The Contest d’Isabelle Fourié

Titre The contest

Auteur Isabelle Fourié

Editeur Black ink Editions

Date de sortie 22 septembre 2023

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Bienvenue à New York, ville chère au cœur d’Isabelle Fourié, théâtre de sa série en cours, Delta Phi Kappa, du nom de la fraternité éponyme au sein de l’université de Columbia.

Je vous entends de là. Fraternité, université américaine, soirées alcoolisées et filles peu farouches.

Il y a de ça, et pourtant, the Contest, le nouveau roman de l’auteure que j’ai découverte dans un tout autre registre, n’est pas une énième version de la romance universitaire. Elle y ajoute le petit quelque chose en plus qui permet de passer un excellent moment et d’en redemander. Mais j’anticipe un peu. Reprenons du départ.

Le départ, c’est celui d’Emily Dixon de sa Californie natale pour New-York. Un sacré dépaysement, me direz-vous. Oui, et même plus, c’est volontaire. En proie à une timidité maladive, la jeune fille a également fait les frais de l’acharnement de certains et souhaite mettre la plus grande distance entre son passé et sa nouvelle vie. L’entrée à l’université est l’occasion d’y parvenir.

À plus forte raison lorsque sa meilleure amie Lila et son frère Ethan l’y accompagnent.

La première y voit l’opportunité de s’émanciper de sa famille et d’entamer le cursus qu’elle souhaite vraiment, grâce à une bourse d’excellence au Fashion Insitute de New York. Ajouté à cela un premier cursus officiel à NYU avec sa bestie et la jouissance d’un appartement du parc immobilier familial, et la voilà pas loin de devenir  la fille la plus heureuse du monde.

Pour le second, c’est un peu plus délicat. À San Francisco, il était le quaterback vedette de son équipe universitaire, sous la direction de son père. Il va renoncer à ce poste de titulaire, car à Columbia, qu’il va rejoindre, il ne sera que le numéro 2 derrière Benjamin Campbell, son meilleur ami, prince de New York, un beau gosse arrogant et sûr de lui qui n’a qu’à tendre la main pour cueillir une jolie fille, tout en refusant farouchement de s’attacher à qui que ce soit.

Ce transfert est celui du sacrifice, pour veiller sur sa sœur, au risque de mettre sa carrière en péril. Peut-être. Mais il est aussi une superbe opportunité.

D’abord, il va quitter le poids écrasant de son père, légende de la NFL, auprès duquel il reste toujours le « fils de ». Et même si les relations sont très complices avec les parents Dixon, l’ex-quaterback et sa cheerleader de premier amour, il va faire bon vivre par lui-même. Sans compter que Columbia, quoi ! Ce n’est pas la première petite école venue.

Et puis surtout, à Columbia, Ethan va rejoindre Ben, son meilleur ami et la fraternité Delta Phi Kappa, dans la maison de laquelle il va poser ses valises.

Et quelle maison ! Des beaux garçons en pagaille, des amis anciens, ou en passe de le devenir.

Ne nous leurrons pas, tous, les Edwards, les Dixon, les Campbell et consorts, forment une sorte de système dynastique. On intègre la fraternité de génération en génération ; on y nous des amitiés et des futures relations d’affaires quidureront toute la vie. On y développe aussi une sacrée solidarité, à toute épreuve, en particulier face aux universités rivales comme celle de NYU et sa fraternité des Zeta Lambda Mu, dirigée par l’insupportable Isaac Falton.

La rivalité entre les deux garçons est de tous les domaines, scolaire, sportif, et même face à la gent féminine. Point culminent de cette rivalité, le défi lancé un soir trop arrosée entre les deux universités, les deux fraternités et les deux garçons. Et tous les coups y sont permis, même celui d’utiliser la timide Emily, qui a un malencontreux crush pour Isaac.

