Les filles nous avaient annoncé, non pas une suite, mais une sorte de spin-off : la voici en Coeurs insoumis, publié en six tomes par les Editions addictives. Une façon de faire que le duo a déjà expérimenté, quoique de façon plus classique, avec l’enchaînement Jeux interdits/Jeux insolents, Call me baby/call me bitch, Attrape-moi si tu l’oses/Embrasse-moi si tu l’oses, sans même parler du Flash back de la troisième partie de Toi+Moi. Là, le mode choisi est un peu différent. On ne croise Thelma et Finn que de loin en loin, à travers des photos, des allusions, ou en chair et en os brièvement dans ce tome 5.
L’histoire commence deux ans après l’épilogue de Corps impatients. Souvenez-vous, Finn était accusé d’avoir tué un homme, le Dr Preston Camden et sa jeune veuve éclatait de fureur. C’est autour d’elle que ce concentre l’histoire.
Solveig, 25 ans, recluse dans le deuil de cet homme qu’elle a cru aimer autant qu’admirer et qui se révèle tout au long des tomes comme un leurre, une vaste imposture. Autour d’elle, …. Pas grand monde en fait. Loin des tribus de sang et de coeur auxquelles Emma Green nous a habitué, Solveig semble très seule, au point de communiquer surtout avec son ficus et elle-même. Des parents décédés, un frère faillible (à quel point!!), des beaux-parents qui la poursuivent de leur haine et tentent même de lui coller la culpabilité de la mort de leur fils et deux amies, Aly, à qui elle sous-loue son appartement le temps de son road-trip et Phoebe, si si, la Phoebe de Corps impatient qui a quitté New-York et l’accueille brièvement le temps d’une pause, plus une avocate pugnace.
Parce que Coeurs insoumis est un road-trip, un voyage exutoire pour en finir avec le passé. Solveig traverse le pays pour se rendre à Seattle, et assister au procès du chauffard qui a tué son mari. Sur le chemin, elle veut passer par les lieux emblématiques de son passé. Mais vu la faiblesse de ses ressources -ses beaux-parents ont même fait geler son héritage-, elle choisit de prendre un passager à bord de sa vieille Chevrolet.
Et LE voilà, Dante Salinger, petit flashback, l’ami de Finn qui avait abrité son mariage de rêve avec Thelma. Photographe, taciturne, … et beau comme Théo James, l’inspiration visuelle du personnage.
A partir de là, on aurait pu penser, une love story classique, quelques valses hésitations, …
Eh bien non!
************************************************************************************************************
ATTENTION SPOILERS
*************************************************************************************************************
Si vous êtes toujours là, c’est que vous savez que ça va spoiler 😉
Parce que Dante, de son vrai nom Dante Lazzari, est le frère d’Andrea, le meurtrier de Preston.
Difficile pour la jolie Solveig, fragile et à deux doigts du craquage, de comprendre que, non seulement, pour la première fois depuis deux ans, elle envisage de s’autoriser à revivre, mais qu’en plus, c’est avec LUI, le frère de l’ennemi, membre de cette famille riche et puissante qui ne lui fera pas de cadeau lors du procès.
Et là, face aux espèces de montagnes russes qu’on inflige à cette pauvre Solveig qui monte haut, très haut dans le bonheur avant de reprendre une autre claque, deux hypothèses me viennent à l’esprit.
Soit les filles ont croisé une Solveig vraiment vilaine dans leur passé, mais vilaine, vilaine, un croisement de Regina dans Once upon a time et de Nelly Olson, soit elles ont décidé de jouer avec nos petits coeurs en même temps qu’avec celui de leur héroïne.
