De la nuit à la lumière de Caroline Costa

Titre De la nuit à la lumière

Auteur Caroline Costa

Éditeur Éditions Elixyria

Date de sortie 26 août 2020

Un titre à commander en cliquant ici De la nuit à la lumière

À quoi reconnaît-on une superbe auteure de romance?

À sa capacité à construire des histoires aussi limpides qu’inattendues?

À son talent de conteuse qui nous permet de voyager à travers l’Europe en n’ayant qu’une envie, préparer sa valise et son passeport?

À son imagination capable de nous faire passer de l’Égypte à la campagne profonde en passant par la Norvège ou les lacs italiens?

À sa curiosité -entraînant la nôtre- permettant de changer radicalement de thème et de support pour construire cette nouvelle histoire? Pensez plutôt, je viens d’abandonner une mécène de l’égyptologie pour retrouver un chirurgien dentiste et une photographe underground!

Si vous pouvez répondre « oui » à l’une de ses questions, vous êtes une lectrice chanceuse. Si vous l’avez fait pour les quatre questions, il y a de fortes chances que vous veniez, vous aussi, de refermer De la nuit à la lumière, le dernier roman de Caroline Costa!

Elle nous entraîne à la suite de Nils Neverfjord, célibataire endurci de 38 ans, chirurgien dentiste prospère d’Oslo. Fils aîné de Magnus et Birgit, un couple fusionnel qui lui sert de modèle autant que d’objectif impossible à atteindre, frère des jumelles Grethe et Eiril, meilleur ami d’Orlando Ongarelli, découvert dans Passion à l’italienne https://melimelodegwen.fr/passion-a-litalienne-de-caroline-costa, le Viking semble tout avoir pour lui. Pas de compagne attitrée, mais des conquêtes dont il se lasse plus ou moins vite, Nils est plutôt satisfait de son existence.

Jusqu’au moment où la machine s’emballe, où il se retrouve face à des exigences qu’il ne se sent pas apte à remplir.

Jusqu’au moment où il ressent le besoin de quitter sa vie, juste le temps de faire le point et de faire retomber sa colère et sa frustration.

Cet asile, son meilleur ami le lui offre dans un séjour italien haut en couleur.

Entre une octogénaire truculente et trois colosses aux noms d’empereurs sanguinaires, Nils se dit que le projet « vacances de rêve » a bien du plomb dans l’aile.

S’il savait à quel point!

Dans son style toujours aussi délicat et élégant, Caroline Costa nous fait voyager d’Oslo à Sirmione, d’une bru idéale à une jeune femme à la recherche de sa propre destinée, des maisons scandinaves à des palais en décrépitude.

En effet, l’une des originalités de ce roman, c’est qu’il traite de l’urbex, cette activité d’exploration urbaine qui consiste à s’introduire dans des lieux désaffectés par l’homme. On découvre ainsi sous un nouveau jour, des lieux dont la vie s’est enfuie. Certains ont perdu leur raison d’être, d’autres gardent un semblant d’âme. Tous témoignent de l’éphémérité de la vie.

Quel est le rapport entre la visite prohibée de bâtiments abandonnés et un des beaux partis de Scandinavie?

Ça, il faudra lire le roman de Caroline Costa pour le découvrir!

Ce que je peux vous dire, c’est que j’ai retrouvé ici tout ce que j’aime dans ses écrits.

L’histoire est fluide, bien réfléchie et bien menée. Les rebondissements sont plausibles et permettent à l’intrigue de nous rester sensible, malgré le petit plus que représente le dépaysement.

J’aime l’ambiance des récits que nous propose l’auteure. Les personnages principaux sont pétris de valeurs.  Ils peuvent avoir face à eux des individus moins recommandables, mais on reste dans une galerie cohérente et mesurée.

J’apprécie aussi les nuances qu’apporte Caroline Costa. Ainsi, j’ai aimé voir vaciller la relation entre Nils et son père Magnus, au moment où le premier réalise que le second, qui est pourtant son modèle d’homme est aussi capable d’injustice et d’imperfection. C’est une étape majeure dans le chemin qui mène le séduisant célibataire vers la responsabilité.

Plus surprenant, j’ai eu une compassion inattendue pour Kristin. Pourtant, le personnage n’a pas grand-chose de sympathique. Mais à l’inverse de ce qui nous avait été proposé dans Passion à l’Italienne, on a là de vraies raisons de comprendre ses réactions, voire de la plaindre d’une situation dont elle n’est pas entièrement coupable.

J’aime également l’atmosphère de romance insufflée dans les romans de Caroline. Il y a quelque chose d’évident et d’incontestable dans le cheminement des héros, même quand tout semble les pousser dans des directions opposées. Et j’avoue que je suis très sensible à cette déferlante qui emporte les sceptiques avec une apparente tranquillité.

Et puis, comme toujours, j’ai souri pour quelques situations décalées, j’ai ri des réparties de Nunzia, une grand-mère de substitution comme on aimerait toutes en avoir.

Mais il y a aussi, dans ce roman, des éléments qui diffèrent, ou du moins donnent un éclairage différent. Si la famille est souvent en jeu, là, elle prend une place qui m’a touchée. La relation de Nils et ses soeurs est faite de protection et de complicité. Chacun veut le meilleur pour les autres et si leur comportement va à l’encontre de ce principe, c’est par maladresse, jamais par malveillance.

C’est surtout la relation entre générations qui a retenu mon attention. Les héros de l’histoire sont des adultes. L’état de santé de leurs parents, qui restent très jeunes dans leurs sentiments et dans leurs souvenirs, rappelle que le temps passe pour nous tous et qu’il arrive un moment, en tant qu’adulte, de bascule, celui où le rapport de protection et d’inquiétude change de bord.

De plus, nos héros sont loin d’être des adolescents. Leur âge en atteste. Pourtant, l’un comme l’autre doit prendre position face à sa filiation, à son héritage, aux attentes que ses parents ont placé en eux.

Dans cette optique, la position de Nils, presque quadragénaire, peut paraître décalée. Sa réaction pourrait presque passer pour une rébellion adolescente. Elle confirme juste que, quel que soit son âge, on reste les éternels petits de nos parents et que le moment de préparer l' »après » reste une étape cruciale, pas si simple à négocier.

Vous l’aurez compris, ce roman signe une nouvelle fois un sans faute pour Caroline Costa, qui reste fidèle à tous les éléments qui font la réussite de ses écrits, tout en confirmant sa capacité à se renouveler sans cesse.

La Scandinavie, la Suisse, l’Ardèche, l’Italie, l’Egypte, …. et maintenant, où se retrouve-t-on?

Peu importe, je serai, comme toujours, au rendez vous!

 

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