Pour bénéficier des qualités intellectuelles de la jeune fille, pour lui permettre de jouer la carte de la jalousie … et pour d’autres raisons inavouables, quelle meilleure solution que de créer LE faux couple de l’année, Campbell Dixon, Benjamin et Emily, beau gosse et Gorgeous, sur le papier, une affaire qui roule. Dans les faits … une histoire bouillonnante et particulièrement réussie que nous offre Isabelle Fourié.

J’ai été séduite par ce roman, ma première romance contemporaine de l’auteure que j’avais découverte en dystopie avec le superbe Essencielle.

J’ai beaucoup aimé ses personnages, surtout la mise en place d’une tribu que l’on retrouvera en plusieurs déclinaisons (je viens de finir The lesson dont je vous parlerai prochainement ici), avec des personnages imparfaits, ce qui ne les rend que plus attachants, des étudiants brillants, devant lesquels les portes du monde ne demandent qu’à s’ouvrir, mais qui vivent aussi le passage à l’âge adulte, pris entre les doutes sur l’orientation, l’envie de devenir adultes, et l’envie de profiter encore un peu de l’insouciance des jeunes années.

J’ai aimé qu’ils soient pétris de belles valeurs et les mettent en application pour leurs proches et ceux qui viennent se greffer à leur cercle initial.

J’ai fondu pour leurs oppositions féroces, pour les joutes verbales entre Emily et Ben. Elle qui est presque incapable de prendre la parole en public se découvre des trésors d’éloquence pour remettre en place Benjamin. Lui qui est réputé pour son assurance se voit souvent réduit au silence par le bagout de la demoiselle. Leurs oppositions sot savoureuses, leurs déclarations qui n’en sont pas sont des morceaux de chamallows acidulés ; les moments où ils affirment leurs ressentis sont des fabriques à frissons.

J’ai aussi beaucoup apprécié que le roman s’attache à des soucis contemporains. « Pauvre petite fille riche » penseront certains au sujet d’Emily. Oui. Mais non. Bien sûr, les étudiants dont on parle ici ne connaissent pas les affres des crédits sur une génération, ni la nécessité de s’épuiser dans un travail alimentaire. Mais ils connaissent d’autres soucis. La pression de la réussite, du choix du cursus, d’être à la hauteur des attentes de la famille, marque les différents personnages.

Le poids de l’image, des réseaux sociaux, des réputations qui se font et se défont d’un mot ou d’une image a aussi un rôle important dans l’histoire. Bien sûr, on peut se dire que la célébrité des personnages principaux aggrave les choses. Mais dans le même temps, Isabelle Fourié montre qu’elle maîtrise parfaitement les codes de la nouvelle génération et de ses préoccupations.

Et s’il fallait une cerise sur le gâteau, ce serait la version audio grâce à laquelle j’ai découvert cette histoire. Elle est parfaitement servie par Raphaël Theus et Jeanne Deau que je découvrais ici et qui donnent aux deux personnages principaux un relief fou.

Mais au-delà d’une romance universitaire, The Contest est avant tout une romance où l’attraction vibre dans chaque page à travers un slowburn bouillant. Isabelle Fourié maîtrise totalement des scènes aussi sensuelles que délicates, où chaque ligne est un mélange exquis d’épices incandescentes, ce qui n’exclue pas qu’on y trouve une douceur des plus touchantes.

J’aime surtout le concept du Fake boyfriend, parce qu’il permet, lorsque l’auteure est talentueuse, une savoureuse glissade vers des sentiments que seuls les principaux intéressés ignorent. Et vous savez quoi, Isabelle Fourié est diablement talentueuse.

À tel point que, sans trop vous en dire, je peux d’ores et déjà vous révéler qu’elle réussit l’exploit, dans The Lesson, deuxième volet des aventures des Delta Phi Kappa, de reprendre les mêmes bases pour réinventer totalement une romance qui admet tout de même quelques points communs, une histoire parfaite et un franc coup de cœur.

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