La prophétie des Sept de Christelle da Cruz

Titre La prophétie des Sept

Auteur Christelle da Cruz

Éditeur Plumes du Web

Sortie 25 février 2020

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Si je suis fan des publications de l’excellente maison Plumes du Web, je n’avais pas encore plongé dans les livres de Christelle da Cruz, quoi que Matriochkas m’attende sagement dans ma bibliothèque.

Mais aujourd’hui, c’est de son urban fantasy, la prophétie des Sept, que je viens vous parler. C’est, selon les remerciements de l’auteure, sa première expérience dans ce genre, peut-être pas la dernière (et entre nous, je l’espère grandement, mais j’anticipe).

Depuis plusieurs années, maintenant, l’Obscurité s’étend sur l’Europe. Avec elle, des hordes de créatures écoeurantes et inquiétantes déferlent et mettent à mal la survie des humains.

Le Sud Ouest de la France étant une zone infestée, c’est vers Londres que Mary a emmené sa nièce Hazel, afin de la protéger des dangers qui ont déjà failli avoir raison d’elles. Mais la jeune fille au caractère bien trempé et légèrement réfractaire à l’autorité veut absolument des nouvelles de son grand-père qu’elle a dû laisser derrière elle. Et celles qu’elle a, ou n’a pas, ne sont pas des plus rassurantes. Aussi, faisant fi les conseils de sa tante, négligeant sa sécurité, Hazel s’engage dans l’inconnu.

Elle est loin de se douter que ce retour aux sources va enclencher des réactions qu’elle n’aurait pu imaginer. Un vampire, des fées, des lycans, des sorcières, tout une galerie d’êtres fantastiques se dressent devant elle et lui dévoilent une nouvelle vie qu’elle ne soupçonnait qu’à peine, regroupés dans l’Union, une sorte de gouvernement interespèces censé maintenir l’équilibre. Et ce n’est pas gagné! Car les Ténèbres qui envahissent le monde ne sont pas, on s’en doute, simplement liés à des caprices solaires. Il se joue bien plus, en France ou en Angleterre. Quelque chose comme la survie de l’humanité et la cohabitation de tous.

C’est dans cette quête effrénée et sans demi-victoire qu’Hazel doit foncer. Loin d’être une tête brûlée, la jeune femme est malgré tout extrêmement résolue, au point de négliger parfois cet instant de réflexion qui pourrait éviter de grosses bêtises et des déconvenues aux conséquences funestes.

Le roman évolue au rythme de ses découvertes, d’un univers qu’elle ne voyait qu’à l’abri des sorts de protection, mais aussi de sa vraie nature. Ce qui est bien pensé, c’est que l’Union tâtonne presque au même rythme qu’elle. Si au départ, on peut s’agacer des secrets qui lui ont été cachés, Hazel rattrape finalement son retard par ce qu’elle découvre et perçoit dans sa progression sans filets, mais avec des soutiens. Pas des alliés conventionnels, je vous l’accorde.

Les chaperons qui l’accompagnent dans la quête de son aïeul disparu ne sont pas des plus communs. Pensez plutôt. Un vampire vieux de mille ans, aux yeux vairons, pour protecteur, une autre buveuse de sang, plutôt instable pour complice, une sorcière pour guide, des lycans pour gardes du corps et des prophétesses aussi imprévisibles qu’effrayantes! On pouvait imaginer plus classique. On pourrait aussi craindre des luttes intestines des plus dangereuses.

Mais c’est l’un des éléments que j’ai beaucoup aimés dans cette prophétie. L’auteure est sortie des sentiers battus et des stéréotypes de certains romans de fantasy. Les êtres les plus sombres ne sont pas forcément ceux qu’on aurait pensés de prime abord; les espèces que j’attendais les plus fiables ne le sont pas nécessairement.

Bref, ne partez pas avec trop de certitudes préconçues, vous risqueriez d’être un peu secoués. Ceci dit, en y pensant bien, même si vous partez sans a priori, vous allez être également bringuebalés et délicieusement désorientés entre tous ces êtres hors du commun.

D’ailleurs, la galerie de personnages réunis est un autre point de réussite du roman. Tous, mortels ou êtres d’une autre nature sont décrits avec leurs forces, mais aussi avec leurs failles et leurs doutes, ce qui les rend très attachants et contribue à l’équilibre de l’histoire. Ainsi, Stellan, le vampire vieux de plus de mille ans, a-t-il eu le temps d’assister à l’évolution du monde et a-t-il également changé. Si quelques figures sont clairement détestables, la plupart sont bien plus nuancés, dans leurs choix et leurs destinées. Une pensée particulière pour Mary et surtout Amélia, qui m’a particulièrement émue. Comment ne pas entrer dans un roman à l’intrigue puissante, à l’histoire bien construite, aux héros attachants et au caractère assez trempé pour donner lieu à des dialogues vifs?

Si vous en doutiez, j’ai dévoré ce roman avec la même voracité qu’un lycan face à une côte de boeuf!

Outre les qualités déjà décrites, il y a la plume de l’auteure. Elle a adopté un rythme très cadencé et plein de rebondissements, entre révélations et trahisons, entre moments plus posés et quelques scènes de grande agitation, le tout dosé avec un bel équilibre. Je me suis laissée prendre par l’écriture de Christelle Da Cruz, très agréable et efficace.

Au final, il y a dans ma lecture un micro bémol: qu’elle s’achève déjà, tant j’aurais signé des deux mains pour encore plus d’Hazel et de Stellan, de Mary, d’Arthur, d’Isaac, d’Amelia, de Wyatt et des autres. D’ailleurs, sans vouloir commander, avec une telle multitude de personnages en or, … je dis rien mais bon, quand même!

Une raison supplémentaire de guetter le prochain ouvrage de Christelle da Cruz, et de plonger, au plus vite, dans ma bibliothèque pour remettre la main sur Matriochkas. Un style très différent, mais j’en suis sûre, un plaisir équivalent.

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