Queen of anarchy 3/3 d’Océane Ghanem

Titre Queen of anarchy 3/3 Pandémonium

Auteur Océane Ghanem

Éditeur Plumes du Web

Date de sortie 28 avril 2023

Un titre à retrouver ici Queen of anarchy 3/3

Conclure une saga est toujours un défi. Comment, dans le même temps, refermer tous les arcs narratifs pour ne pas laisser un goût d’inachevé tout en comblant la curiosité des lecteurs?

Comment donner à chacun le final qu’il mérite sans bâcler le récit, ni assommer son lecteur sous un monceau de détails?

Comment tout dire et éviter, paradoxalement, le tome de trop?

Autant divulguer tout de suite un secret de chronique, Océane Ghanem a remporté tous ces défis. Et haut la main en prime!

Elle signe un dernier volet à la hauteur de son talent avec une histoire prenante, pleine de rebondissements jusqu’à … chut!

Je ne vais pas vous dire pourquoi, à plusieurs reprises, j’ai failli lui envoyer des messages de protestations, de revendications et plus souvent encore d’admiration!

Il faut dire qu’à aucun moment elle ne perd de vue toutes les composantes de ce récit riche et addictif.

C’est un roman d’apocalypse où, on le sait, tout le monde ne survivra pas, c’est un euphémisme. Il y a même des moments où l’on se demande si quelqu’un survivra pour rendre mémoire de ce combat titanesque des anges contre les déchus, des hommes luttant pour garder une place dans cette lutte où ils apparaissent souvent comme des dommages collatéraux plus que comme des enjeux de la lutte. C’est un roman intelligent qui refuse de céder à la facilité du tout gentil ou tout méchant et rappelle qu’à un moment où il est si simple de se cantonner à des raccourcis simplistes, l’enfer est pavé de bonnes intentions, tout autant que le mieux est parfois l’ennemi du bien.

C’est enfin une histoire d’amours. Une romance, bien sûr, et les adeptes de la plume d’Océane savent à quel point elle est à son aise pour décrire des sentiments absolus, capables d’entraîner le chaos ou la rédemption. Mais il y a plus! L’amour familial, les sacrifices qu’il exige et les failles qu’il ouvre en nous sont aussi un axe particulièrement bien traité dans cette saga, en particulier dans ce volet final où il prend toute sa dimension.

Ça, vous l’aurez compris, c’est la version « grand public », celle que tous pouvaient lire, même ceux qui n’ont pas encore lu la saga.

Quoi? Vous n’avez pas encore craqué pour Jaime, Keane, Rohan ou Ciaran? Alors petite session de rattrapage made in Gwen.

Il y a huit ans maintenant que l’apocalypse a ravagé la terre lors d’une lutte à mort et bien vaine contre des monstres sanguinaires épaulés par les déchus. Si quelques anges ont pris le parti des humains, Dieu est aux abonnés absents. Les hommes, enfin ce qu’il en reste, sont terrés dans des villes protégées par des remparts et des soldats prêts à tous les sacrifices.

À South Village où vit Jaime Caine, il n’y a pas trente six solutions pour une femme comme elle: se marier, enfanter pour repeupler l’humanité. Pour cette jeune fille à fort tempérament, rien n’est plus éloigné de ses aspirations. Aussi, en dépit des traditions et de sa constitution pas exactement dans les critères, elle s’engage dans l’armée. Le moyen pour elle de ne pas quitter Keane, son ami d’enfance, la seule personne qui lui reste à aimer.

La vie au camp est difficile, pour le moins. Être une femme, en apparence chétive, à la langue bien pendue, ça attire les regards noirs. Ça suscite aussi l’intérêt de Ciaran, l’un de ses instructeurs. Mais alors que l’attraction se renforce entre eux, au même rythme que les coups de griffes qu’ils échangent, la réalité s’impose, ni l’un ni l’autre ne sont exactement ce qu’ils paraissent.

Autour des deux soldats, c’est aussi une lutte sans merci entre les forces des biens, celles du mal, toutes celles qui se situent entre les deux et celles qu’on ne sait pas exactement où situer.

Ça, c’est pour vous mettre l’eau à la bouche. À partir d’ici, ça peut spoiler!!!

