Sous un ciel écarlate de Mark Sullivan

Titre Sous un ciel écarlate

Auteur Mark Sullivan

Éditeur Amazon Crossing

Date de sortie 15 Octobre 2019

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Une découverte rendue possible grâce à Netgalley et à l’éditeur.

Pour commencer cette nouvelle année et marquer le passage à la nouvelle décennie, je vous propose ce soir mon avis sur un roman biographique qui m’a passionnée.

L’histoire est l’une de mes passions, la Seconde Guerre mondiale une de mes périodes de prédilection. Il n’est donc pas aisé de me surprendre sur ce domaine. Et pourtant, ce livre l’a fait incontestablement.

Dès les premières pages, son auteur explique le contexte de sa création. Un écrivain dans un phase de doute et d’obscurité, une histoire presque trop belle pour être vraie, une rencontre. Des heures de discussions, des semaines de recherches pour donner vie à cette histoire prenante, dramatique, qui, bien plus qu’une page d’histoire, parle d’humanité et de valeurs, de croyances et de foi. Foi en Dieu, en l’humain, en son destin.

Tout en traçant des heures sombres et dramatiques, il y a aussi, un message d’espoir fort dans cette phase peu connue qu’est la deuxième guerre mondiale en Italie, prise entre le Duce et l’occupation allemande, entre débarquement allié, résistants et individus sombres qui se servent des circonstances pour accomplir noirs dessins et vrais larcins.

Comme le précise Mark Sullivan, il n’est pas simple (même à l’époque où il commence sa recherche) de trouver des témoins qui souhaitent parler de cette période, finalement assez mal connue de ce côté des Alpes.

Le héros en est un personnage réel, un « héros » du quotidien, Pino Lella, un jeune homme qui traverse la deuxième guerre mondiale comme les jeunes gens de sa génération.

Pino a dix-sept ans au début du récit. Il vit à Milan avec ses parents, des commerçants plutôt aisés, son frère et sa soeur, ses amis. Malgré la guerre (on parle déjà de débarquement allié, de Monte Cassino), l’existence de l’adolescent est « presque » normale.

Il aime la musique, obéit raisonnablement à ses parents, il aime les filles et tombe amoureux toutes les heures.

Le roman démarre un jour crucial. Milan est bombardée -c’est le début d’une phase particulièrement sombre pour la ville- et il rencontre Anna. Une jeune fille de plus dans ses coups de coeur? Pas exactement. Tout au long du roman, elle apparaît en filigrane, comme un rêve, un fantasme, un regret, mais aussi un espoir et un objectif de vie.

Mais cette histoire d’amour n’est qu’une partie du parcours de Pino. Si elle alimente les rêves et certaines décisions, elle n’occulte pas le reste, que l’on parle d’engagement, de hasards, de destinée.

Pour protéger son fils aîné des dangers de Milan, son père l’envoie rejoindre son frère cadet, Mimo, dans un pensionnat pour garçons dans les montagnes. Pino aime ces grands espaces. Il aime l’atmosphère simple de ce pensionnat, la camaraderie, les courses en montagne et même de nouvelles rencontres comme Alberto Ascari, futur pilote automobile et vrai instructeur.

Il y a surtout le père Re, un mentor pour le jeune Pino, qui le guide, façonne sa foi et l’adulte en devenir qu’il est. Car dans ce roman, la religion et ses clercs a une place importante. On y croise des prêtres, des séminaristes, un cardinal et tous ces artisans de l’ombre qui oeuvrent, à leur niveau, pour protéger l’essentiel, c’est à dire l’humain, quel que soit le dieu qu’il vénère.

Car l’Italie, comme une large part de l’Europe, vit aussi, dans ces heures sombres, les persécutions religieuses. Pino, presque par hasard, devient passeur pour des réfugiés juifs en péril de mort.

Mais le destin de Pino n’est pas dans les montagnes. Il arrive à l’âge où des choix doivent être pris. Et son père opte pour une drôle de solution. Pino Lella devient un OT, un collabo pur jus avec uniforme et croix gammée en prime.

Enfin du moins, c’est ce qu’il semble. Parce que dans les faits, Pino devient Operateur, un espion au profit de la résistance et des alliés. Son poste de chauffeur pour le général Leyers, un des hauts responsables nazis pour le territoire italien.

Ce livre se lit comme une épopée dont je ne vous raconterai aucune étape supplémentaire. Il m’a tenue en haleine pour savoir ce qu’il adviendrait après.

Je l’ai lu avidement pour tout le témoignage historique qu’il constitue. Mais il est plus. Il est aussi un témoignage sur l’humain. Comment garder foi en l’homme quand on assiste à un certain nombre d’ignominies.

Il est aussi un roman d’initiation. Pino devient un homme pendant les deux ans que dure le récit. Il apprend le courage, la trahison, le doute. Il découvre aussi que les apparences peuvent être trompeuses et que tout n’est pas tout blanc ni tout noir. Il découvre la douleur et l’amour, le doute et la force de l’engagement.

Le roman s’achève sur l' »après ». L’auteur a reconstitué le destin des protagonistes, principaux ou secondaires de l’histoire. Certains ont gardé une destinée remarquable après guerre. D’autres ont eu une existence « banale », savourant la douceur de la vie quand on a survécu à tout. D’autres enfin, ont une vie faite de hauts et de bas, ce qui confirme l’un des grands enseignements de cette histoire: le héros n’est pas né héros. Il n’a pas forcément une vie héroïque.

Il est celui qui, dans un contexte, par choix ou par hasard, prend les décisions et mène les actions qui font qu’à sa mesure, à son instant, il influe le destin des autres.

Une belle leçon de vie à l’aube de cette nouvelle année.

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