Titre La prisonnière du diable
Auteur Mireille Calmel
Édition XO
Date de sortie 23 mai 2019
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Un roman découvert grâce à Netgalley et à l’éditeur.
Mireile Calmel fait partie de ces noms de la littérature française qui trouvent souvent leur place dans mes lectures personnelles, mais qui, je m’en rends compte à l’instant, n’ont encore jamais été évoqués ici.
Erreur réparée avec cette Prisonnière du diable que j’ai dévorée avec mon habituelle gourmandise.
Dans ce roman qui mêle histoire et fiction, religion et croyances occultes, Mireille Calmel dresse le portrait d’une seigneurie de fin du Moyen-Âge.
Christophe Colomb a achevé son premier voyage, Grenade a été prise par les rois catholiques, et pourtant, dans le village d’Utelle règne encore un relent de Moyen-Âge traditionnel. La vie de ce village de Vésubie se partage entre le donjon du seigneur Raphaël, le prieuré de Claudio Grimaldi, le couvent de l’herboriste Hersande, de Camilla et d’Adélys et le village. Le bourg où vivent Jacquot l’aubergiste et ses filles, les artisans à l’oeuvre sur l’église et Myriam, jeune veuve aux prises, avec ses deux enfants et le troisième à naître, à la cruauté du baron. Un seigneur qui, depuis de longs mois, semble glisser sur une mauvaise pente.
Et en cette fin de Moyen-Âge, lorsqu’on chuchote cette mauvaise pente, les esprits se tournent aussitôt vers les sombres chemins de la magie noire et de Satan.
La vie apparemment sans autre histoire que les péripéties d’un village de l’arrière pays niçois bascule lorsqu’une intrigante messagère venue d’Égypte se présente, porteuse d’un message obtenu dans des conditions tout aussi mystérieuses.
Commencent alors une série d’événements naturels ou fantastiques, de la plus élémentaire naissance d’un amour neuf aux rites démoniaques qui vont bouleverser le village et tous ses habitants.
Avec son talent habituel et une plume si affûtée qu’elle fait passer le langage et les moeurs de l’époque pour des éléments tout à fait naturels, Mirelle Calmel a, une nouvelle fois, monté une intrigue haletante, où les faux-semblants, les indices et les fausses pistes se multiplient.
Dans ce jeu de dupes, personne n’est exactement qui il semble être et j’ai pris beaucoup de plaisir à tanguer ainsi d’une hypothèse à une autre, d’un sentiment à un autre, dans un roman aux allures d’enquête criminelle qui aurait pour enjeu, excusez du peu, la lutte éternelle entre le bien et le Mal, entre Satan, toujours à l’oeuvre, y compris en des âmes où on ne l’attend pas, et la Madone qui, dans le parti pris de l’auteure, guide, éclaire et protège.
Si la religion est très présente dans ce roman, elle n’est pas traitée de façon aveugle et crédule. L’habit religieux ne préserve ni de l’envie ni du pêché, bien au contraire.
La vie des laïcs est au centre de cette histoire. Elle est rude, comme l’était la vie de l’époque. Mais elle est belle aussi, des valeurs humaines et de la solidarité communautaire, autour du simple d’esprit, de la veuve et de l’orphelin.
Elle est porteuse d’espoirs, aussi, au milieu des angoisses et des tourments.
Comme toujours, Mireille Calmel dresse des portraits marquants, en particulier de femmes fortes, jusque dans leurs failles. Les doutes d’Hersande, les souffrances de Camilla, les malheurs de Myriam et sa résilience, malgré tous les malheurs, pour protéger ses enfants, toutes ces femmes tissent un récit prenant et passionnant à lire.
Pour finir cette chronique, avant de vous recommander chaudement ce roman aux odeurs de soufre et de passion, j’émettrais tout de même une micro-critique -la critique de la gourmandise sans doute, ou de l’habitude des récits en plusieurs tomes- Malgré la longueur honorable de ce roman -un peu plus de 400 pages-, j’aurais eu de la place pour une fin un peu plus fournie. Non pas qu’il manque vraiment des éléments. Juste pour le plaisir de prolonger un peu ce séjour en Vésubie et cette nouvelle plongée dans l’univers Calmelien.