Nos âmes louves 2/2 de Juliette Pierce

Titre Nos âmes louves 2/2 Jusqu’à l’aube

Auteur Juliette Pierce

Éditeur Black Ink Éditions

Date de sortie 2 avril 2021

Un titre à découvrir ici nos âmes louves 2/2

 

Quand les dangers se précisent et que d’autres destins se dessinent, alors chacun peut devenir maître de son avenir … à moins que tout ne soit un projet des Dieux.

Ce deuxième volet de Nos âmes louves semble fait pour confirmer cette formule.

J’ai retrouvé avec un immense plaisir la plume pétillante et les personnages attachants de Juliette Pierce. J’ai tremblé face aux dangers qu’elle concoctait pour ses héros. J’ai versé des larmes, un peu, pesté, tout autant. J’ai poussé des soupirs de midinette et quelques imprécations bien senties.

L’histoire, pour ceux qui n’ont pas entamé la duologie, suit Freya, une jeune femme qui doit faire face à la mort de sa mère, Demelza et aux conséquences de ce décès sur sa meute. Oui, il faut peut-être le préciser, Freya appartient à la meute des Midgard. Elle est la fille des Alpha Demelza et Bjorn, un loup-garou. Enfin pas vraiment. Elle est une sük, une demi-louve, une maudite coincée dans sa forme humaine, sans possibilité de se transformer.

Malgré ce que beaucoup prennent pour un handicap ou une malédiction, elle est la petite amie de CaIn, fils du clan Asgard ce que d’aucuns, à commencer par Joakim, le père du jeune homme, ne voient pas d’un bon œil. Et comme si ça ne suffisait pas, alors qu’un mystérieux fléau décime les meutes et que les luttes intestines menacent la survie des meutes, voilà qu’arrive en ville une tentation sur pattes en la personne de Lev, alpha de la meute danoise des Nidhögg.

Entre luttes de pouvoir et luttes à mort, entre passion et serments inviolables, Freya va devoir percer le secret des Dieux, les mystères de sa propre histoire et prendre en main ce qui, dans son destin lui appartient, quitte à tout risquer.

Si vous n’avez pas encore découvert cette duologie, je ne peux que vous la recommander pour tout ce qui en fait un moment de bonheur livresque.

D’abord, il y a Freya, si terriblement humaine, si résolument louve. Sa meute passe avant tout, l’intérêt du groupe avant les siens et pourtant elle parvient à ne jamais s’oublier totalement pour être une jeune femme ancrée dans sa réalité, avec son caractère et ses piques.

Ensuite, il y a le cadre. Mêler les légendes scandinaves aux loups. Bien sûr, la mythologie nordique compte ses créatures lupines, mais le cadre dans lequel Juliette Pierce développe son récit est aussi original que bien mené.

Il y a aussi tout le fond de l’intrigue. On y parle de différence, d’acceptation, de passage à l’âge adulte, de famille et de clan de cœur. On y parle intérêt et solidarité. On y murmure sens du sacrifice et passion dévorante. Bref on y distille de belles valeurs. Pour autant, ne pensez pas entrer dans un conte moralisateur. Ce qui rend les personnages de nos âmes louves si attachant, c’est justement que, par-delà leur longévité et leurs qualités particulières, ils gardent des traits de caractère imparfaits de leur humanité.

Qu’est-ce que j’ai aimé suivre la destinée de Freya ! Cette sük, demi-louve demi-femme, incapable de se transformer comme le reste de sa meute et pourtant viscéralement liée à elle, est un condensé de toutes ses contradictions. Jeune femme moderne, désireuse de sa liberté, elle est aussi gardienne des traditions, des légendes qu’elle étudie et de son héritage qu’elle défend jalousement alors même qu’elle n’y a pas pleinement droit.

J’espère avoir donné à ceux qui ont raté la sortie de cette duologie l’envie de la lire.

Mais cette chronique est également mon retour de lecture du deuxième volet, jusqu’à l’aube.

Ce qui signifie que, à partir d’ici, la lecture s’adresse plus particulièrement à ceux qui ont lu le tome 1 -ou aux intrépides hermétiques aux spoils.

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ATTENTION RISQUE DE SPOILS DU TOME 1

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Vous êtes toujours là? Alors on peut reprendre. Ce deuxième volet s’ouvre à l’instant où le premier s’était refermé.