Parce que si les moments de bonheur sont intenses -la parenthèse enchantée du Montana par exemple-, il lui en tombe des tuiles: après la première révélation, elle apprend que son mari était un infidèle en série, peut-être même père d’un enfant illégitime, que son amant était dans la voiture et s’est enfui, que son frère est prêt à la trahir pour bien peu, bref ….. elle n’est pas épargnée. Pas plus que Dante dont on découvre au fur et à mesure les côtés sombres, les failles et le besoin absolu de protéger
Mais elle reste debout, Tutu, elle se redresse, comme chaque fois que la vie lui a joué un sale tour. Elle fuit, elle revient, elle fait face, elle sort les dents. Contre le monde, contre le sort qui s’acharne, … contre Dante enfin lors d’une scène particulièrement intense au cours de laquelle, le coeur en miettes, elle piétine le bonheur qu’elle avait cru possible.
C’est le coeur serré que j’ai lu la dernière page; certes, ce final n’est pas incongru, on aurait même pu raisonnablement s’en douter, mais quand même, …
Réponse et dénouement le 17 juin, ….. l’attente va être longue, … Allez Tutu, allez Phoenix, quand on survit à la traversée des Etats-Unis à bord de Chewy, on peut survivre à tout, non?
*************************************************************************************************************
Ajouts du 17 juin: tome 6/6
*************************************************************************************************************
Nous avions laissé Solveig seule sur les marches du palais de justice à Seattle.
Son honneur était lavé, ses comptes débloqués, la lumière avait été faite sur la mort de Preston. Bref elle avait gagné.
Gagné???? Mouais, trahie par son frère, quittée par son amant, la victoire avait un goût amer.
Nous la retrouvons trois mois plus tard, de retour à New York.
Elle en a fini des problèmes financiers, a même racheté une Chewy, un peu plus moderne, mais toujours cabossée, a pris un appartement plus grand qu’elle partage avec Aly et l’increvable ficus et surtout elle tente d’avancer, en accord avec ses principes.
De l’argent qu’elle a récupéré, elle crée un café à son image, le Not so simple, comme un clin d’oeil à la dernière phrase de Dante. Un café comme j’en ai cherché au pied de chez moi sans succès, un endroit où on n’attend pas de faire fortune en vendant à prix d’or un café sans âme, mais au contraire un lieu cosy, convivial, où l’on vient boire, mais surtout poser sa solitude….
Parce qu’en solitude, Solveig en connaît un rayon. Trois mois que Dante a disparu des écrans et qu’elle tente d’avancer sans lui. Plutôt piteusement, il faut le dire. Enterré quelque part, Phoenix ne chôme pas; il atteint son but, faire plonger son père. Mais il le fait seul, replongé dans ses ténèbres.
Heureusement, les deux tourtereaux peuvent compter sur des soutiens inattendus, à commencer par Callie dont le rôle monte en puissance dans ce tome, …. on ne se demande pas pourquoi 😉
Sans raconter toute l’histoire, cet ultime tome recèle quelques scènes d’une forte intensité, d’une visite pénitentiaire à une scène de retrouvailles savamment orchestrée. Quant à la scène de mariage, -ne demandez pas de qui, je ne dirais rien-, elle est pétillante et craquante à souhait, pile comme en vrai, lorsque les fêtes de famille, de sang ou de coeur, sont l’occasion de se revoir, de reprendre des nouvelles des uns et des autres.
L’histoire pourrait être un happy end, elle en est une, en quelques sortes, mais elle est aussi le prélude aux « âmes indociles » à paraître en juillet et finit sur un twist particulièrement efficace.
Dans les premiers Emma Green, je finissais une série en me disant que, tout de même, maintenant que l’histoire était finie, j’aimerais bien y jeter un petit coup d’oeil, de temps en temps, voir si Alma et Vadim étaient toujours aussi fusionnels, Tristan et Liv toujours stimulés par leurs tensions réciproques. Dans cette nouvelle série, c’est le contraire, je sais que je vais croiser, de loin en loin Solveig et Dante, peut-être même encore un peu Finn et Thelma, mais pourtant, la tension nouvelle de la dernière phrase me laisse dans ce délicieux état de frustration que j’adore tant détester.
Et dans ce domaine, une nouvelle fois, Emma Green a su me gluer dans l’attente de leur prochain opus.
Des coeurs insoumis à aimer sans modération.