Tout est sous contrôle (sauf toi) de Sally Thorne

Titre Tout est sous contrôle (sauf toi)

Auteur Sally Thorne

Editeur Harlequin

Date de sortie 15 septembre 2021

Un titre à commander ici Tout est sous contrôle (sauf toi)

 

Qui n’a pas rêvé de finir ses vieux jours dans une résidence seniors avec petits bungalows, plan d’eau, verdure et tortues rares à la clef?

Les résidents de Providence ont cette chance. Le cadre est charmant, la compagnie de qualité, surtout si, comme les impayables sœurs Parlani, Renata et Agatha, vous avez les moyens de vous payer un assistant et de le tyranniser -un tout petit peu- par des demandes saugrenues et un besoin d’attention qui frôle le harcèlement.

C’est bien beau, me direz-vous? mais devons-nous comprendre que Sally Thorne, dont je découvrais ici la plume, a écrit une romance senior? Que nenni. Quoique. Quoique parce qu’elle nous montre que l’amour n’a pas d’âge et surtout parce que son personnage principal, Ruthie Maree Midona semble sans âge.

Pourtant, son état civil est clair, la jeune femme, qui travaille au secrétariat sous la direction de Sylvia, n’a que vingt- cinq ans. Si l’on en croit ses tenues vestimentaires, on serait tenté de tripler cet âge théorique et si on s’en tient à sa quasi-impossibilité à quitter Providence, Joker.

Ruthie, c’est un peu la chic fille moitié bon samaritain moitié vieille fille à chats -pardon à tortues- dont on a toujours besoin pour un service de dernière minute -à croire que le mot « non » ne fait pas partie de son vocabulaire. C’est aussi le genre de personne transparente qui peut traverser toute votre vie sans qu’on remarque même sa présence, à peine son absence.

Tout le contraire de Mélanie Sasaki, la pétillante intérimaire qui partage le secrétariat de Providence pendant les longues vacances de Sylvia. Les deux jeunes femmes sont aussi opposées qu’on peut l’être. Ruthie respire pour aider, est -légèrement- maniaque des listes et des rituels, n’aime rien tant que la stabilité et, hormis le blog qu’elle anime sur sa série préférée, n’adhère pas à la manie des réseaux sociaux.

Mélanie, pour sa part, est pétillante, touche à tout. Elle a du mal à se poser et envisage mal de vivre longtemps avec des personnes âgées, sans pour autant avoir trouvé sa voie. À moins que. À moins qu’elle teste sur Ruthie une méthode, Sa méthode, la Méthode Sasaki -en toute modestie- destinée à donner en huit semaines toutes les armes à Ruthie pour reprendre sa vie en main, en commençant par trouver l’amour. Il faut avouer que de ce côté, c’est un peu le désert de Gobi.

Comment en vouloir à Ruthie qui, en l’absence de Sylvia se retrouve à gérer un terrible dossier : les conséquences du rachat de Providence par Prescott Developpement Corporation, le redoutable PDC, société spécialisée dans le rachat et la reconversion d’espaces. Comprenez à cela que dans moins de dix-huit mois, Providence sera peut-être rayée de la carte pour donner naissance à un golf ou un complexe de remise en forme, tout ce qui rapportera de l’argent. Tant pis pour les 40 pavillons et leurs occupants. Tant pis pour les tortues à écailles dorées, pourtant sur la liste des espèces menacées. Tout sera balayé au profit du Dieu profit, tout comme la routine de Ruthie.

Autant dire que le temps presse de la faire sortir de sa coquille et que l’apparition de beau et mystérieux Teddy pourrait bien y aider, pour le meilleur et pour le pire.

J’ai aimé le roman de Sally Thorne pour plusieurs raisons.

D’abord j’ai trouvé les personnages attachants. Alors oui, j’avoue, j’ai eu parfois envie de secouer Ruthie pour lui faire ouvrir les yeux sur ce qui lui tendait les bras et pour dépoussiérer un peu quelques habitudes nunuches -et les toiles d’araignée de ses tenues ultra vintage. Je n’ai jamais prétendu être diplomate.

Mais elle m’a surtout touchée, par sa maladresse, par ses peurs récurrentes que j’ai trouvées éminemment touchantes. J’ai aimé la voir sortir de sa chrysalide, par petits à coups, clignant des yeux face à une trop grande lumière, tentée de faire marche arrière, mais déterminée pour les causes qui lui tiennent à cœur.

J’ai aussi beaucoup aimé Teddy, évidemment. Et pas seulement parce qu’il est incroyablement beau. Pas ma faute s’il donne envie de se noyer dans ses cheveux et de parcourir la carte du tendre de ses tatouages! Je l’ai aimé pour ses fragilités et son manque d’assurance, derrière sa façade ultra bright. J’ai été émue par sa façon de prendre soin des autres, sans le faire sentir ni même s’en rendre compte, apparemment. Sans compter qu’il m’a donné une furieuse envie de me mettre à l’aquagym, mais ça c’est une autre histoire.

J’ai trouvé très belle sa relation avec les sœurs Parloni, l’atout piquant de ce roman, ces deux personnages un peu piqués qui ont gagné, à leur âge, le droit de dire tout ce qui les chante et un regard acéré sur la vie.

Je ne vous cache pas non plus que j’ai eu un petit coup de cœur pour Mélanie. Je la prenais pour une fille un peu futile et j’ai adoré découvrir une jeune femme un peu perdue mais dotée d’un cœur d’or. La façon dont, l’air de rien, elle prend en compte les complexes et les tics de Ruthie pour la sortir de sa zone de confort sans pour autant la blesser m’a beaucoup touché, tout comme la façon dont elle dresse un mur entre elle et les dangers de ce cœur trop tendre. Quant à certaines de ses remarques à l’emporte pièce … de grands moments de sourire.

Plus que les personnages, c’est l’histoire qui m’a séduite. La romance bien sûr, quoi que par moments j’ai été un peu impatiente ou à la recherche de quelques obstacles -non je ne suis pas sadique- et que le quiproquo entre les personnages a été un peu long à mon goût. Mais c’est surtout au moment où les personnages -tous les personnages- posent le masque et s’ouvrent que mon cœur chamallow s’est emballé.

J’ai découvert dans la dernière partie du roman des révélations et des aveux qui m’ont fait passer de la lecture agréable à un cran bien plus élevé.

J’ai oublié de vous parler de l’écriture de l’autrice. Elle est fraîche et piquante et contribue très largement à l’atmosphère du roman et à toutes les raisons pour lesquelles je me suis tellement attachée à Providence et à ses résidents.

Alors n’attendez pas votre carte vermeille pour ouvrir ce livre où tout n’est pas toujours sous contrôle. Et n’oubliez pas qu’il n’y a pas d’âge ni d’heure pour prendre son bonheur en mains et décider que le bonheur, c’est ici et maintenant!

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