Faded Rose 2/2 de Jenn Guerrieri

Titre Faded Rose 2/2

Auteur Jenn Guerrieri

Éditeur Plumes du Web

Date de sortie 2 février 2023

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C’est avec un petit pincement au cœur que je m’apprête à tirer un trait sur l’aventure Chainless,. En deux ans, à cinq reprises, j’ai confié mon cœur à Jenn Guerrieri, bien consciente qu’elle allait le malmener et encore plus persuadée que j’allais adorer ça.

Le deuxième et dernier tome de la duologie Faded Rose tient toutes ses promesses. (pour une piqure de rappel, la chronique du premier tome est ici https://melimelodegwen.fr/faded-rose-1-de-jenn-guerrieri/ ).

On y avait retrouvé deux personnages secondaires de Tainted Hearts, de ces seconds rôles qui exigent qu’on leur fasse une plus grande place. Il faut dire que Alden Hayes, le guitariste du groupe de rock est un personnage des plus fascinants.

Son charisme, ses riffs démentiels et sa façon de veiller sur tous et chacun en font un pilier essentiel des Chainless, un être que beaucoup voient comme solaire malgré ses yeux d’un noir d’encre.

Ça c’est le côté pile, éclairé par les projecteurs et porté par la dévotion des fans. Parce qu’il y a la face sombre d’Alden, celle qui menace de le submerger à chaque fois qu’il pose le masque et assume ses failles.

C’est alors tout son côté sombre qui s’empare de lui, sa peur de l’abandon, ses remords pour tous les échecs  de son passé, sa culpabilité de ne pas avoir pu sauver ceux qu’il aimait. Et depuis le premier volet de ce Faded Rose, on peut ajouter une autre cause de se détester. Avoir repoussé et même brisée celle qui l’obsède, qui le hante, qu’il tient à distance alors que tout son être hurle et proteste de cette torture qu’il s’impose comme un juste châtiment.

Un châtiment? Pas seulement? Une protection aussi. Les sentiments qui l’accrochent à Carla Walker, la princesse qu’il a si longtemps considéré comme sa petite sœur, sont si forts qu’ils ont le pouvoir de le détruire.

On dit toujours que le premier amour tatoue l’âme. Il en garde, dans le cœur et sur la peau, les traces indélébiles. Mais ne dit-on pas que le plus important de tous, c’est le dernier amour?

Carla ressemble de très près à cette définition. Dernier amour comme une dernière chance, comme la dernière opportunité avant de s’éteindre. Il y a du désespoir en Alden, qui le rend éminemment touchant. Pourtant il y a aussi des côtés sombres et difficiles à comprendre quand on connaît son histoire, comme un paradoxe supplémentaire.

Mais Alden n’est qu’une donnée de cette équation passionnée. Pour une romance forte et passionnée -et Dieu sait que celle-ci l’est- il faut deux protagonistes à la hauteur. En ce sens, Carla est une incroyable réussite.

La jeune femme a vécu l’enfer. Elle est restée debout. Bancale, certes, ébréchée, bien sûr, mais droite ou du moins pas trop courbée.

Carla aime. Malgré elle, contre elle et contre sa propre sauvegarde. Pourtant, elle a beau se persuader que vraiment, cette fois, c’est jamais plus jamais et que la dernière trahison d’Alden est celle de trop, l’impardonnable, l’inoubliable, elle préjuge d’une force qui ne peut que lui faire défaut, celle de refuser l’évidence.

Entre le guitariste et la jeune artiste aux cheveux rouges, tout est évidence. Leur complicité fondée sur des années d’amitié et de confidences, les points communs qui leur permettent de se comprendre par-delà les mots, les défis qu’ils ne cessent de se lancer. Et je ne parle même pas de l’incroyable électricité sensuelle qui gravite dès qu’ils s’approchent l’un de l’autre et rend de toute façon impossible toute perspective d’un retour en arrière, d’une amitié sans arrière-pensée.

