Titre Tue-moi si tu veux
Auteur Adam Croft
Date de sortie 8 janvier 2019
Éditeur Thomas & Mercer
À retrouver sur Amazon en cliquant sur ce lien Tue-moi si tu veux
Un titre découvert grâce à Netgalley France.
Tue-moi si tu veux! est ma première incursion dans l’univers d’Adam Croft, talentueux auteur britannique.
Et je suis ravie d’avoir découvert sa plume. Il signe dans ce premier roman, publié depuis 2015 au Royaume-Uni, un livre oppressant, qui m’a poursuivi bien après le mot « fin ».
Il met aux prises Nick et Tasha, un couple apparemment sans histoire, parents d’une petite Ellie de cinq ans. Monsieur est auteur et, après un succès pour son premier roman, il peine à renouveler l’exploit. Madame est une femme active, qui a à coeur à la fois sa réussite professionnelle, mais aussi d’assurer la sûreté financière de la famille.
Leur petite fille est arrivée par miracle et elle est un ciment dans un couple à bout de souffle. Monsieur reproche à Madame de ne penser qu’au travail, Madame reproche à Monsieur son faible sens des réalités, qu’elles soient financières ou éducatives. Et au milieu, la petite Ellie est à la fois un fragile trait d’union et une pierre d’achoppement.
Mais quand l’enfant disparaît, ….
Commence alors un polar oppressant. Pas de gros effet, de courses poursuites haletantes, d’intrigues à tiroirs, mais un couple banal confronté à la terreur de tous les parents. Un père confronté à un choix moral et viscéral, … Un suspens qui m’a placée en position très inconfortable, pour mon plus grand plaisir.
Ce roman, raconté alternativement du point de vue des deux parents, est excellent justement parce qu’il nous force à nous identifier. Si j’ai eu un peu de mal à m’attacher au personnage de Tasha, j’ai été la plupart du temps pleine d’empathie pour Nick. À cause d’une toute petite erreur d’inattention, il se retrouve moralement coupable, judiciairement suspecté.
Cette disparition l’oblige à ressortir de très vieux dossiers et pose la question de la suspicion permanente. Le lecteur lui-même se retrouve par moments à douter. D’autant que la police est là en la personne de Jane Mc Kenna, une protagoniste particulièrement impliquée et soupçonneuse qui a tendance à mettre son nez de très près dans les affaires de la famille.
Et quand arrive LA solution, à la fois simplissime et impensable, il m’a été presque impossible de respirer convenablement. A priori, elle est absolument inenvisageable. Mais dans le contexte, … non! ou alors, …. impossible! …. Quoique, … oui mais comment?
Vous ne comprenez pas un traître mot de ma phrase précédente? Lisez quelques chapitres, et vous comprendrez (ou alors le résumé du livre, mais c’est moins drôle!)
Et du moment où cette porte est ouverte, le roman évolue dans une direction aussi bien pratique que morale qui m’a largement perturbée.
En entrant dans la tête de Nick, de ses doutes, de ses certitudes qui s’effritent, de ses pseudo bonnes idées certifiées et de ses maladresses, l’auteur nous pousse aussi à prendre position et à se poser des questions morales essentielles.
Et chaque fois que le personnage principal prend une décision qui paraît sur le coup acceptable, le résultat aggrave la situation et rend plus complexe encore le retour en arrière.
Au point que, je l’avoue, j’ai un moment perdu de vue l’intrigue à proprement parler et la question centrale du sort de la petite Ellie. Un comble! D’ailleurs, c’est peut-être le point faible de ce roman, l’impression que pour l’auteur aussi, le parcours comptait davantage que le but final.
Ayant l’habitude de polars plus « nerveux », j’ai parfois été décontenancée par les longues introspections des personnages et la relation du « héros » -qui se révèle tout sauf ça- avec la police. Mais au final, je me suis volontiers laissée emporter dans ce voyage au-dessus d’un esprit perdu.
Au final, ce livre m’a un peu déstabilisée, par la situation qu’il aborde, les « solutions » qui s’offrent aux personnages et l’inévitable identification qui en résulte. Mais j’ai beaucoup aimé cet équilibre précaire.
Et vous qui avez lu ou lirez ce livre, je serais curieuse de connaître votre point de vue. Quelle décisions auriez-vous prise?