Ragnvald et le loup d’or de Linnea Hartsuyker

Titre Ragnvald et le loup d’or

Auteur Linnea Hartsuyker

Editeur Presses de la cité

Date de publication 4 octobre 2018

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Un roman découvert grâce au réseau NetGalley

 

À travers ce roman, je retourne à mes amours pour les romans historiques et une période pour laquelle j’éprouve de plus en plus d’attirance, celle des invasions Vikings.

Ragnvald est le loup d’or se lit comme un roman d’aventure et de « chevalerie » au sens nordique du terme.

On y retrouve des valeurs qui ne dépareraient pas dans une quelconque légende arthurienne. La loyauté, le sens de l’honneur, le souci de la gloire que l’on récoltera et de ce qu’on laissera à la postérité, les légendes merveilleuses et les chants des hauts faits. Toutes ces nobles idées croisent la félonie, le complot, la lâcheté parfois.

Mais ce roman est aussi un ouvrage bien documenté sur la vie des peuples nordiques du Moyen-Age, entre raids et gestion quotidienne des halles, entre assemblées de clans et guerres intestines.

Dans une écriture riche et plaisante, l’auteure alterne les descriptions de batailles et les scènes plus quotidiennes, les conflits moraux des personnages et les calculs à mener pour atteindre ses objectifs, mais avant tout pour survivre dans un monde où les machinations s’ourdissent autour d’un hanap de bière et où on ne sait jamais s’il vaut mieux se méfier d’un sourire ou d’une mine revêche.

On y découvre une galerie de personnages attachants avec leurs qualités et leurs failles, à commencer par Ragnvald le demi-mort et sa soeur Svanhild, orphelins de père spoliés par leur beau-père et sa nouvelle tribu.

Comme beaucoup de jeunes hommes de sa condition, Ragnvald, dans l’attente de récupérer son hypothétique héritage, confisqué par Olaf, participe à des raids sous la férule de Solvi, homme diminué par un accident domestique de son enfance, mais doté d’un talent redoutable sur mer et d’une rouerie politique appréciable pour ses alliés, nettement plus dangereuse pour ses ennemis.

Si l’intrigue tourne en grande partie autour de ces trois protagonistes, tiraillés entre devoir, honneur et sentiments, on suit également avec intérêt les allégeances de Ragnvald, envers ses alliés traditionnels, notamment les parents de sa promise Hilda.

Mais autant Ragnvald sait se montrer sage et pondéré avec les autres, autant, de son propre aveu, il se place souvent en position délicate en ce qui le concerne directement. Heureusement, il trouve un protecteur solide en la personne d’Hakon. Avec deux de ses fils, Heming, l’héritier légitime en quête de gloire et de reconnaissance, et le plus posé Oddi, il combat, gagne une réputation assez grande pour attirer l’attention du jeune roi Harald, qui veut unifier sous sa bannière tous les guerriers norvégiens et fonde de grands espoirs sur ce jeune capitaine intrépide mais pourtant bon conseiller.

De conflit d’allégeance en dilemmes de loyauté, Ragnvald, fort d’une prédiction divine, doit se positionner entre les deux rois, sans pour autant oublier sa quête personnelle, retrouver le pouvoir sur sa terre et protéger sa soeur, l’impétueuse Svanhild.

J’ai beaucoup aimé ce personnage féminin. On a l’habitude d’imaginer les femmes vikings totalement égales aux hommes. Ce roman montre avant tout leur responsabilité domestique. La bonne épouse n’est pas la guerrière au bouclier des sagas, mais celle capable de gérer la halle de son mari pendant son absence pour assurer à tous subsistance et loyauté.

La douce Hilda entre dans ce cadre, malgré quelques miettes de rébellion. Mais Svanhild est d’une autre étoffe.

Elle vit mal le rôle effacé de la femme, qui ne peut témoigner en procès que si nul homme n’en est capable et dont les prises de position apparaissent au mieux comme des caprices déraisonnables, au pire comme un déshonneur.

Les unions arrangées lui répugnent et elle préfère se mettre en danger plutôt que de subir ce que l’on prévoit pour elle.  Et tant pis si dans le vaste monde hors de sa terre natale ou des halles amies, elle se met en danger! Elle apprend aussi à s’émanciper jusqu’à prendre la place qui lui revient, celle d’égale. Une place qu’elle conquiert non sans peine et interrogations mais qui laisse présager une suite passionnante pour elle.

J’ai particulièrement apprécié l’évolution de ce personnage et la position que, peu à peu, elle dessine malgré le destin qui l’attendait à l’origine. Je l’ai trouvée particulièrement moderne dans une société qui, finalement, ne l’est peut-être pas tant que ça.

Et lorsque l’heure des choix arrive, … pour tous et toute, il est question de loyauté, d’alliances, de devoir familial et de destin personnel.

Ce roman est le premier tome d’une série, mais il se lit à la fois comme une aventure autonome et comme un premier chapitre qui donne envie d’en savoir davantage. Un titre à suivre !

 

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