Titre Dark heart
(Anciennement A(b)ime moi)
Auteur Karyn Adler
Editeur Editions Addictives
Date de sortie 30 Août 2018
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Aujourd’hui, je vous présente le nouveau livre de Karyn Adler, paru aux Editions Addictives. Vous connaissiez peut-être la plume de Karyn sous un autre nom, sous d’autres cieux. Pour ma part, je l’ai découverte ici. Et quelle découverte!
Elle nous livre un roman fort, qui sort des sentiers battus, une lecture que je n’ai pu abandonner et qui, quelques heures après le mot « fin », résonne encore en moi.
Si vous rêvez d’une lecture « conventionnelle », une jeune fille innocente et belle comme le jour confrontée au ténébreux millionnaire qui n’attend qu’une occasion de fondre, passez votre chemin. Quoique. Non, ne passez pas votre chemin et venez plutôt voir comme les sentiers de la romance sont vastes et escarpés.
Dark Heart n’est pas une dark romance, même si elle aborde des noirceurs terribles.
On y parle de la difficulté -l’impossibilité pensent certains- de se reconstruire après des accidents lourds de la vie, on y découvre que toute l’affection du monde peut être impuissante face aux douleurs les plus extrêmes, on y réalise que pour certains, la vie, c’est ce passage presque vide de sens entre deux moments de malheur, pour trouver non pas le ciel bleu, mais des nuages un peu moins menaçants. Mais on y lit aussi que le bonheur, ça peut être ces moments de grâce qui émaillent une vie sombre, qui permettent de se reconstruire sur les ruines les plus fumantes, qui font tenir le coup.
Lee est une toute jeune femme de 18 ans, en fuite perpétuelle. Elle fuit son passé, ses démons, sa solitude, ses malheurs qui ont handicapé sa capacité à s’ouvrir, à faire confiance, à vivre, tout simplement. Elle est seule depuis la mort de sa cousine, son amie, sa soeur de coeur, son double, Sandie. Avec elle, elle avait échafaudé tous ses projets de vie et de bonheur. Sans elle, elle traîne son désespoir en tentant de donner un sens aux jours qui passent. C’est un personnage cabossé, amoché, balafré de la vie. Elle atterrit, par hasard, dans la station balnéaire d’Everness, dans le diner de Jo et Henry. Mais peut-on parler de hasard lorsque la vie met ainsi sur votre route les anges guérisseurs, des amis et presque une famille de coeur prête à vous ouvrir si grand les bras que toutes vos souffrances peuvent s’insérer dans cette étreinte?
J’ai aimé les fragilités de Lee. Au premier abord, elles sont immenses et insurmontables. Mais en y réfléchissant de plus près, c’est une survivante. Une jeune femme incroyablement forte qui a surmonté plus en 18 années que nous ne serions capables d’endurer en une vie. Elle est pétrie de doutes et d’incertitudes, pense toujours que le bonheur, lorsqu’il frappe à sa porte, s’est trompé d’adresse. Je n’ai pu m’empêcher de me sentir pleine d’empathie pour elle et d’avoir le coeur serré (et quelques larmes plein les yeux, j’avoue) lorsque l’auteur l’a malmenée au-delà du point de rupture. Elle n’est pas belle au sens académique du terme, malgré un regard que je n’ai cessé d’imaginer, mais son aura marque ceux qui la croisent.
Dans cette petite ville au bord de l’océan, Lee fait la connaissance d’Aiden. S’il est le modèle du beau garçon, il est lui aussi détruit par son passé et par toutes les fautes dont il se sent responsable. Il a du mal à canaliser son mal-être qui s’extériorise très souvent par un taux d’alcoolémie digne d’une distillerie et des éclats de colère cataclysmiques.
Mais en présence des immenses fragilités de Lee, il est aussi capable de se montrer d’une douceur et d’une compréhension qui en font un personnage de romance particulièrement attachant.
L’auteure a pris le temps et le soin de développer chaque étape de leur apprivoisement réciproque, mais aussi les volte-faces et les brusques reculs avec une délicatesse qui ne peut qu’émouvoir. Dans le même temps, il y a une puissance d’ouragan dans les moments de désespoir et une façon de dépeindre la vie, toute en ombres et en touches de couleurs qui m’ont profondément touchée.
Mais par-delà Lee et Aiden, ce roman est aussi une histoire de tribu. Celle formée par la petite troupe d’Aiden, qui adopte la jeune et mystérieuse inconnue sans jugements, sans méchanceté mais avec une fraternité qu’on ne peut qu’envier.
Parce qu’ils sentent, sans doute, dès le départ, que de la rencontre des imperfections et des fractures qui composent l’âme des deux jeunes gens, peut naître une oeuvre sublime. A moins que, au contraire, leurs failles ne les fassent tous les deux sombrer.
C’est sur cet équilibre fragile et néanmoins évident que surfe ce roman, qui nous rappelle que l’amour peut être un baume guérisseur autant que la lame qui déchiquette le coeur.
C’est à ce dilemme que tente de répondre ce livre que je ne saurais trop vous recommander de dévorer au plus vite.
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