Freya est prise au piège de la maison des Asgard. Elle a appris en direct la trahison de Lev qui n’a pas servi ses boniments qu’à elle. Pire encore, elle assiste, impuissante, à l’attaque dont il est victime. Et comme si ça ne suffisait pas, Caïn, enfermé dans l’ordre alphique de son père, est prêt à passer à l’attaque.

Situation désespérée direz-vous? On n’en est pas loin. Mais ce serait oublié que Freya semble, par moments, protégée des Dieux, de la providence ou d’un sens de l’à propos des plus développés.

Pourtant, aux prises avec des dangers trop grands pour elle, dépositaire d’un secret et d’un trésor inestimables, chargée d’une mission rien moins que suicidaire, Freya n’a pas le temps de se lamenter ni de s’étonner.

Avec sa garde rapprochée, elle doit fuir, encore et toujours, non par lâcheté mais parce qu’il faut savoir choisir ses combats.

Ceux-là lui font passer les frontières et force est de constater que l’intolérance en fait autant. Dans ce tome, plus encore que dans le précédent, Freya va devoir lutter avec ses faibles moyens, apprendre à domestiquer ce qu’elle découvre d’elle pour ne plus être seulement « Freya la fragile qui doit rester en retrait des combats » mais pour prendre sa place dans le combat à mort qui se profile. Ne dirait-on pas que le Ragnarök lui-même se profile?

J’ai aimé ce deuxième volet parce qu’il reprend les éléments qui m’ont déjà fait aimer le premier. Mais j’ai aussi été sensible à la maturité supplémentaire de l’héroïne. Surprenant alors que quelques instants se sont passés entre les deux parties de la duologie?

Oui, mais pas tant que ça. Les révélations et les responsabilités supplémentaires obligent la demi-louve à mûrir aussi vite qu’un alpha régénère. Elle n’a pas le temps de s’apitoyer sur ses amours, sur les relations imparfaites entre parents et enfants, pas même sur la bêtise archaïque de ceux qui jugent les différences comme inférieures alors qu’elles peuvent être une telle richesse!

Elle doit rester en vie, sauver sa meute, accessoirement aussi sauver le monde et contrer les dessins maléfiques de Loki et de ceux qui le suivent aveuglément. Ça fait pas mal de choses qui nuisent considérablement aux considérations d’une jeune fille en plein marasme amoureux.

Ce sentiment d’urgence qui rend tout plus vif est particulièrement bien rendu dans une lecture nerveuse et menée sans temps mort. J’ai même eu du mal à fermer ma version audible pour ne pas laisser Freya en mauvaise posture ce qui, avouons-le, lui arrive fréquemment.

J’ai aussi beaucoup aimé une plongée plus intense encore dans la mythologie, avec une façon de raconter l’histoire qui rend les Dieux plus humains, presque accessibles, dans les songes ou lorsqu’ils se donnent une mission de guide. Là encore, Juliette Pierce maîtrise son sujet. On sent, comme c’est précisé en avant propos, qu’elle veut mettre en avant cette mythologie en la modernisant. Et c’est une réussite.

Et puis, par-delà les aventures de Freya, par-delà les amours puissantes et périlleuses de Freya, j’ai beaucoup aimé la voir évoluer dans sa famille, de sang et de meute. Je me suis prise de tendresse pour son passage brutal dans un âge adulte où les premiers fidèles, les amis de toujours, restent un soutien pour aujourd’hui et sans doute pour demain.

J’ai aimé que la jeune fille un peu têtue du premier volet, sans rien perdre de son caractère -il ne manquerait plus que ça- prenne conscience que nul n’est infaillible, pas même les parents, que chacun fait au mieux et que, au final, c’est tout ce qui compte.

Je finis cette lecture comblée par une belle histoire, rythmée, vive, servie par une écriture des plus agréables, où légende et présent se mêlent subtilement, où les thèmes contemporains se fondent dans les croyances séculaires.

Je la quitte un peu triste aussi, de laisser Freya et les siens prêts à voler de leurs propres ailes.

J’en retire une certitude. Dame Pierce, toi et moi, on n’a pas fini de se croiser en version écrite, audio, ou dans ce blog! Et c’est une sacrée bonne nouvelle!

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