des choses que l’on devine très dures et il faut beaucoup de persévérance pour les apprivoiser, les rassurer et leur permettre de s’épanouir. Les moments entre eux sont marqués d’un amour absolu et sans faille. S’ils se chamaillent, comme tous les frères, ils ont Le moyen infaillible de résoudre tout ce qui pourrait dégénérer. C’est la raison pour laquelle chacun a, dans le ruban de son Stetson, une pièce porte-bonheur. J’ai beaucoup aimé la façon dont on suit leur évolution, leur passage au statut de frères aînés et de jeunes entrepreneurs.
Quelle joie de les voir devenir adultes et envisager, eux aussi, de créer leur propre réussite tout en faisant honneur au nom qu’on leur a donné. Et quelle force dans ce sentiment ambigu, déchiré entre leur besoin de construire chacun leur bonheur et leur incapacité à vivre l’un sans l’autre.
Mais la tribu Ford compte aussi une fille. Personnage atypique, à laquelle on s’attache presque malgré soi.
Laura est très tôt frappée du poids de la responsabilité. En charge de son petit frère et de leur survie, elle montre aussi, quand le besoin se fait sentir, qu’elle a tout ce qu’il faut pour être à la hauteur de sa famille. Et dans ce domaine comme dans d’autres, il est une scène centrale, qui détermine tout: son tempérament, ses élans, son implication dans la famille. Dès lors, elle ne quitte plus les premiers rôles, quelle que soit la façon dont elle le tient.
En Amélie, elle trouve à la fois une tutrice, mais aussi une confidente et une femme qui l’aime suffisamment fort pour la laisser vivre comme elle l’entend, loin des crinolines et des thés dansants.
Et même si parfois, j’ai désapprouvé ses réactions, si j’ai souvent proféré malgré moi conseils et critiques acerbes, il y a tellement de sentiments sous les mots de l’auteure que c’est le plus souvent l’empathie qui l’a emporté.
Dans les moments où tout bascule, j’ai été secouée par sa relation avec Dallas, notamment dans les moments où l’on ne comprend pas tout ce qui les lie ou les oppose.
Je vous ai annoncé en début de chronique une lecture qui m’a secouée et pourtant, vous vous dites que je dépeins la jolie chronique d’une saga familiale? Peut-être. Mais attendez-vous à ce que votre coeur s’emballe très régulièrement! Attendez-vous à être subjuguée d’amour, à suffoquer d’angoisse, à pleurer de tristesse, à croiser les doigts par-dessus votre liseuse et même peut-être à menacer silencieusement l’auteure des pires représailles si elle ne reprenait pas les choses en mains.
Une attaque sanglante, une tentative d’extorsion, des accidents de la vie, des quiproquos et des instants manqués… Du instants de bonheur aussi fous qu’éphémères, des périls à en frémir, … Des sentiments forts, fous, effrayants, puissants. Bref un roman qu’il m’a été presque impossible de poser.
Vous voudriez en savoir plus? J’imagine bien! Tout comme je sais que je ne vous dévoilerai rien. Et qu’il m’en coûte beaucoup.
Je peux juste vous dire que j’ai ressenti cette sensation bizarre qui me saisit parfois quand je suis totalement emportée dans une histoire. J’ai pleuré, plusieurs fois, à chauds bouillons, même au moment d’expliquer pourquoi je pleurais! Je me suis sentie oppressée lorsque la situation devenait critique pour tel ou tel des personnages.
Et au moment où l’histoire ne prenait pas le tour que j’espérais, j’ai ressenti cette pointe de frustration qui montre qu’on n’est plus vraiment à distance, mais bien dans le roman.
Pourtant, je ne suis pas particulièrement fan des histoires de cowboys et de belles de saloon. Mais je suis totalement accro aux histoires puissantes, qui laissent peu de répit aux lecteurs. Je voue une adoration aux romans qui exacerbent les sentiments, dans toute la beauté de l’amour et toute la violence du désespoir.
Et c’est pour toutes ces raisons que je ne peux que vous recommander de vous mettre en selle, direction plein Ouest, pour aller vous réfugier dans la propriété de Dallas Ford. Et n’en doutez pas, vous non plus, vous ne voudrez plus quitter ces territoires hostiles, réchauffés de la puissance de l’amour de la Sierra.