Titre La dernière Chamane
Auteur Julie Saurel
Éditeur Plumes du Web
Date de sortie 25 mars 2021
Un titre à commander ici la dernière Chamane
Elle est la plus misérable de tous… Mais elle pourrait bien être celle qui change tout.
Bienvenue en Écosse, dans une Écosse sans kilts, mais avec beaucoup plus de poils.
Je m’explique. Au terme d’une guerre sanglante entre Surnaturels, lycanthropes et vampires en tête, ce sont les premiers qui ont gagné et imposent leurs lois à des humains réduits à des degrés plus ou moins importants de servitude.
Les Coctales, des collecteurs de taxes, en sont parmi les mieux lotis. Les Aturales par contre sont tout en bas de l’échelle sociale.
C’est précisément l’une d’elles qu’est Jenny, livrée par sa communauté comme tribut pour résoudre un litige financier.
Enchaînée au rocher des tributs, Jenny lutte de toutes ses forces, en vain. Elle sait bien ce qui l’attend. Devenir servante, ou être traitée comme monnaie d’échange dans une négociation entre clans.
Sa condition ne lui laisse pas d’autres choix. Mais son tempérament et son instinct de survie s’y refusent.
Pourtant, ils arrivent, deux loups du clan Mac Fillan auquel elle appartient. Les deux fils de Mc Fillan, le lord de la meute. Le parfait héritier Erwann et son frère, plus rétif à l’autorité, Keir.
Si le premier est froid et distant, le second est immédiatement troublé par l’odeur et l’aura du « petit paiement », bref par un lien invisible qui perturbe tous les loups de la meute.
Et si cette femme tout en bas de la hiérarchie lupine était un être à part. Et si elle était de ces êtres disparus depuis des siècles, une Chamane, guérisseuse et magicienne autrefois attachée aux meutes?
Dans ce cas, elle serait un bien inestimable pour le clan qui la possèderait. Mais par la décision de Mac Fillan, ce ne sera pas le sien, mais celui de Mac Moray auquel il offre ainsi une monnaie d’échange de poids en échange d’une alliance politique.
Commence alors une course contre la montre menée tambour battant par Keir, secondé par le jeune Nathanaël pour trouver les raisons de garder parmi eux l’indomptable Jenny.
J’ai lu ce roman d’une traite. En effet, la plume de Julie Saurel est particulièrement addictive. Elle mène habilement un roman fantastique entre lycanthropes et esprits, où les êtres surnaturels peuvent, comme tout un chacun, avoir mauvais caractère, être colériques, manipulateurs, impulsifs, attendrissants.
Elle y mêle une intrigue à suspens où l’on sent les zones d’ombre sans totalement arriver à mettre le doigt dessus jusqu’à ce que l’autrice le décide.
Elle nous offre aussi un roman d’initiation à plusieurs étages. L’initiation du jeune loup en début de transformation et sa difficulté à apprivoiser les changements qui s’opèrent en lui.
L’initiation de celui ou celle qui se découvre des qualités inconnues et ne sait s’il doit les craindre ou les exploiter.
L’initiation du jeune adulte qui apprend à agir, non pour imiter ou irriter ses aînés, mais en exerçant son libre arbitre pour atteindre un but qui lui paraît juste.
Mais par-delà la trame fantastique du roman, j’ai aussi beaucoup aimé les messages plus universels de ce roman, ceux qui évoquent donc le passage à l’âge adulte, mais aussi ceux qui opposent le devoir et le désir.
Keir en est un parfait exemple. L’attraction qu’exerce sur lui l’humaine le pousse à des projets délirants, à des idées folles et à des initiatives inconsidérées. Mais dans le même temps, il garde en vue le bien-être de son clan et les décisions qu’il prend tentent toujours de ménager ces deux impératifs antinomiques.
De même, le désir entre les deux protagonistes du roman parleront à tous les amateurs des affections interdites, par la position sociale ou le sens des convenances.
Mais derrière ces thèmes sérieux et universels, La Dernière Chamane est aussi et surtout une romance qui oppose deux personnages au fort caractère et aux dialogues piquants. Keir et Jenny se défient, se stimulent, se provoquent et sont en même temps incroyablement attentifs l’un à l’autre. Et quand Jenny semble brisée par la situation, c’est son geôlier qui cherche à ranimer la flamme de sa combattivité, parce que ce roman montre aussi le cheminement entre le désir, physique et animal et un sentiment plus fort où l’on se sent irrémédiablement attiré par tout ce qui compose l’aura de l’autre, y compris sa personnalité, dans ses côtés lumineux et ses failles.
Et puis, s’il fallait encore un élément pour vous convaincre de vous jeter sur ce roman, je vous parlerais des personnages qui entourent les deux héros. Une guérisseuse prompte à blesser, mais qui gagne à être connue, une drôle de guide à la langue bien pendue, un jeune loup en devenir mais sacrément prometteur dans sa volonté de faire ses preuves, des dirigeants et leur entourage plus roués à l’art de la politique et du compromis qu’à la recherche du bien commun.
Mais je garderai un mot pour Erwan. Pourquoi? Parce que j’ai beaucoup aimé la façon dont il évolue tout au long du roman. C’est le cas pour tous les personnages? Oui, mais en ce qui le concerne, le changement est radical et qu’il s’insère parfaitement dans l’intrigue. Mais aussi parce que, avouons tout, s’il venait à Julie Saurel l’envie de prolonger l’aventure de Mac Fillan, je me dis que ce beau jeune loup …. enfin je me comprends.
En attendant, il est temps de conclure sur ce roman. Vous l’aurez compris, je vous le recommande, pour la qualité de son histoire et de son écriture et pour le petit truc en plus qu’apporte le piquant de ses personnages!