Kiss me, Fight me, Love me d’Ana Scott

Titre Kiss me, Fight me, Love me

Auteur Ana Scott

Éditeur Éditions Addictives

Date de sortie 24 avril 2021

Un titre à commander ici Kiss me, fight me, love me

 

Dans la famille Onakis, après le solaire Pâris (voir la chronique ici https://melimelodegwen.fr/sensual-stepbrother-dana-scott/ ) et le ténébreux Dante ( https://melimelodegwen.fr/bastard-of-the-year-dana-scott/ ), que vous pouvez aussi retrouver en podcast pour le plaisir de vos oreilles, je voudrais le séducteur, j’ai nommé Amos, l’étoile montante de la télé et du cinéma, celui qui a quitté la Grèce sans regrets pour briller au firmament américain et oublier que c’est en Grèce que son cœur a été brisé, il y a des années.

Depuis, il s’est juré de ne plus s’attacher et n’a qu’un objectif, mener sa carrière au firmament. Son charme, son talent, son magnétisme et son sex-appeal sont de sérieux atouts qui lui promettent une belle réussite. Quelques appuis solides aussi.

Pas du côté de son père, même si celui-ci éprouve une grande fierté pour ce fils qui, en dépit de ses craintes premières, a trouvé sa voie.

Ses appuis, il les doit d’abord à des rencontres, comme celle d’un grand monsieur de la haute couture qui lui demande, comme un service, de devenir son égérie, le Mister Fire de son nouveau parfum, Fuego.

Au terme d’une promotion digne des plus grands mystères marketing, Amos se retrouve à Paris, prêt à offrir à toutes les jeunes femmes une vue diaboliquement enchanteresse et un parfum aux senteurs de paradis.

Dans la foule hystérique de la présentation par la société de communication de luxe Lavallée, une jeune femme se demande ce qu’elle fait là. Divorcée, elle ne croit plus en l’amour depuis qu’elle a dû y renoncer à l’âge des premières passions et des serments les plus forts. Du mariage de raison -ou de dépit- qu’elle a contracté, elle a retiré deux choses: assez d’argent pour ouvrir une librairie selon son cœur, où l’on vient acheter des livres et offrir de la chaleur humaine, mais surtout la certitude que le grand amour n’est pas pour elle et que les hommes font trop souffrir.

Et ce n’est pas l’apparition de ce fantôme tout droit sorti de son passé qui la convaincra du contraire.

Amos la hait de tout son esprit. Mais son corps n’a rien oublié de l’embrasement immédiat et irrépressible entre eux. Et son cœur?

Pris entre la rancœur et le désir, il ne sait trop quelle voie choisir.

D’autant que cette collision émotionnelle, qu’on aurait pu classer dans la catégorie des coïncidences sans lendemain, débouche sur une mise en scène où rien ne sera épargné aux deux rétifs.

À croire que tous les angelots et les diablotins du ciel se sont donnés comme mission de les tenter, de leur rappeler à quel point leur union était sublime.

L’autrice nous livre, avec son talent habituel, des phases d’une grande sensualité et d’une tension assumée dans un combat enfiévré entre l’instinct et la raison, entre le désir et le souvenir toujours aigu des souffrances endurées par l’autre.

Dans ce jeu où se mêlent tentation et -re-ssentiment, les plus sages fuiraient au plus loin parce qu’ils savent tout ce que la rupture leur a fait endurer. Les plus hardis profiteraient du temps imparti, en souvenir du bon vieux temps. Les plus rancuniers voudraient solder les comptes et rendre coup pour coup. Et ceux qui n’ont rien pu oublier, à la fois du bonheur intense et du désespoir abyssal, que font-ils, pour leur part?

Avec la qualité de plume que je retrouve une nouvelle fois chez Ana Scott, j’ai suivi avec une pointe d’anxiété le parcours des deux amoureux maudits.

