Beautiful Sinner d’Anita Rigins

Titre Beautiful Sinner

Auteur Anita Rigins

Éditeur Éditions Addictives

Date de sortie 22 février 2022

Un titre à commander ici Beautiful Sinner

La esperanza es la ultima en morir

Si une phrase résume le nouveau roman d’Anita Rigins, il s’agit bien de ce leitmotiv qui revient à intervalles réguliers dans la bouche et l’esprit des différents protagonistes de ce Beautiful Sinner.

L’autrice nous emmène, pour ce roman nerveux et haletant, en Colombie. Ah, la Colombie, l’autre pays du café, ses paysages luxuriants, ses marchés colorés, quelle belle image de carte postale …

Vous vous pensez partis pour un roadtrip touristique? Navrée, mais je vais devoir vous détromper.

Anita Rigins nous fait entrer dans le côté sombre de la Colombie. La Colombie, ses marchés parallèles où tout se vend, les armes, les âmes, les femmes, la drogue, les enfants, les amis et plus si affinités.

C’est un pays dans lequel il faut avoir le cœur bien accroché, ou idéalement pas de cœur du tout. En effet, toute attache est une faiblesse, toute affection une potentielle source d’affliction.

Ce n’est pas Juan Santoro qui dira le contraire. Il y a des années, des rivaux en affaires lui ont pris sa femme Ayesha, celle qu’il n’aurait pas dû aimer mais qu’il n’a pu laisser vivre loin de lui.

De cet amour dangereux est né un paradis, Eden, sa fille unique que Juan protègera contre tout et contre tous, quel qu’en soit le prix.

Mais de la protection à la claustration, il n’y a qu’un pas et la jeune fille grandit derrière les hauts murs de la propriété surprotégée de son père. Elle n’en sort quasiment pas, ou alors encadrée de tant de précautions qu’il est encore préférable de rester dans la propriété. Là, malgré les interdictions strictes concernant certains lieux ou certaines réunions, elle peut se faufiler ici et là, échappant à la surveillance d’Angela. Cette femme tient lieu de tout ce dont elle a besoin, professeur, gouvernante, mère de substitution, cuisinière, elle est aussi la mère de Louna, la meilleure -et seule- amie d’Eden.

Il faut dire que lorsqu’on a douze ans et qu’on grandit loin du monde entier, pas facile de se faire des amis. Des crushs? encore pire. Les seuls hommes qui croisent la route d’Eden sont soit trop vieux, soit trop dangereux -à noter que l’un n’empêche pas l’autre ! soit trop effrayés, ou avisés, pour se risquer à toucher la fille du Jefe.

Pour sa part, la belle n’en voit aucun, à part peut-être le pire de tous. Alhan Valaro, le fils de Stefano, le meilleur -et seul- ami de son père. Ensemble, les deux hommes poursuivent leur vengeance contre ceux qui leur ont tout prix, en particulier Leandro Polko et Arturo Novarez. Ils sont les commanditaires des attaques qui ont coûté si cher aux familles Santoro et Valaro.

Aussi, quand Stefano se lance sur la route de la vengeance, c’est à son ami, son frère d’armes qu’il confie Alhan, 19 ans, avec la lourde mission d’en faire une meilleure version d’eux-mêmes. Et quand je dis meilleure version, j’entends plus affûtée, plus meurtrière, plus disciplinée et sans faiblesse..

C’est de cet inaccessible là que la pequena Eden, l’intouchable du domaine, va s’enticher dans un rapport attraction répulsion des plus incendiaires.

Il ne doit pas l’approcher mais ne peut s’empêcher de la provoquer. Elle ne veut pas le fréquenter, mais elle ne parvient pas à rester distante.

À 18 ans, Eden Santoro n’a pas peur des monstres : elle aime Alhan, le plus dangereux d’entre eux.
À 20 ans, tout a changé : elle fuit désormais Alhan et ce qu’il représente.

C’est ainsi que le résumé de ce Beutiful Sinner présente cette aventure en plusieurs temps.

En effet, c’est un récit en plusieurs étapes que nous offre Anita Rigins. On y découvre une Eden en pleine évolution, d’abord adolescente facétieuse et curieuse de comprendre les mystères qui entourent son père, puis jeune femme rebelle, décidée à sortir de son rôle de Raiponce en haut de sa tour, adepte de sports de combat et décidée à prendre -un peu- sa destinée en main, on la retrouve deux ans plus tard très différente. Si elle a échappé à son père, à son emprise et à son contrôle, c’est davantage un leurre qu’une réelle liberté.

Le retour à la réalité a pour Eden le goût des révélations et du passage dans la vie d’adulte. Mais là où certains pensent petit boulot et premier appartement, l’accession à la maturité a le goût du sang et des responsabilités.

Si elle revient chez elle, Eden n’est pas décidée à devenir à nouveau le bijou caché de la famille. Elle veut y prendre sa place, face à Alhan, contre Alhan ou au contraire très près d’Alhan, son esprit, son âme et son corps ont du mal à trouver un consensus à ce sujet.

Quant à Alhan, il serait facile de dire qu’il a beaucoup changé pendant ces deux ans. La réalité est plus simple et plus complexe en même temps. Il n’a pas changé car il a suivi le chemin exact qu’on avait tracé pour lui. Il a beaucoup changé car chacun de ses coups d’éclat lui a ôté une parcelle d’une humanité qui sommeille encore, parfois, au plus profond de lui, celle qu’il se doit d’étouffer parce qu’elle le rend vulnérable. Autant dire que le retour de la pequena qu’il n’a jamais oubliée tout en maudissant le jour où il a posé les yeux sur elle, n’est pas pour lui faciliter la vie.

Pire, Eden lui tient tête, le provoque, veut devenir une partenaire à part égale et lui prouve à de multiples reprises que, si son cœur est nettement plus pur que son palpitant glacé par la mort et le danger, son âme est faite d’acier trempé et sa détermination est aussi puissante que celle qui le tient depuis toutes ces années.

Sauf que l’arrivée de la jeune femme provoque de sacrés remous, au sein de l’équipe de Santoro qui n’est pas décidée à se laisser rabrouer par une gamine, déserteuse de surcroît, dans les relations de la famille qui regardent d’un œil plein de commisération ou de concupiscence l’arrivée de cette chimère parfois évoquée, longtemps cachée. Et que dire du tsunami qu’elle déclenche chez Alhan. Son self control vole en éclat, sa patience aussi. Quant à sa libido, elle explose dans une romance à la sensualité bouillonnante.

J’ai été conquise par ce roman. L’atmosphère de danger, les rebondissements et la noirceur qui en traversent les pages m’ont scotchée à ma liseuse.

Les relations d’Eden et d’Alhan, mais aussi de cette première avec Angela, Louna et Juan sont très finement menées et m’ont fait passer par un panel d’émotions que j’ai prises de plein fouet.

Les personnages sont puissants, sans concession. Leurs pensées sont parfois dérangeantes, d’autant que l’autrice ne les édulcore pas pour préserver ses lectrices. C’est l’une des grandes forces de ce Beautiful Sinner. Les habitués de ce blog le savent, je lis peu de romances sombres.

La plume et le talent d’Anita Rigins m’ont largement convaincue que c’est sans doute un tort et que, sous une plume d’un tel talent, en dépit du petit malaise qui persiste de la lecture -ou peut-être à cause de lui, en fait, c’est un plaisir que je pourrais bien apprécier plus souvent.

Et ce n’était pas le moindre des paris réussis !

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