Titre L’immortelle
Tome 1 La clef de cuivre
Auteur Marilyn Stellini
Éditeur Éditions Kadaline
Date de sortie 18 octobre 2019
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La vie est parfois faite de coïncidences, de coups de pouce du destin. Ainsi en est-il de la façon dont j’ai découvert ce roman.
Ainsi en est-il de la vie d’Anna, vingt-et-un ans, étudiante sans histoire en lettres à Newcastle.
Cette jeune femme, un peu renfermée sur elle-même, s’épanouit auprès de sa famille, en particulier sa sœur cadette Sara et sa grand-mère Alinor.
Depuis la mort de sa mère, et en l’absence de son père, un artiste travaillant au Moyen Orient, elle est très protectrice et ne quitte le cocon familial que pour de longues promenades sur son hongre Million en compagnie de Joy, son inséparable.
Une petite vie parfaitement banale et bien rangée. Jusqu’au soir où ….
Jusqu’au soir où Anna, qui se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment, intervient dans une affaire qui ne la concernait pas et se retrouve prise entre deux feux, ou plutôt entre deux familles, les Lothian et les Breanne.
Sa sûreté, mais aussi sa nature profonde et même un certain équilibre des forces exigent alors qu’Anna abandonne sa vie paisible et monotone pour une existence peuplée de révélations, de dangers, mais aussi de rencontres exaltantes, à commencer par celle d’Elvin, un personnage tour à tour froid et charmeur, cassant et protecteur qui a en charge, avec sa sœur Violette, de guider l’éducation d’Anna sur la voie qui est la sienne.
Dans ce premier volet mené à vive allure, l’auteure réussit le délicat défi de poser le décor de son histoire fantastique, tout en ménageant des rebondissements intenses. Et elle y parvient avec un très bel équilibre.
En effet, lorsqu’on pose un univers inconnu, on peut avoir tendance à n’être que dans l’explication, au détriment de l’action.
Dans le cas présent, j’ai trouvé que, grâce à un scénario habile, chaque révélation s’imbrique dans les différentes péripéties qui peuvent donner le tournis.
Où qu’Anna se tourne, ce ne sont que découvertes et révélations. Je dois avouer que parfois, j’ai été surprise de la sorte de flegme avec lequel elle accepte tous ces changements.
Une seule certitude la guide. Elle doit à tout prix protéger sa famille, en particulier sa sœur Sara, si précieuse. Quitte à s’oublier elle-même. Quitte à sacrifier son propre bonheur. Quitte à faire des choix qui ne pourront que la détruire.
Mais sur fond d’initiation aux multiples facettes ce roman prend aussi la forme d’une quête avec ses dangers et ses étapes. L’équilibre du monde, celui des simples mortels et celui des ombres qui gravitent à leurs côtés, est à ce prix.
Et dans ce parcours, Anna est tout à la fois. Un enjeu, voire une cible, une aide précieuse, une combattante.
Elle peut être une solution à moins que ce qu’il reste de profondément humain en elle ne nuise à ce que l’on attend d’elle.
Mais il y a surtout toute une toile de mystères qui demeurent en suspens. Certains concernent évidemment la quête en soi, qui n’en est encore qu’à son balbutiement. Mais on en devine d’autres, en particulier dans les capacités réelles d’Anna ou de Sara.
J’ai aimé ce roman pour son originalité. S’il tire vers l’urban fantasy, il propose une trame fantastique comme je les aime, où les humains côtoient sans le savoir des êtres à part. J’ai beaucoup aimé la position des uns et des autres quant à la cohabitation avec les simples mortels.
L’auteure maîtrise les codes du genre, mais en propose une réinterprétation à laquelle j’ai parfaitement adhéré, en particulier en rendant les Immortels faillibles, fragiles, parfois même corruptibles.
De la même façon, je me suis attachée aux personnages, en particulier grâce à un habile parti pris, celui de laisser aux Immortels des réflexes et un « conditionnement » propre à leur époque de naissance.
C’est particulièrement vrai pour Elvin et si ce comportement choque ou agace parfois Anna, je l’ai trouvé très touchant.
J’ai également été sensible aux côtés très « humains » des Immortels. Non seulement ils se reconnaissent entre eux, mais ils sont également sensibles aux états d’esprit, aux sensations, aux sentiments les uns des autres. Et j’ai trouvé cette empathie -du moins chez certains d’entre eux- particulièrement réussie.
J’ai particulièrement été touchée par toute la réflexion, présentée par Elvin, de la « malédiction » que peut être l’éternité. Et dans ce registre, j’ai une affection particulière pour le personnage d’Ivy, qui se révèle tout au long de ce premier volet.
De manière générale, d’ailleurs, les personnages, tout en nuances, dépeints par Marilyn Stellini, sont un véritable atout dans la narration. Violette est, dans ce premier tome, le personnage que je préfère. Enfin je crois. Mais vu le talent de l’auteure pour me prendre à contre-pied sur des personnages que je pensais peu agréables, je me réserve le droit de changer d’avis dans la suite de l’histoire.
Le personnage d’Anna est bien sûr au centre de l’histoire. J’admire sa résilience, je m’incline devant son sens du sacrifice et je suis très curieuse de savoir ce que l’avenir lui réserve.
Et j’ai dans l’idée que je ne suis pas au bout de mes surprises.
Avant de conclure cette chronique, je voulais remercier le hasard qui a placé Marilyn Stellini et sa duologie sur ma route, et celle-ci pour la confiance qu’elle m’a accordée en me proposant cette lecture.