Teach me love d’Erin Graham

Titre Teach me love

Auteur Erin Graham

Editeur Editions Addictives

Date de sortie 23 juillet 2018

Un titre à retrouver sur Amazon en cliquant ici Teach Me Love

Teach me love ou comment un livre prouve, une fois de plus, qu’une romance bien écrite est, contrairement aux idées reçues, le moyen d’aborder plusieurs thèmes sensibles et délicats.

Dans ce roman, Erin Graham, dont je découvrais la plume, se joue d’un certain nombre d’idées reçues sur la romance dans une mise en abyme des plus savoureuses.

Elle met aux prises Andrea et Yanaël.

Elle, étudiante qui quitte Paris pour le Havre, (ça ne s’invente pas) pour suivre une DEA spécialisé dans la création littéraire. Elle ne croit pas en l’amour. Ses expériences passées ont été physiquement passables et affectivement proches du désert de Gobi une année de sécheresse. Et puis, elle n’est pas là pour les garçons! Elle espère bien trouver dans son cursus les éléments pour parfaire son style avant de se lancer dans les romans historiques, sa grande passion. Ce but vaut tous les sacrifices, y compris celui de quitter son cocon familial pour se réfugier chez « l’ennemie ». Y compris celui de travailler en binôme avec Yanaël.

Yanaël, ténébreux, solitaire, incapable de se lier à quiconque hormis son oncle Léon et sa fille Maëlys, sa raison de vivre, son garde-fou les jours où tout est trop sombre. Il ne croit pas en l’amour, terrorisé par son aspect destructeur et la fragilité qu’il représente. Autant dire qu’entre cet homme aux doigts envoûtants (promis, à partir d’aujourd’hui, je vais faire une fixation sur les doigts; pas sûre que ça soit bien compris) et la jeune étudiante exubérante et boute en train, le rapprochement professionnel n’a rien d’une évidence.

D’autant que, je vous le donne entre mille, le genre choisi par la prof de création littéraire pour notre binôme, … tadam, la Romance! Et là, Erin Graham sort le grand jeu. Tous les vilains préjugés qu’on nous assène quand on lit, ou qu’on écrit de la romance y passent dans un premier temps. Mais rassurez-vous, Teach me love n’est pas une charge anti-romance, bien au contraire. Parce que l’auteure permet aussi, à travers les yeux de ses héros, de voir que c’est un vrai genre, construit et codifié, ainsi que les émotions qu’il engendre chez les lectrices. J’ai beaucoup aimé cette façon de montrer qu’un peu d’ouverture d’esprit ne nuirait pas à certains.

Mais ce roman propose aussi une mise en abyme puisqu’on observe des personnages de romance qui écrivent une romance. Vous suivez toujours? Et là aussi, j’ai beaucoup aimé l’intelligence de la réflexion. L’écrivain se projette-t-il dans ses personnages? Leur permet-il d’être ou de dire ce qu’ils ne peuvent assumer? Sont-ils au contraire des personnages inventés de toute pièce avec, éventuellement, des « petits morceaux » de vrai?

Et dans cette romance à quatre mains, les personnages, volontairement ou non, se découvrent, s’envoient des messages. Parfois règlent leurs comptes pour notre plus grand plaisir.

Mais cette romance m’a aussi séduite parce qu’elle aborde des thèmes nombreux et sensibles. Il m’est malheureusement difficile de vous en parler sans spoiler l’histoire, et ce serait dommage. Mais il est question des traumatismes du passé, de la possibilité, ou non, de les surmonter et du handicap qu’ils représentent dans une vie d’adulte.

A plusieurs reprises, la situation d’Andréa et Yanaël, leur façon de faire face, ensemble ou séparément, aux difficultés qu’ils rencontrent, chacun à leur manière, en érigeant des murs ou en fonçant tête baissée, m’a remuée d’émotions fortes.

J’ai aimé ces personnages parce qu’ils ne sont pas des héros. Bien au contraire. Dans une scène clef où Yanaël se met à nu, il dresse de lui un portrait tel que, si on me l’avait présenté de prime abord, j’aurais peut-être eu du mal à envisager une romance autour de lui. Quoique. Erin Graham, en tous cas, l’a parfaitement fait.

Tout comme elle a dressé un portrait sensible et nuancé de la façon dont on peut grandir et se construire, sans nier son passé, mais en bâtissant sur des fondations, si bancales soient elles.

J’ai lu ce roman d’une traite, happée par la puissance des sentiments entre Andréa et Yanaël, en apnée parfois jusqu’à la bulle de bonheur suivante, remuée souvent. Bref, agitée des émotions qu’une très bonne romance sait générer et que ses auteurs savent faire naître.

Bref, une réussite!

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