Titre Par les grelots des lutins
Auteur Stéphanie Roselière
Éditeur Éditions Elixyria
Date de sortie 1° décembre 2022
Un titre à retrouver ici par le grelot des lutins
Les adeptes de Melimelo de Gwen le savent, je ne suis pas très férue de romances de Noël. Je n’en regarde pas, malgré les efforts méritoires de mon ado chérie pour m’y convertir, j’en lis très peu -peu logique quand on sait que mon premier roman en était une? oui mais c’est une autre histoire. Aussi, lorsque j’en sélectionne une, je suis assez exigeante. Qui a dit pénible? J’ai les noms. Cette année, j’en ai choisi trois, résolument différentes et c’est de la première d’entre elles dont je viens vous parler aujourd’hui.
J’ai découvert Stéphanie Roselière dans son roman Captive de sang (chronique ici https://melimelodegwen.fr/captive-de-sang-de-stephanie-roseliere/ ). J’avais beaucoup aimé son style et sa façon de réinterpréter le mythe des vampires.
Aussi, lorsque j’ai appris qu’elle s’attaquait cette fois-ci à une romance de Noël, j’ai embarqué avec elle et autant lever le suspens tout de suite, elle a rempli le contrat de me faire passer un excellent moment de lecture.
C’est un peu comme les sablés de Noël, vous savez, vous en prenez un, puis un autre et encore un … et hop on a dévoré tout le paquet. Là c’est pareil. Une page, encore une et bim, les 250 pages et quelques du roman ont été engloutis aussi aisément qu’un chocolat chaud à la cannelle.
Ania Roche est coach en développement personnel dans la région lyonnaise. C’est une jeune femme dynamique et pétillante, attentive aux autres, qui compense son petit mètre cinquante-neuf par un sérieux affiché, délicieux contraste avec son âme d’enfant, notamment aux abords de Noël.
Sa mission de la quinzaine l’emmène à Dijon, paysage que j’ai pris plaisir à découvrir dans les yeux de la jeune touriste et de son « client », Jakob Gauthier. Ce jeune trentenaire, agent immobilier, semble réunir tous les marqueurs de réussite.
Pourtant de l’avis de son jeune frère Jérémy et de sa grand-mère Maggie, il s’oublie dans une vie superficielle et sans engagement. Mais ça tombe bien, il dispose de deux semaines de vacances … et Ania de deux semaines, juste avant les fêtes de Noël, pour montrer à Jakob tout ce qu’il rate en campant sur ses acquis et le préparer à des rencontres plus en lien avec sa personnalité que les femmes parfaites mais superficielles avec lesquelles il passe un moment.
Ania a carte blanche pour rendre à Jakob une âme d’enfant et quelle meilleure occasion que le mois de décembre, propice aux marchés de Noël et autres instants festifs. Il faut dire qu’Ania ne manque pas de ressources, du salon de thé à chats au marché traditionnel en passant par les jeux collaboratifs, elle a tout un tas de stratagèmes pour cerner le personnage et puiser en elle toutes les ressources pour mener à bien sa mission.
De ressources elle ne manque pas malgré des déconvenues qui s’accumulent sous la forme d’une étrange amnésie et d’un bijou capricieux.
Mais entre un irrémédiable terre à terre qui refuse de céder à la magie de Noël et au piège de l’engagement et une adepte de Noël, ses traditions et son petit grain de folie, rien ne semble possible.
Rien?
Rien sauf une attirance aussi malvenue qu’instantanée. Rien à part des petits signes du destin qui ne trompent pas. Rien à part une mamie au grand cœur, aux yeux perçants et à la langue bien pendue.
J’ai beaucoup aimé ce roman.
L’intrigue en est bien menée et j’ai aimé me laisser guider par l’histoire et ses rebondissements. Quoique j’en aie deviné les grandes lignes assez rapidement, je n’ai pas boudé mon plaisir pour suivre la double découverte qui guide les personnages, l’un à l’affût des éléments de mémoire qui lui échappent, l’autre perdu dans de nombreuses élucubrations. La révélation finale, dont je ne vous dirai rien, bien sûr, est un petit bonbon qui m’a comblée de joie.
Ensuite, j’ai aimé les personnages. La folie pétillante d’Ania, alliée à son sens de l’observation et à une bienveillante empathie en font un personnage que chacun devrait avoir dans sa vie.
Néanmoins j’ai encore plus aimé Jakob -pas seulement parce qu’il est très beau même si ça ne gâche rien. J’ai accroché avec le fait que ce soit un homme « bien ». Dans les premières pages, j’ai craint de trouver un égoïste imbuvable. Alors certes la première rencontre est assez rocambolesque mais il a des excuses. Imaginez un petit bout de femme qui sonne à votre porte et vous déclare tout de go qu’elle va s’incruster dans vos vacances pour mettre le doigt sur ce qui cloche dans votre vie, ça a tout du poil à gratter.
Pourtant, dès l’instant où il accepte le deal, l’homme se révèle plein de surprise et de charme. C’est un personnage qu’on pourrait croiser à tout coin de rue -pas seulement celles de Dijon mais merci tout de même pour la balade. Belle situation, vie apparemment sans problème majeur et pourtant, une existence volontairement vide de toute attache, terne et morose quoi que la fuite en avant laisse penser.
C’est un personnage assez secret, qui a besoin d’un coup de pouce pour assumer un passé qui le traumatise encore et une perte d’équilibre bien inhabituelle. Dès qu’il les intègre, c’est aussi un homme plein de ressources et de surprises dont j’ai aimé les côtés insouciants.
Mention spéciale pour Maggie. Par bien des aspects, elle m’a rappelé des grand-mères auxquelles j’aime me référer. L’affection sans borne qu’elle porte à ses petits fils, sa façon d’accueillir à bras ouverts cette inconnue, le regard bienveillant qu’elle pose sur tous et son âme d’enfant face aux fêtes de Noël contribuent grandement à l’atmosphère particulière de ce conte de Noël charmant.
En effet, ce roman est une véritable ode à Noël et tous ceux qui ont gardé des yeux d’enfants vont y trouver leur compte. À vous les guirlandes lumineuses et les biscuits à la cannelle, le vin chaud et les guirlandes de houx. Mais il y a plus dans ce roman. Il rappelle que la magie de Noël c’est aussi de rassembler autour de soi ceux qu’on aime pour profiter d’une parenthèse enchantée où l’on met entre parenthèses problèmes et différences juste pour se rappeler qu’on tient les uns aux autres.
Ce qui explique aussi pourquoi paradoxalement, cette période peut être délicate à gérer pour ceux qui n’ont pas ce repère ou mesurent à ce moment l’écart entre les vœux de l’enfance et la réalité de la vie des adultes.
Enfin, ce roman est une histoire d’amour, belle de ses embûches, certaines très terre à terre, d’autres qui relèvent de l’intrigue elle-même. Elle rappelle qu’en amour comme à Noël, les miracles arrivent, les surprises insolites et que c’est bien ce qui en fait la magie.