Titre Attirance criminelle
Tome 3/3
Auteur Jenn Guerrieri
Éditeur Plumes du Web
Date de sortie 9 mars 2020
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Attention, avant de lire cette chronique, mieux vaut avoir le les deux premiers tomes, pour éviter tout spoil, ….
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Vous êtes encore là? Alors vous savez où vous mettez les pieds.
Attirance criminelle a été mon premier titre en partenariat avec la maison Plumes du Web, dont je suis une très grande fan.
Après avoir été intriguée et ferrée par le premier volet (chronique ici https://melimelodegwen.fr/index.php/2019/01/28/attirance-criminelle-tome-1-de-jenn-guerrieri/) et bousculée par le second (pour se le remettre en mémoire, la chronique est par là https://melimelodegwen.fr/index.php/2019/09/28/attirance-criminelle-2-de-jenn-guerrieri/, je ne vous cache pas que j’étais toute en sentiments contradictoires à l’heure de découvrir ce troisième -et dernier opus.
Évidemment, l’impatience était grande de savoir comment allait tourner l’histoire pour le moins non conventionnelle entre Maya et Evann, mais l’inquiétude ne l’était pas moins. L’arrivée des parents de Maya, dans les dernières lignes du tome 2, laissait présager la pire des évolutions. Et ce n’était qu’une partie de l’équation, loin de la situation précaire d’Evann aux mains du mutique Frank et de son chef, l’énigmatique John Sanders.
Mais revenons aux sentiments de Maya, ou plutôt à ceux de ses parents. Sans se douter un instant de la relation presque contre-nature et pourtant si évidente dans laquelle leur fille a plongé, ils ne peuvent lutter contre la terreur qu’ils éprouvent pour elle.
Perdre un fils, de manière violente, presque perdre la seule enfant qui reste, la retrouver détruite et pourtant farouchement décidée à ne pas porter plainte contre son agresseur, voilà qui donnerait envie à tout parent de la mettre sous cloche et de ne plus la perdre de vue un instant.
Aussi, j’ai été touchée par la détresse des parents de Maya et leurs angoisses. Et encore, s’ils savaient, … s’ils savaient que le monstre qui a enlevé leur fille est de retour. Pire, s’ils savaient que Maya ne peut plus vivre sans lui, que la seule perspective de le perdre la met au bord du gouffre. S’ils soupçonnaient les dangers qui la menacent encore, …
Mais ils ne le savent pas et pourtant, un fossé se creuse, inexorable. Maya en souffre, moins qu’on aurait pu le supposer, même si c’est totalement logique. Il y a, dans ce tome, une prise de conscience des conséquences que les choix des protagonistes ont, pour leur vie bien sûr, mais aussi pour les autres. Et quelles que soient leurs décisions, il est un moment où il faudra affronter le regard des autres. Pour se soumettre à leurs attentes et à leurs Diktats? Pour faire le choix de vivre comme ils l’entendent, sans se soucier des conséquences, ni des sacrifices?
Dans ce domaine, Evann le non-conformiste semble avoir une longueur d’avance. Habitué à ne rentrer dans aucun moule, à ne suivre aucun code, il est celui qui devrait le plus facilement s’affranchir du regard des autres et vivre sa vie comme il l’entend, sans se soucier des conséquences.
Mais est-ce bien connaître Evann? Et n’est-ce pas sous-estimer Maya qui, en un an, a tellement changé.
On l’attendrait traumatisée par les souvenirs de ce qu’elle a vécu un an plus tôt. Elle l’est. mais elle n’est pas que ça. Le tome 2 le laissait deviner, le tome 3 offre un portrait tout en ombre et un lumière, digne d’un oeil de photographe d’une grande finesse.
Malgré tout ce qu’il lui a fait endurer, ou peut-être à cause de ça d’ailleurs, Evann fait naître en elle une force et une combativité qu’on ne soupçonnait pas vraiment. Quoique. Dans le premier tome, ses désirs de tenir tête étaient plus une réaction spontanée et un peu immature. Dans le second, ils lui ont permis d’exister aux yeux du criminel.