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Attention avant de s’aventurer plus avant, mieux vaut avoir lu les deux premiers volets.

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Le tome 2 s’achevait sur un suspens complet.

Alors que d’improbables alliés protègent une dernière fois les remparts qui maintiennent les monstres à distance, Lucifer, le déchu par excellence, atteint son objectif en mettant la main sur SA proie, Jaime Caine.

Ce dernier volet nous offre donc deux plans très différents -quoique- pour mener l’action.

Côté pile, les garçons, Ciaran, Rohan et Keane, tentent de contenir les monstres qui prennent la terre pour leur terrain de jeu personnel. Ce n’est pas chose facile, surtout que le sang de Ciaran semble les attirer comme un taureau sa muleta. Et comment dire, du sang, quand on est un soldat en action…

Heureusement -d’un certain point de vue- ils peuvent compter sur un renfort inattendu qui va remettre en cause nombre de leurs certitudes. À moins que tout ne soit qu’artifice et duplicité.

Un même objectif anime les trois hommes, qui ont partagé rivalité ou rancœur, mais sont aussi les meilleurs soutiens les uns des autres, récupérer Jaime.

C’est un impératif pour Ciaran qui, quelles qu’aient pu être ses premières préventions, sait qu’il ne peut envisager de vie sans sa guerrière et peut compter sur leur lien unique pour ressentir ses émotions.

Pas forcément une sinécure lorsqu’on sait que Jaime est l’invitée contrainte de Lucifer.

Vous aviez des idées sur l’enfer? Oubliez les, Océane vous a préparé encore mieux!

Comme je le précisais plus tôt, ce n’est pas le cocktail flammes et monstres qui est le plus à craindre. Bon, on ne se le cache pas, la présence d’un cerbère à trois têtes voraces n’est pas pour rassurer, pas plus que le caractère ombrageux de Lilith.

Mais il y a aussi des nuances, dans cet enfer, la séduction vénéneuse de Lucifer, les idées réformatrices de certains de ses serviteurs, le cadeau empoisonné de retrouvailles inopinées.

Mais l’enfer est aussi un lieu de détention. Ne dit-on pas que tout ce qui meurt en enfer reste en enfer? Certaines âmes sont piégées là. D’autres y vivent mille tourments, par sadisme autant que par intérêt.

On y trouve même un personnage central et majeur (non non non, je ne vous dirais pas qui) mais le moins qu’on puisse dire, c’est qu’Océane lui réserve un destin qui marque.

J’ai été happée par ce dernier volet parce qu’il regroupe tout ce qui m’a séduite dans les deux premiers, avec un cran de plus.

Les scènes guerrières sont saignantes, sanglantes et oppressantes. On y tremble pour les héros, on y visualise très très bien les moments les plus sombres et les instants de terreur ou de désespoir que traversent les humains confrontés à leurs dernières heures collectives.

Pour autant, il serait réducteur de cantonner cette saga à un affrontement apocalyptique. Les moments de discussion, d’analyse d’une certaine vision du paradis, de l’enfer et de tout l’entre deux sont tout aussi poignants.

J’ai aussi été totalement prise dans la romance absolue entre Jaime et Ciaran. Aimer, c’est souffrir par l’autre, souffrir pour l’autre, être prêt à tous les sacrifices parce que ce qui importe, c’est la vie ou le bonheur de l’autre.

Je ne pensais pas que, dans une série qui fait une telle place au sang et à la mort, on pouvait consacrer une importance si cruciale aux sentiments. Certes les guerriers sont solidaires les uns des autres et si l’un d’entre eux tombe, chacun perd une partie de son âme et de son corps. Mais la solidarité prend un tour presque familial pour ces tribus de cœur et de courage qui, à défaut de s’être choisies, sont déterminées à survivre ensemble, pour reconstruire ou à mourir ensemble, debout, droits et fiers face à l’adversité.

Au final, je quitte cette saga le cœur ébréché du prix à payer pour la survie, l’âme apaisée par les bribes d’espoir que sèment chacun. Et la lectrice en moi sort plus que jamais conquise par la créativité, la sensibilité et l’écriture d’Océane, en attendant le prochain voyage.

 

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