Le Cercle de Finsbury de B.A.Paris

Titre Le Cercle de Finsbury

Auteur B.A. Paris

Éditeur Hugo Thriller

Date de sortie 4 mars 2021

Un titre à commander ici Le cercle de Finsbury

Un roman découvert grâce à la masse critique de Babelio

 

Bienvenue dans le Cercle de Finsbury, une résidence fermée et sécurisée des beaux quartiers de Londres.

Autour d’un joli square se déploient douze maisons rigoureusement identiques, peuplées de gens charmants et sans histoires qui cohabitent gaiement, se rendent de menus services et partagent tondeuse à gazon et loisirs.

Cette description vous fait envie? Ça tombe bien, le numéro 6 est libre. Cette maison de 4 chambres est entourée par des voisins à l’image de la résidence, charmants. D’un côté Eve, blogueuse en produits de beauté et son mari Will, acteur. De l’autre, un couple âgé, Lorna et Edward, que l’âge et le deuil cloîtrent chez eux.

La maison est disponible et c’est précisément là que vont s’installer Alice Dawson et son compagnon Leo Curtis.

Ils se fréquentent depuis presque deux ans, mais pour des questions de travail, n’ont jamais pu s’installer ensemble vraiment.

Aussi, cette maison, dans ce secteur, à un prix si intéressant qu’Alice pourra garder son cottage à Harlestone, c’est une occasion en or, une opportunité presque trop belle pour être vraie…

Et vous savez ce qu’on dit. Quand c’est trop beau pour être vrai … c’est qu’on tient là le sujet d’un très très bon thriller psychologique qui va vous tenir en haleine, vous rendre légèrement paranoïaque et vous faire porter un regard différent sur tous ceux qui vous entourent.

Alice découvre seule ce Cercle si parfait. Traductrice de profession, durablement marquée par un drame personnel, elle exerce depuis son domicile et a donc tout loisir de nouer des liens avec ses voisins et voisines, la pétillante Eve, la maternelle Lorna, mais aussi l’énigmatique et froide Tamsin, la seule de son nouvel entourage à l’accueillir avec une réticence marquée.

Leo, pour sa part, est, de façon inexplicable, réticent à l’idée de fréquenter ce voisinage qu’il a pourtant choisi.

Et ce n’est que le premier des mystères qui s’accumulent.

De petit coin de paradis à deux pas de Londres, le Cercle prend peu à peu des allures de prison à barrières de bois blanc.

Surtout lorsqu’Alice découvre l’impensable, l’élément qui, pourtant, explique tout. Si le n°6 est resté si longtemps libre, si son prix de vente est si abordable, c’est parce qu’un drame s’y est produit. Un meurtre plus précisément, vite résolu, mais d’une façon qui ne convainc pas tout le monde.

Commence alors un roman aux allures de huis-clos où chacun peut devenir suspect. Dans une ambiance délicieusement paranoïaque, B.A.Paris dont je découvrais ici la plume, rend chaque action douteuse. Les gentillesses sont elles réelles ou est-ce une façon d’en savoir plus? Qui est digne de confiance? De qui se méfier?

Au fil des pages, aidée dans sa quête par un détective privé bien décidé à tirer les choses au clair, Alice se débat en plein doute. Tout ce qu’elle pensait acquis se dérobe peu à peu sous ses pas. Elle doute de tout, à commencer par sa propre santé mentale, soupçonne tous ceux qui l’approchent dans une atmosphère qui devient rapidement anxiogène, pour notre plus grand plaisir.

Avec un sens indéniable du suspens et des rebondissements, l’autrice distille ça et là indices et fausses pistes. Le venin du soupçon fait le reste et  j’avoue qu’à certains moments, je ne savais plus où donner de la tête. Ça tombe bien, c’est aussi le cas d’Alice qui ne sait plus si elle doit partir, retrouver son cottage et tous les progrès qu’elle a fait dans sa vie depuis ses dix-neuf ans.

Ce serait le plus sage pour quitter cette ambiance toxique où elle sombre un peu plus chaque jour et détruit sa confiance en elle.

Ce serait le plus logique aussi pour certains membres de la communauté qui ne comprennent pas qu’on puisse ainsi habiter un tombeau, quels que soient les travaux qu’on a pu y faire.

À moins que, justement, rapporter de la vie et recréer du bonheur dans ce lieu de drame permette de conjurer le sort et ramène la sérénité pour tous les cerclistes.

Je me suis longuement posé la question de la meilleure option. Je ne l’ai pas trouvée. Et encore ai-je omis un argument qui pèse lourd dans l’esprit d’Alice.

Un lien intangible la lie à Nina Maxwells, la morte du numéro 6 et elle se sent une responsabilité morale envers la jeune femme qu’elle n’a jamais connue, à moins que celle ci ne la renvoie à d’autres moments traumatiques et à l’impuissance qu’elle a ressentie face à l’injustice.

Lorsqu’on tient une telle lecture entre les mains, il est difficile d’en dire davantage sur l’intrigue au risque d’en dire trop. Et encore je relis chaque phrase de cette chronique en espérant ne rien avoir laissé dépasser de mon ressenti après avoir découvert le pot aux roses.

Pour être pleinement honnête, j’ai effleuré à plusieurs reprises la solution. Mais elle était si bien dissimulée au milieu d’autres thèses tout aussi probables que je me suis laissée mener, avec la même facilité qu’Alice, exactement au point où l’autrice a voulu me mener.

Et maintenant que je SAIS, je ne vous cache pas que je brûle de relire ce roman pour retrouver les indices que j’ai négligés, les évidences que je n’ai pas vues. Je dois avouer que je ne suis pas sûre que je les repèrerai de façon plus évidente.

Pour finir cette chronique, je vous dirais donc qu’elle est à recommander absolument pour la qualité de son intrigue, pour son atmosphère étouffante et paranoïde, pour la finesse des personnages qui semblent être tout et son contraire et pour une narration parfaitement maîtrisée.

Une bien jolie découverte qui appelle, très probablement, d’autres rencontres avec la plume de B.A. Paris.

 

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