Sans âme de Angel Arekin, attention risque de spoils

Titre Sans âme

Auteur Angel Arekin

Editeur BMR

Date de sortie 8 septembre 2017

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Si un jour mon magazine féminin préféré me fait choisir avec quel héros de romance je préfèrerais partir en vacances, je crois que je passerai mon tour avec Ciaran Mordret.

Comment me direz-vous? Renoncer à quinze jours en Thaïlande dans un luxe absolu?

Oui, … mais non, … et ce n’est pas seulement à cause de la destination, non, à vrai dire, le petit détail qui me chiffonne, trois fois rien, vous allez voir, c’est la perspective de partir avec un sociopathe hors de contrôle, loin du cadre qui « l’équilibre » (j’admets, c’est une vision optimiste de la chose) et de son traitement, mais très très près de son petit chaperon rouge, de tout ce qui l’agace et le fascine en elle.

Et c’est précisément dans cette configuration qu’Angel Arekin plante le décor de Sans âme.

Nous avions quitté Ciaran et Abigael en pleines retrouvailles: le mariage du premier était annulé, la seconde de retour au manoir Mordret et leur étrange couple prêt à se donner une autre chance, même si Ciaran avait été très clair: il ne laisserait plus son petit chaperon rouge le quitter.

Ce deuxième volet est un véritable jeu de stratégie. On pensait Ciaran en plein contrôle de la situation, face à une Abigaël disposée, comme elle l’explique, à tout accepter ou presque, du moment qu’il lui revient toujours. Et, aussi étrange que ça paraisse, quand on considère qu’il ne la trouve ni belle ni intelligente et qu’elle l’agace la plupart du temps, le froid Mordret ne se lasse pas de sa compagne. Au contraire, elle parvient à le surprendre, à le garder vif et intéressé.

Plus encore, elle se révèle, au cours du livre, toute aussi inquiétante que son amant. Soumise lorsqu’il en a besoin mais capable aussi de se dresser contre lui ou même de le pousser dans des retranchements qu’il ne veut pas considérer, Abi m’a bluffée plus d’une fois. Par tout ce qu’elle endure, même si j’avais déjà été touchée par ce trait de caractère dans « Sans coeur ». Mais plus encore que dans le premier opus, elle montre ici qu’elle est bien plus qu’une victime consentante et prête à tout pour garder son grand méchant loup. Elle est une partenaire à sa hauteur, un alter ego qui, peu à peu, montre à Ciaran qu’elle peut se hisser, non pas à son niveau, mais à un niveau suffisant pour le surprendre encore et encore et l’attacher à lui.

Elle est son fantasme, sa partition, mais par petites touches, on comprend qu’elle va être bien plus que ça, prête à prendre sa place à ses côtés, pour l’apparat de la famille Mordret, mais aussi dans leur binôme dysfonctionnel.

Au cours de la lecture, j’ai été oppressée, ou même navrée pour Abi, plus encore que dans le premier, parce que l’un et l’autre vont plus loin dans leur relation et que l’apparent abandon d’Abigaël à la toute puissance de Ciaran me faisait craindre le pire pour elle. Pas forcément au sens premier du terme, … quoique; certaines pensées très précises du grand méchant loup sont tout de même particulièrement dark. Mais je craignais surtout pour son intégrité morale et affective à force de pousser toujours plus loin les limites…. Mais c’était sans compter le talent d’intrigue de Miss Arekin qui m’a, une nouvelle fois bluffée par sa capacité à tirer de ses personnages le meilleur, y compris dans des méandres où on ne les attend pas.

A tel point que, par moment, j’en suis venue à me demander qui, du maître ou de l’élève, alalit remporter la joute. A la fin du livre, Ciaran concède qu’Abi a appris du meilleur. Elle a surtout des qualités qu’il avait peut-être inconsciemment pressenties lorsqu’il l’a choisie mais qui prennent ici un tour surprenant, fascinant parfois, gênant par moments, ou même carrément flippant.

J’ai l’habitude de dévorer, en première lecture, tous les livres d’Angel. Là, j’ai dû, à plusieurs reprises, concéder une pause, pour reprendre mon souffle parce que l’ambiance tissée entre Ciaran, Abi, et les figurants plus ou moins conscients de leur partition, Declan, Quentin et surtout Lily devenait étouffante. Je suis revenue chaque fois vers l’histoire, sans doute atteinte d’une fascination pour le beau sociopathe comparable à celle qu’il exerce sur tous et toutes. La faute à son auteur qui, une nouvelle fois, sait créer un univers lourd et entêtant comme un marché aux fleurs thaïlandais.

Par la puissance de ses mots, la précision de ses descriptions et sa façon de se glisser dans l’âme de ses personnages (enfin, pour Ciaran on parlera plutôt de son esprit que de son âme introuvable), elle est parvenue, une fois encore, à maintenir la tension, l’intérêt et une sorte de dépendance qui ne s’achève pas à la dernière ligne de l’histoire. La preuve en est que, quelques heures après avoir fini le livre, je m’interroge toujours, sur la place de chacun, l’évolution qu’on pourrait attendre.

La marque d’un roman qui laisse des traces. Une conclusion que je pourrais apporter à chaque fois que j’achève la lecture d’un des livres d’Angel… En étant d’avance persuadée que je tiendrai des propos similaires au début du mois de novembre!

 

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