Titre Game over Agence 42 tome 3
Auteur François Rochet
Éditeur Hachette Romans
Date de sortie le 25 Février 2020
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Attention, cette chronique, qui marque la fin de ma lecture de la trilogie de François Rochet, peut contenir des révélations pour ceux qui n’auraient pas encore lu les deux volets précédents.
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RISQUE DE SPOILS
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Comme son nom l’indique, ce troisième volet des aventures de l’Agence 42 marque la fin de partie pour les héros de l’agence 42.
Cette trilogie m’en entraînée dans l’univers des jeux vidéo, de la cyber-criminalité, mais aussi dans celui de l’Intelligence Artificielle et de sa place croissante.
Et ce troisième tome est la somme de toute cette évolution. Plus encore que dans les précédents, il m’a incitée à m’interroger sur les progrès, mais aussi les limites des innovations technologiques. C’est assez logique, vu la progression du scénario.
Une nouvelle fois, j’ai été séduite par la densité de l’histoire, condensée dans un roman efficace et sans digressions superflues. Comme dans les deux volets précédents, je me suis reconnue dans les centres d’intérêt qui ont guidé cette rédaction.
Il en découle une pointe de nostalgie, comme lorsqu’on quitte une quête prenante et particulièrement ardue dans un MMOG (un jeu en ligne pour nombreux joueurs). Mais j’anticipe, alors que je ne vous ai même pas encore parlé de cette ultime mission.
Nous avions laissé Julia, Noah et le fleuron de l’agence 42, Franck, Ben et Mary, au terme d’une mission qui les avait poussés à collaborer étroitement pour sauver l’univers de chacun.
Et si, bien évidemment, les personnages virtuels et réels ne s’étaient pas rencontrés, Mary l’analyste avait fait LA découverte qui bouleversait son univers.
Julia, la responsable de l’agence depuis des décennies, était une jeune trentenaire. Plus encore, elle n’était ni une politicienne, ni une femme de l’ombre. Non, elle était une joueuse en ligne.
Avec Johana, Alex et Sun, elle avait créé des mondes, des personnages, des scénarios. Bref, tout l’univers de l’agence 42 n’était qu’un jeu. Dure prise de conscience pour les trois Terrans, qui m’ont fait penser à un Neo se réveillant dans la Matrice.
D’ailleurs, une nouvelle fois, le roman est truffé de références à des films, ou des éléments de la popculture qui m’ont transformée par moment en chasseuse de trésors, en m’offrant une distraction souriante.
Et c’est une parenthèse bienvenue dans un roman qui ne donne pas souvent matière à sourire.
On tremble, dans ce dernier volet, pour des personnages chers au cœur et à l’intrigue. C’est là qu’on réalise à quel point on s’y est attaché, ou du moins la place qu’ils ont pris dans l’architecture de cette aventure.
L’intrigue s’ouvre trois ans après la fin de Predict. Le refuge des Terrans a disparu, l’entreprise Netnovae a été démantelée, son dirigeant est mort. Mais le monde virtuel n’est jamais loin. Il prend même -et quel parallèle avec toutes les innovations domotiques qui s’incrustent de plus en plus dans notre vie- une place incontournable. C’est particulièrement le cas des Dobots, des robots domestiques qui ont presque tout de l’humain. Tout ? Sauf un certain nombre de verrous assurés à grand renfort de lignes de code, pour s’assurer qu’il ne leur prenne pas l’idée de réfléchir, encore moins de se révolter.
Mais dans un scénario aux accents dignes de Philip K. Dick, la mécanique ne peut que s’enrayer. Auxiliaires de vie ? Dangers pour l’Homme ? Supports pour intelligence virtuelle privée d’univers ? Les dobots sont au cœur de ce dernier volet. Et ce changement d’univers et de dimension permet une évolution majeure dans la relation entre les personnages, tout autant que dans la narration. Celle-ci se simplifie dans la mesure où les intrigues se regroupent de façon plus évidente.
Ce roman est construit comme une quête claire. Et je pense que nombre de fans de jeux de rôle, en plateau ou virtuel, s’y retrouveront. On forme son équipe, on s’équipe, on part à la recherche du trésor, tout en se accomplissant des quêtes intermédiaires et en combattant des ennemis de second rang.
Je me suis fait cette remarque au cours de ma lecture, en contemplant les paysages de l’Atlas comme celui d’une quête secondaire. Peut-être est-ce juste ma perception de cette histoire, où la façon dont elle a fait écho à mes centres d’intérêt actuels ou passés, mais c’est dans cet état d’esprit que je l’ai lue.
Mais, sans dévoiler le cœur de l’intrigue, ni le motif de la quête, encore moins son résultat, j’ai une fois encore pleinement adhéré à ce roman d’espionnage 2.0 où les filatures se font par réseaux, où les lignes de codage sont des armes aussi puissantes qu’un classique semi-automatique.
J’ai aussi, je l’ai dit, apprécié que les découvertes ou les plus folles idées de la science-fiction -comme les exo-squelettes par exemple- soient intégrés dans l’histoire. Ils sont évidemment des atouts, mais ne sont pas infaillibles et surtout, ils génèrent leur lot d’interrogations.
Et dans un monde où la technologie devient chaque jour plus présente, c’est un parti pris qui a trouvé ma faveur.
Difficile de rentrer dans l’histoire elle-même sans, une nouvelle fois, risquer d’en dévoiler trop. Je dirais qu’une nouvelle fois, François Rochet nous a fait voyager, de la mégalopole parisienne au désert africain -resté presque par miracle à l’écart de toute cette profusion technologique-, jusqu’à la trépidante Corée ou à la glaciale Sibérie.
Je n’ai pas eu le temps de faire de tourisme, mais l’auteur sait, par touches subtiles, dresser un tableau très parlant, parfait pour que l’intrigue prenne pied.
Les scènes de réflexion ou d’investigations technologiques s’équilibrent avec les discussions plus philosophiques ou les scènes d’action pure pour former un ensemble cohérent que j’ai lu d’une traite, une nouvelle fois.
Mais surtout, l’une des qualités de ce roman, c’est qu’il boucle une histoire, de manière claire et propre. Je mentirais si je disais que je ne ressens pas une certaine nostalgie en quittant Julia et les siens. J’aurais bien aimé savoir ce que vont devenir Mary, Violaine et Johana. Je me demande si un certain personnage ne sera pas capable, dans un futur plus ou moins proche, de surprendre les siens…
Mais il est temps de déconnecter le serveur, de laisser les personnages perdurer dans nos propres simulations mentales et de partir vers de nouvelles aventures…. Game Over…
Pour conclure cette chronique, je tenais à remercier François Rochet, pour cette histoire qui semble avoir été écrite pour moi, pour ses retours chaleureux, et à l’éditeur pour m’avoir donné l’opportunité de découvrir ce dernier volet.