Titre Fire Biker
Auteur Erin Graham
Éditeur Éditions Addictives
Date de sortie 9 janvier 2021
Un titre à commander ici Fire biker
Pour sa nouvelle romance, Erin Graham explore un autre pan de la romance contemporaine, l’univers des bikers.
Au sein du club des Fire Birds de Cleveland, elle nous présente une grande famille faite de poules et de colombes qui vivent au Nid sous la protection et le contrôle d’Owl, chef respecté et aimé de ses drôles d’oiseaux dont Eagle le fanfaron, Nine l’hyper efficace et Shade le ténébreux.
C’est autour de lui que tourne cette romance. Homme mystérieux et au sang froid inaltérable, il croise sur sa route l’imprévu. Un témoin qui pourrait lui causer les pires ennuis du monde.
En toute logique, il devrait l’éliminer. Seulement voilà. Le témoin n’est pas n’importe qui. Passe encore que ce soit un mannequin en vogue, qu’elle tremble comme une feuille tout en opposant une farouche défense ou qu’elle ait les moyens de se payer une protection. Elle est surtout un enjeu de lutte avec Sorrow, son ennemi mortel et ses Flocons rouges, un club rival.
Autant dire que la protéger, moyennant finance et en tirer vengeance représente une chance inespérée.
Une chance?
Quoique! Pour protéger la belle, il va d’abord falloir l’apprivoiser et pour y parvenir, Shade va devoir poser l’armure, quitte à y laisser des plumes.
Ce roman dispose de plusieurs atouts.
D’abord, l’intrigue, soutenue, nous entraîne dans une histoire sombre, d’affrontements et de vengeance, qui maintient une tension tout au long du roman.
Les périls sont nombreux et mettent les nerfs de nos héros à rude épreuve. Enfin, soyons honnêtes, c’est surtout Caly, la mannequin vedette qui tente de fuir l’envers glauque du décor, qui est malmenée par une situation et des codes qui lui échappent.
Shade, lui, est imperturbable, impénétrable, impitoyable. Du moins en ce qui concerne ses ennemis directs.
On ne peut pas en dire autant des réactions que lui inspire sa cliente.
Shade ne s’attache à personne. Jamais. Les seuls qui sont dans son cercle d’affection, d’une certaine façon, ce sont les membres de son club, en particulier Owl, Eagle et Nine, quoi que ses derniers l’agacent autant qu’il y tient.
Mais en dehors de ces quelques privilégiés, personne ne l’approche.
Or, pour gérer Caly et assurer sa protection, Shade est obligé de s’impliquer. De s’impliquer vraiment. En laissant voir une facette de lui plus humaine.
Mais ce faisant, il devient aussi plus perméable à ses propres sentiments, à ceux qu’il refoule depuis tant d’années.
Que ce soit Caly ou le passé qui fond sur lui comme un rapace sur sa proie, tout pousse Shade à rouvrir des portes qui le rendent plus humain. Pour lui, c’est une faiblesse. On pourrait aussi y voir sa force, ou même sa rédemption.
Les personnages sont, vous l’aurez compris, un autre point fort de ce roman.
Pour éveiller en Shade des instincts protecteurs et lui tenir tête, il fallait une héroïne forte et fragile à la fois. C’est la complexe Caly Sharks qui tient ce rôle.
C’est un mannequin très côté. Mais ce côté paillettes et rêve de petite fille n’est pas aussi idyllique qu’il y paraît.
Il masque, chez la jeune femme, un vrai complexe d’infériorité, elle qui considère qu’elle est devenue mannequin parce qu’elle n’avait pas de talents particuliers et qui voit parfois sa beauté comme une malédiction.
Mais surtout, le monde du mannequinat qu’elle dépeint est particulièrement glauque et nocif. Agents peu scrupuleux, course à la maigreur aux conséquences physiques et psychologiques désastreuses, consommations en tout genre pour tenir le coup. Pas de quoi avoir envie de se montrer en exemple à sa soeur cadette, ni de rester cloitrée dans cette prison dorée.
Caly est donc en convalescence de sa vie. Pourtant, sous son évidente fragilité, elle fait aussi preuve d’une étonnante vitalité et d’une force de caractère aptes à faire sortir Shade de son nid.
Autour de ces deux écorchés, Erin Graham brosse une jolie galerie de portraits attachants, Nine, la cousine de Shade, à la langue bien pendue, capable de remettre les idées à l’endroit. J’ai aimé la façon dont elle accueille et pilote Caly.
Le personnage d’Eagle, un peu moins visible, donne aussi un bon pendant à son cousin et on sent, dans leurs chamailleries, toute la force de leurs sentiments.
Enfin, comme toujours chez Erin Graham, la tension sensuelle entre les deux personnages est parfaitement rendue et monte graduellement jusqu’à rendre l’atmosphère oppressante d’un désir dévorant et interdit.
Ce roman n’est pas mon favori d’Erin Graham, ce qui n’enlève rien à sa valeur. Il faut dire que la compétition est rude puisque, que ce soit sous sa plume ou celle de Marie HJ, j’en suis à ma huitième lecture, marquée par tant de coups de coeur et de coups au coeur! C’est donc un luxe de gourmet de faire la fine bouche devant une telle romance. Elle a tous les ingrédients qui signent une très grande réussite Mais l’auteure m’a donné de « mauvaises habitudes » à être bouleversée aux larmes à la plupart de ses romances.
Je n’ai pas été jusque là dans ce roman-ci, mais j’ai passé un très bon moment de lecture.
Il vous en faut une preuve? Elle est toute trouvée. Mon impatience à reprendre la route vers Cleveland, car le club des Fire Birds est encore riche de personnalités!