Titre Obsess me
Auteur Laura Black
Éditeur Éditions Addictives
Date de sortie 10 Octobre 2020
Un titre à commander ici obsess me
Il y a deux ans, Chenoa a perdu tout ce qui fondait sa vie: son enfant, son mariage, son groupe et sa raison de vivre.
Pour tenir sa promesse de ne pas se laisser partir, elle a tout plaqué pour redonner un sens à sa survie, loin de l’Irlande et de ses déchirures, loin de Pharell, Ciaran et Connell, les autres membres de Keels, le groupe qui lui a tout apporté, la gloire et la douleur.
C’est au Bénin, dans un centre pour enfants qu’elle avance, pas à pas. Parfois, elle touche du doigt des moments d’apaisement. Ils sont rares et elle semble les combattre, comme pour se punir de ne pas avoir pu sauver sa Bella.
De sa vie d’avant, elle ne veut plus en entendre parler. Pas plus de Connell, son ex-mari, que de Ciaran, son jumeau, son complice de composition, ni même de Pharell, celui de tous qui a eu le rôle le plus primordial autour de son deuil.
Elle a gommé ce pan de sa vie, même si ça signifie de tourner le dos à Keel, son havre de paix, de ne pas voir assez souvent sa tante Kate, un personnage haut en couleurs et de ne plus chanter autrement que pour les enfants.
Seulement voilà, ….
Parfois la vie joue les rappels. Parfois, ses méandres rappellent que d’autres existent, par-delà les souvenirs et les douleurs. Parfois, les nécessités obligent à revoir sa position. Parfois surtout, un fantôme tout droit sorti du passé déclenche un tsunami émotionnel qu’on n’attendait pas.
Entre désir et culpabilité, Chenoa doit mener sa route, revenir sur les lieux de son passé.
Elle y retrouve ses pires cauchemars, mais aussi un cadre rassurant. Elle réalise surtout, avec une étonnante facilité, qu’elle est peut-être bien à sa place, ici, sur son île.
Mais ce retour s’accompagne aussi de ses pires souvenirs. Les causes qui la ramènent en Irlande, d’abord, sont terribles.
Elle retrouve surtout les traumatismes qu’elle a crus fuir. Certains sont couverts d’un baume apaisant, alimenté par la solidarité de ceux qui l’aiment. D’autres ravivent les pires souvenirs de son enfer.
Et puis il y a Lui. Ciaran. Celui vers laquelle tout son désir la pousse. Il a été son meilleur ami. Leur complicité était si forte qu’à deux deux, ils ont composé les plus beaux titres des Keels. Et si le guitariste s’est toujours effacé, en tout, pour laisser la lumière à son jumeau, un Connell qui apparaît dans un état de déchéance si fort qu’on ne peut que vouloir le protéger, il est aussi devenu un homme qui sait que tout peut basculer en un instant et qu’il ne faut pas laisser passer les instants de bonheur, fugaces ou éternels.
J’ai fondu pour ce roman pour plusieurs raisons.
D’abord, je l’ai dit, il aborde deux univers que j’aime. J’ai découvert, dans les premières pages, le Bénin, que Laura Black rend avec une immense tendresse. Mais les paysages de lande irlandaise, les étendues battues par les vents, trempées par les pluies, doucement réchauffées par un timide soleil, … de quoi avoir de furieuses envies de réserver ses billets d’avion.
Puis il y a le monde de la musique. Là encore, chapeau à Laura qui a composé quelques extraits de chanson aux paroles percutantes, toujours placées de façon stratégique dans l’histoire.
Cette histoire, justement! Parlons en! Enfin pas trop pour ne pas vous divulguer les éléments que je vous invite à découvrir par vous-mêmes
Elle n’a laissé que peu de répit à mon petit cœur. Les instants de passion sont puissants. Ils transportent nos héros mais dépassent le simple cadre sensuel. Plus que le rapprochement des corps, ce sont les âmes qui fusionnent entre les mots de l’auteure.
Tout ce que la pudeur, la peur du rejet, la culpabilité ne permettent pas de jeter en bouquet à l’autre, les corps, eux l’avouent sans peine.
Pour autant, j’ai été touchée de voir que ces deux magiciens, capables, par leurs mots, leurs voix et leurs mélodies de faire passer tous les sentiments, ou presque, soient tellement en peine au moment de ses les avouer. Cette maladresse, cette crainte constante, entretient une tension tout au long du roman, elle m’a donné envie alternativement de secouer nos personnages pour leur mettre les yeux en face des trous, ou de les réconforter de toute la fragilité qu’ils avouent ainsi.
À toujours craindre le pire et à voir avant tout les nuages avant l’éclaircie, Chenoa et Ciaran se blessent et j’ai eu souvent le cœur serré de leur détresse.
Heureusement, ce roman offre aussi de très beaux moments de sourire, voire plus. Ils sont souvent dus à Kate, la tante déjantée de Chenoa, un sacré personnage, parfaitement bien pensé pour offrir à la fois la voix de la sagesse et le petit grain de folie nécessaire pour reprendre son souffle.
Mais c’est dans les thèmes lourds que Laura Black m’a le plus chamboulée.
Les passages consacrés à Bella ont chaviré la maman en moi. Il y a une délicatesse dans ces passages, une puissance dans le désespoir, une empathie dans la survie si forte !
Mais les autres thèmes abordés!!!
Les retrouvailles entre Chenoa et Pharell m’ont mis une claque et j’ai dû reprendre mon souffle quelques minutes avant de poursuivre. Là encore, rien n’est dans la surenchère, mais tout dans la délicatesse qui reflète assurément, derrière la plume parfaite, une très belle âme.
Et puis il y a ce lien, unique, complexe, déséquilibré, parfois toxique mais pourtant si vital entre Ciaran et Connell.
La relation gémellaire est toujours un objet de fascination pour moi. Dans Obsess me, Laura Black a frappé très fort. Bien sûr, dès le début de ma lecture, j’avais mon parti pris, mon « chouchou » entre les deux. Je n’ai pas changé de point de vue en cours de lecture. Enfin pas vraiment. Connell m’a par moment mise en colère par ses façons, son ingratitude, son aveuglement, ses remarques abjectes. Mais comment rester de marbre lorsqu’il s’effondre? Lorsque le connard arrogant disparaît au profit du gamin écorché, de l’homme écharpé, de la rockstar paumée?
Là encore, tout est dans la nuance. Et en un mot comme en cent, dans ce domaine aussi, Laura maîtrise!
Mais s’il ne devait rester qu’une raison de vous recommander ce livre, c’est de vous dire que c’est une splendide histoire d’amour qui rappelle que tant que le dernier souffle n’est pas rendu, il reste toujours des raisons de s’accrocher et de se battre, pour ce en quoi on croit.
Et c’est une morale qui fait un bien fou!