Mais dans cette ultime partie, il y a plus encore. Au premier abord, on pourrait croire qu’Evann a déteint sur elle, que son attachement la tire du côté obscur. À voir la façon dont Maya a réglé ses comptes avec un vieux fantôme du passé, on pourrait le penser. D’ailleurs, elle-même se demande parfois s’il n’y a pas trop de Blake en elle. Et dans leurs confrontations, on sent de plus en plus souvent qu’elle désarçonne le bad boy, qu’elle l’amuse ou qu’elle le mette en rage, elle sait de quelle façon le faire réagir. Pourtant, elle n’est pas infaillible, loin de là. Et son tempérament apparaît comme une vague couverture émaillée bien plus qu’une cuirasse en bronze. Elle garde des instincts de fragilité, même si elle est capable de se transcender quand la situation l’exige. Mais ceux qui savent appuyer là où ça fait mal sont encore capables de la neutraliser d’une parole. Evann n’est pas le seul à détenir ce pouvoir. Mais lui y excelle.
D’un mot, d’un rire glaçant, d’un regard vide, il peut la faire vaciller ou lui insuffler toute l’énergie nécessaire dans les moments critiques.
Et ses proches, les soutiens plus ou moins attendus, totalement hétéroclites mais pour autant tellement évidents, qui l’entourent, l’écoutent, la conseillent, sont de peu de poids face au pouvoir absolu qu’Evann a sur elle.
Mais ce que l’auteure avait déjà laissé supposer dans le tome médian, et qui éclate ici, c’est que cette puissance n’est pas à sens unique. Si Evann prend tant de soin à blesser son Idiote, c’est qu’il est terrorisé à l’idée qu’elle ne le blesse davantage.
Surtout, sans en faire un personnage de guimauve et coeur coulant, elle lui apprend une réalité qu’il avait presque oubliée, celle de faire ce qui est le mieux pour quelqu’un d’autre.
Fuir celle que tout en lui aspire à garder, pour ne pas la broyer, … drôle de sacrifice pour quelqu’un qui clame haut et fort n’en avoir rien à faire des autres. Et pourtant, …
Dans le prolongement presque logique de ce que l’auteure nous avait laissé découvrir d’Evann dans le tome précédant, l’essentiel de la partie de cache-cache entre les deux âmes amochées vient du ténébreux. Ça pourrait le rendre odieux -comment ose-t-il jouer encore avec celle qu’il a tant blessée? Ça me l’a rendu au contraire plus attachant. La preuve que je suis devenue Blako-dépendante, … ou que je suis entrée dans la logique de l’auteure.
En tous cas, j’ai suivi avec attention son cheminement sinueux et j’ai adoré sa façon de se battre contre lui-même, contre les évidences, contre tout ce qu’il s’efforce de rejeter.
Et c’est l’un des points forts de ce roman et de son évolution. Sans verser dans la romance fleur bleue pour autant, l’évolution de la relation entre Evann et Maya prend un tour particulier que m’a touchée.
L’autre grande force de cet ultime tome réside dans un scénario sans temps mort. Ce qui rend d’autant plus réussi le travail d’équilibriste d’insérer avec subtilité une romance dans cette saga aux allures de polar.
Les rebondissements s’enchaînent avec peu de temps mort, -juste le temps de reprendre un peu son souffle en attendant la déferlante suivante, de faire battre son coeur très fort face à certaines conversations et à des retrouvailles inattendues, de vous donner des envies de violence.
La violence est présente dans ce volume, comme elle l’a été dans les deux précédents. C’est l’un des talents de l’auteure de dépeindre des scènes d’assaut avec un réalisme visuel suffisant pour qu’on se croie en plein milieu d’un assaut.
Autant vous avertir, votre coeur va faire des loopings et votre entourage risque de se demander ce qui vous fait passer aussi vite de l’euphorie à l’abattement, de la rage à l’émotion, de l’espoir à l’angoisse. Pour ma part, j’ai embarqué dans ce grand huit émotionnel persuadée que j’allais en voir de toutes les couleurs, mais pas tout à fait parée pour ces loopings à répétition.
D’ailleurs, c’est la première chose que je me suis dite en refermant, à regret, cet ultime volet. Je ne sais pas si j’aime Jenn Guerrieri pour avoir parsemé d’autant de papillons la pellicule de cette expo photo ou si je la déteste -un tout petit peu- de tous les moments où les ombres ont pris le pas sur la lumière et où l’obscurité a semblé prendre le pouvoir.
Au final, je sais parfaitement -enfin je crois- ce que j’ai envie de lui dire. Un immense bravo pour avoir mené à bien cette histoire toute en nuances, à l’intensité sans cesse renouvelée. Un merci tout aussi grand pour la kyrielle d’émotions par lesquelles je suis passée, parfois en un temps record. Un incontestable « encore » dans l’attente de sa prochaine pépite. Et vous savez déjà où vous pourrez en trouver la chronique!