Partant de ce constat, il ne reste que deux options aux jeunes gens: ne plus s’approcher l’un de l’autre, oublier jusqu’au nom, à la voix, à la sensation du corps et à l’énergie de l’autre ou céder à tout ce qui les pousse inexorablement l’un vers l’autre et croiser les doigts très fort que rien ne vienne se mettre entre eux, ni les amis, ni le poids du passé, pas plus que le poison des secrets inavoués.

Ceux-là pèsent telle une épée de Damoclès au-dessus de leur bonheur et le lecteur vit dans la même apnée, priant pour que l’auteure leur accorde un sursis, une remise de peine, tremblant dans l’attente de ce qui se passerait dans le cas inverse.

C’est que Jenn Guerrieri, avec ce talent qui n’est plus à démontrer, tisse autour de ses personnages une multitude de toiles, certaines teintées de la bienveillance de l’amitié avec toutes ses maladresses et les vacheries des vrais pudiques, d’autres à la couleur sombre de la menace.

On sait, depuis le troisième volet de Tainted Hearts, ce que Carla a enduré pendant ses années de lycée. Le thème du harcèlement est l’un des points centraux du roman. Il est traité avec force et délicatesse, du côté des bourreaux autant que des victimes.

Pas de fausse pitié pour les secondes, l’auteure les dépeint avec une fragilité qui ne disparaîtra jamais mais aussi une résilience qui force l’admiration. En choisissant différentes façons dans le chemin de la reconstruction, on évite tout risque manichéen du « gentil contre le méchant ». Cette thématique est abordée sous différents points de vue que je ne dévoilerai pas ici mais qui renforcent toute la sensibilité et le déséquilibre des personnages.

De la même façon, loin de les absoudre, les harceleurs sont considérés comme des êtres à part entière, pas seulement ce que leurs actes font d’eux. C’est un aspect de l’histoire qui est parfaitement traité et confère à cette duologie une partie de sa puissance.

Une autre vient de la force de l’amitié. Elle n’est pas synonyme d’entente parfaite, la relation entre Chester et Alden en est l’illustration même. Les amis, c’est la famille qu’on se choisit, celle à qui l’on peut tout confier pour Carla, celle à qui on ne dit pas forcément tout mais dont on trouvera une main tendue, un bon crochet du droit ou une assiette de cookies selon les circonstances.

Une fois de plus, si l’amitié des Chainless m’a fait du bien, tant je suis attachée au quatuor, c’est du côté du club des ratés que penche mon cœur. Peut-être parce qu’ils sont encore au balbutiement de leur vie, au moment des premiers choix et des premiers engagements. J’ai trouvé en eux une fraîcheur, une solidarité de ces êtres imparfaits pris un par un mais si solidaires dès qu’on touche à l’un d’entre eux. Cette harmonie imparfaite et pourtant si évidente m’a conquise, encore.

Bien sûr, je pourrais encore parler des pages entières de ma passion pour les Chainless, du plaisir à retrouver les frères Miller, leur inépuisable bonne humeur et l’empathie qui se cache derrière la déconne. Je pourrais vous raconter une certaine soirée d’anniversaire où Chester m’a bouleversée de son cœur pour une fois mis à nu et de sa façon de rééquilibrer la notion de soutien. Je pourrais vous dire à quel point j’admire Ally pour sa capacité à résister à Chestanas et à en obtenir quelque chose qui ressemble presque à un exercice d’apprivoisement. Je pourrais vous narrer la puissance avec laquelle Jenn Guerrieri dépeint les moments sur scène. Je pourrais vous dire que je suis un peu nostalgique de me dire que, cette fois, une page se tourne et qu’il est l’heure de laisser chacun repartir dans la suite de nos imaginations.

Je ne vous dirais rien de tout cela, juste que je suis, déjà, dans l’attente de la prochaine rencontre avec l’univers de Jenn Guerrieri et que je suis certaine qu’elle m’embarquera avec la même facilité.

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