Bien évidemment, je ne vous dirai rien de plus de l’intrigue -vous en avez déjà eu beaucoup- mais je vous dirai pourquoi j’ai aimé ce troisième volet qui clôture à merveille cette trilogie Onakis.

D’abord, justement, parce que tout au long des deux premiers tomes, l’autrice avait parsemé des indices qui me donnaient une envie furieuse de découvrir Amos et Celle qui lui avait brisé le cœur. Le personnage a été à la hauteur de ses frères. Un peu de l’arrogance de Pâris, un peu de la connard-attitude de Dante, beaucoup de la sensualité des deux premiers et un tempérament fait pour la tragédie grecque du plus bel acabit.

J’ai aimé évoluer dans son esprit, suivre l’intensité de ses sentiments et de tout ce que lui inspire sa plus belle torture.

Quant à Elle. Si l’histoire distille des éléments de compréhension, on comprend rapidement que, pour elle non plus, rien n’a été simple. J’ai été très agréablement surprise par son évolution. Dans les premières pages, je l’ai crainte un peu éteinte et effacée derrière sa meilleure amie Emma Rochet, employée du groupe Lavallée, amie au grand cœur et à l’exubérance plus marquée encore. Comme je me trompais!

La jeune femme discrète est une vraie tigresse, qui sait jouer sur tout le registre de la tentation et se donne sans réserve. Mais gare à celui qui la blesse. Car si elle souffre plus souvent qu’à son heure, elle sait aussi infliger des blessures de belle facture et à s’affirmer comme elle n’a pas toujours pu le faire.

L’autre point fort du roman, c’est, à nouveau, le dépaysement. Car nos Onakis et consorts voyagent. Et ils ne sont pas avares de descriptions pour nous donner envie de sauter dans le premier avion -un jet fera très bien l’affaire merci- et de découvrir les destinations de rêve.

Il y a entre autres un petit quartier athénien qu’Ana a tellement bien décrit que je m’y voyais déjà!

Bravo, une nouvelle fois, pour ce sens de la description qui dépayse la lectrice. D’autant que cette fois, on sort le grand jeu.

Si j’ai beaucoup aimé le refuge que représente la librairie, qui ressemble au rêve de toute lectrice, j’en ai aussi pris plein les yeux dans le monde d’Amos, celui des paillettes et de la jetset. Ce n’est pas mon domaine de prédilection. Mais pour les beaux yeux de l’acteur et la perspective de finir la nuit dans ses bras, tout se négocie. Quoique!

Ce qui est beau, dans ce roman, c’est que les sentiments, eux, ne se négocient pas. Jamais. Les personnages vivent intensément, que ce soit le désir, le plaisir -yeux sensibles s’abstenir, Amos sort le grand jeu- ou la douleur. Rien n’est tiède ici, ni modéré ou réfléchi.

On décolle très haut vers la félicité mais les redescentes font remonter l’estomac jusqu’à l’œsophage. Un vrai vol parabolique des sentiments qui malmène nos personnages et nous offre des rebondissements en pagaille.

Et puis s’il fallait une dernière raison d’aimer ce roman, c’est pour la famille. Les Onakis au grand complet, dans ce qu’ils sont de meilleurs, un clan, une tribu où on se taquine mais où l’amour et le soutien transparaissent partout.

D’ailleurs, c’est cette perspective qui me procure une pointe de nostalgie au moment de refermer cette chronique. À moins de compter sur la nouvelle génération, Adonis en tête, il est temps de quitter Kerios, de laisser l’île à ses drôles d’habitants, à leurs amours capables de triompher de tout, des convenances, des traumatismes du passé ou de ses fantômes, à leur passion dévorante, et de laisser derrière nous ce paysage bleu et blanc de carte postale en donnant les commandes de l’hélico à Ana Scott dans l’attente de sa prochaine destination.

Je ne la connais pas encore, mais d’ores et déjà, j’ai réservé mon billet, sans hésitation

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