Titre Un pas de trop
Auteur Karine Vitelli
Editeur Something Else Edition
Date de sortie 17 septembre 2017
Disponible sur Amazon ici Un Pas de Trop
Peut-on être aimé quand on ne s’aime plus soi-même?
Peut-on être désiré lorsqu’on est différent, lorsqu’on perd son apparence?
Dans cette romance contemporaine, Karine Vitelli, -dont j’ai déjà eu la chance de chroniquer plusieurs histoires avec un bonheur égal-, suit le parcours d’Elsa.
On l’avait croisée, danseuse burlesque avec son amie Valentina dans à Pas de Velours.
Elle était alors la femme fatale, qui enchaînait les conquêtes, sûre de son pouvoir d’attraction, prête à offrir son corps, mais surtout pas à ouvrir son coeur.
Un pas de trop s’attache donc aux premiers pas de cette attachante Elsa dans sa nouvelle vie.
Car dans la vie d’Elsa, comme dans la « vraie » vie, il est souvent question du sort, du hasard, de la coïncidence, de ce fameux « pas de plus » qui, parfois, se transforme en « pas de trop ».
Et pour Elsa, ce pas de trop se traduit d’une terrible façon. Son corps en est marqué, son coeur et son âme également.
Alors que tout s’écroule autour d’elle, sa vie, son travail, sa façon d’envisager les autres, Elsa doit trouver les raisons de se battre et de se reconstruire.
Elle en a une, dont elle porte seule le fardeau depuis plusieurs années. La meilleure de toutes. Et c’est vers ce but unique qu’Elsa va tourner sa vie.
En quelques semaines, elle devient un autre femme, diamétralement opposée à celle qu’elle était.
Et lorsqu’elle retrouve le passé sur sa route, il suscite rarement de regret.
Seule Valentina, Oliver et Matt sont ses traits d’union avec sa vie passée.
L’affection est grande entre les deux femmes, mais elle n’exclut pas le poids de certains mots, de certains jugements. Et c’est l’une des forces de ce roman: il parle aussi de pardon, du droit au changement, à l’évolution.
Et parfois, d’une situation en apparence détestable, il naît, au contraire, quelque chose de très beau, à condition, toutefois, d’accepter de faire un pas de plus, un pas vers l’autre.
Dans le passé, Elsa se sentait désirable et invincible. C’est en devenant vulnérable qu’elle se rapproche de qui elle est vraiment et qu’elle devient irrésistible pour qui saura dépasser les apparences.
Matt était le fantasme d’Elsa; il est désormais son interdit. Il est aussi son 3 en 1, patron, propriétaire et ami.
Le livre est en partie centré sur ce duo, la façon dont il se connaissait sans se voir, dont il apprend à se regarder et surtout à regarder vers un avenir qui serait bon pour chacun.
Ce livre est une expérience rare par le sujet abordé. La différence en est la pierre angulaire, notamment la différence physique, celle qui gêne, qui exclut, dans l’esprit de beaucoup, du regard de séduction.
Mais que ce soit à travers Inès, une belle femme toute en rondeur qui assume de ne pas être dans le moule des stéréotypes ou à travers la façon dont Elsa apprivoise son corps, Karine Vitelli pousse chacun à s’interroger sur le regard que l’on porte sur le corps inhabituel.
Comme dans chacun des romans de Karine, les personnages sont forts car ils sont aussi plein de faiblesses et de failles et que la beauté de l’histoire naît de leur capacité à lutter pour surmonter ces handicaps et construire leur bonheur malgré eux, ou du moins avec eux.
Enfin, ce que j’aime chez cet auteur, et ce « pas de trop » ne fait pas exception, c’est qu’elle fait la part belle aux buts poursuivis et que ses héroïnes sont prêtes à tout pour les atteindre. Elsa ne fait pas exception et la façon de présenter son combat m’a agitée de multiples soubresauts d’empathie.
Les clins d’oeil à Valentina et Oliver m’ont aussi plu comme un petit coup d’oeil dans le rétroviseur.
Mais par dessus tout, ce qui classe ce livre parmi mes chouchous du moment, c’est la tendresse qui se dégage de ce récit, alors même que la situation révèle la dureté de la société envers les différences, physiques, économiques ou sociales.
Une nouvelle fois, Karine Vitelli m’a permis de m’envoler quelques heures en compagnie de ses personnages forts et attachants. Et je guette déjà la prochaine rencontre, physique ou livresque avec cet auteur absolument adorable, ce qui ne gâche rien!