Sienna: me venger de lui d’Avril Rose (réédition)

Titre Sienna: me venger de lui

Auteur Avril Rose

Editeur Éditions Elixyria (réédition)

Date de sortie 24 janvier 2020

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La chronique suivante est la réédition de celle que j’avais composée, il y a bientôt deux ans lors de la première sortie de ce roman qui m’a tellement percutée et que je suis heureuse de voir sortir de nouveau, en ebook mais aussi en version papier.

Lorsque j’ai entendu parler du nouveau livre d’Avril Rose, que j’ai découverte avec bonheur il y a quelques mois pour son Coffee, sex and Law, j’ai été interpellée. Sans être une dark romance au sens strict du terme, Sienna aborde un thème particulièrement sombre qu’Avril voulait mettre en lumière: le sort des femmes maltraitées, physiquement autant que psychologiquement et la difficulté de se reconstruire, pas seulement en tant que victime, mais en tant que femme tout court.

Je ne suis pas une experte de dark romance, et je me suis dit que créer une romance autour d’une femme qui a vécu l’impensable, c’était un sacré challenge. Certains auteurs l’ont déjà brillamment fait, mais j’ai pensé que décidément, Avril avait un sacré cran.

Et j’ai plongé. J’ai plongé tête première et pour être honnête, je ne suis pas remontée à la surface jusqu’au mot fin. Conseil d’amie, évitez de l’attaquer si vous travaillez le lendemain matin, parce que non seulement je l’ai fini au-delà des heures raisonnables, mais en plus, impossible de m’endormir aussitôt le livre fini.

Vous êtes prévenus! Ce livre est un coup de coeur, tout autant qu’un coup au coeur.

Il nous parle de Sienna (logique me direz-vous vu le titre), une jeune femme qui purge une peine de prison pour avoir tenté de tuer son compagnon, Antoine. Bonne situation, bonne famille, le vrai gendre idéal, … en tous cas jusqu’à ce que les portes de la maison se referment.

En prison, Sienna réalise qu’on est très loin d’une ambiance façon Orange is the new black, malgré des moments intenses de partage, de solidarité. Parmi les rares fenêtres vers l’extérieur, les visites de Patty, puis d’Hélios, des personnes qui font le choix bénévole de ponctuer le quotidien des prisonniers sans soutien.

Sienna apprend aussi que la prison est un univers à part, avec ses rituels, son temps, ses habitudes et que, parfois, la liberté peut faire presque aussi peur que l’enfermement lui-même.

Mais est-on vraiment libre quand il faut reconstruire toute une vie avec un casier judiciaire? Quand le danger extérieur est peut-être plus grand que celui de l’intérieur? Peut-on s’autoriser à refaire des projets? à accorder sa confiance?  à admettre que parfois, certains font le bien sans rien attendre en retour? à aimer peut-être?

Dans ce nouveau roman, Avril Rose réussit à mon sens, un livre sensible mais pas larmoyant, inhabituel et très prenant.

J’ai aimé qu’on aborde des domaines mal explorés habituellement. Pas seulement la question, cruciale et toujours d’actualité des violences faites aux femmes, mais un certain nombre de thèmes qui y sont liés.

L’univers de la prison. Le rôle et des limites des visiteurs. Même s’il est présenté comme un peu hors norme, le lien qui unit Sienna à ces deux bénévoles m’a beaucoup touché. Et que dire des associations d’aides aux victimes? Là encore, sans apitoiement ou sensationnalisme, l’auteur met en lumière ces travailleurs de l’ombre qui écoutent, aident, échouent parfois, mais se montrent tellement importants pour toute avancée. J’en ai été frappée lors d’une scène clef pour l’évolution de l’héroïne (je vous laisse deviner laquelle en cours de lecture).

L’auteur, qui comme elle l’a précisé, n’a pas été victime de ces souffrances mais a mené des recherches solides pour proposer un livre cohérent, dépeint l’univers de la maltraitance avec une empathie qui serre le coeur et une grande maîtrise.

Même si vous n’êtes pas fan de dark romance, vous pouvez foncer dans ce livre les yeux fermés. Enfin pas trop quand même, sinon question lecture, …

Plus sérieusement, oui il y a par-delà une ambiance parfois oppressante, quelques scènes dures dans ce roman. Parce que la maltraitance, c’est dur. Parce que l’engrenage qui précède le premier coup, ce n’est pas une succession de mots doux. Parce que sortir de ce cercle vicieux, c’est complexe, bien plus que je ne l’aurai pensé. Mais la façon dont l’auteur mène son sujet et ces scènes est une vraie réussite, d’intensité et de pudeur. Ses scènes de confrontation sont puissantes, elles m’ont serré le coeur, mais elles apportent un éclairage nécessaire à l’ensemble.

Cette histoire est de fait une traversée périlleuse entre l’abîme et l’obscurité de la maltraitance et le soleil victorieux de la reconstruction. Un parcours d’équilibriste où la chute n’est jamais impossible, l’arrivée jamais assurée. Mais où l’auteur livre une histoire particulièrement réussie.

Ce roman est aussi une romance et plus largement, une réflexion sur la reconstruction. Amicale, professionnelle, amoureuse. Sur la possibilité, ou non, de recommencer une vie, pas forcément « normale », mais une vraie vie après « ça ».

Avril Rose fait des choix dans son intrigue, dans son histoire qui peuvent surprendre. Mais qui forment un ensemble totalement cohérent et prenant.

Comme je le disais en préambule, j’ai fini ce livre, coûte que coûte, malgré les heures qui me rapprochaient dangereusement du réveil, parce que je n’envisageais pas de rester sur une incertitude. Et encore, je ne suis pas parvenue à m’en défaire dans l’instant. Ce qui prouve indéniablement que c’est un roman qui compte, une grande réussite.

Un coup de coeur en plein coeur.

Pour finir, je voulais féliciter l’auteur de la façon dont elle m’a happée sur un sujet que je n’aurais pas spontanément choisi de lire a priori. J’étais déjà fan de sa plume, intriguée de ce qu’elle allait faire de son sujet de départ, donc j’ai foncé. Et j’en suis plus qu’heureuse, parce que, parmi les romances, parfois un peu répétitives ou formatées, celle-ci est un Ovni sacrément réussi.

Qu’est ce qui différencie un bon auteur d’un auteur qui marque? Sa capacité à changer de style, de ton, de message, tout en gardant son lecteur en alerte avec une intensité au moins égale? Dans ce cas, pas de doute, Sienna confirme à coup sûr qu’Avril Rose, en plus d’être une femme adorable, est une auteur qui marque. En tous cas, qui me marque et dont j’attends déjà impatiemment le prochain bébé.

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2 comments

La Bibliothèque de Celine 9 août 2018 - 9 h 03 min
Ce livre est une petite merveille !
Gwen 9 août 2018 - 10 h 27 min
je l'ai dévoré en une nuit (tous petits yeux au réveil le matin). Mais ça a été un très gros coup de coeur! Sans compter qu'Avril est une femme en or
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