Love is danger de Kristen Rivers

Titre Love is danger

Auteur Kristen Rivers

Éditeur Harlequin (&H digital)

Date de sortie 13 juillet 2022

Un titre à commander ici Love is danger

Love is danger

Love is pleasure

Love is pure- the only treasure

(l’amour est danger, l’amour est plaisir, l’amour est pur, le seul trésor The power of love, Frankie goes to Hollywood).

Je ne vous le cache pas, lorsque j’ai vu que l’une de mes autrices fétiches sortait un nouveau roman dont le titre m’a immédiatement fait penser à l’une de mes chansons totem, j’ai, fait exceptionnel, négligé le résœurumé pour foncer sur ma lecture.

Quelle belle idée!!

De me laisser embarquer vers l’inconnu et de plonger tête la première dans le nouveau diamant brut signé Kristen Rivers.

Je vous pose le décor, vous allez voir qu’il est inhabituel.

Namal Burbuja vient avec toute sa famille (sa demi-sœur Peach, son beau-père Ted et sa mère Guadalupe) au Mexique, plus particulièrement dans la région du Chiapas. Ne pensez pas aux paysages pour touristes de Cancun, nous sommes au cœur des régions pauvres où la débrouille est le leitmotiv, l’entraide une nécessité, la modernité une utopie.

Drôle d’endroit pour du tourisme? Exact. mais la famille ne vient pas à San Cristobal de las Casas par hasard.

C’est là qu’habite Carmen, la mère de Gadalupe, une femme haute en couleurs, au cœur d’or, la chamane du village.

Mais quelle que soit la force qui anime ce petit bout de femme, il est des forces contre lesquelles ni son exubérance, ni la bonne volonté du Dr Cienfuegos, ni l’affection du village ne peuvent rien. Mais les moyens médicaux américains par contre …

C’est pour cette raison que la famille vient au Mexique, dans cet autre monde déstabilisant pour les filles. C’est dans ce contexte que Namal rencontre par hasard et la plus grande des maladresses Galéano Buendia et son meilleur ami Juanjo.

La première rencontre est fracassante, la seconde n’est pas moins et pourtant, l’autrice parvient à tirer de ces personnages blessés une histoire riche, attachante, passionnante et pleine d’émotions.

J’ai aimé tout d’abord les personnages. Pas de superhéros chez Kristen Rivers mais des âmes écorchées par les vicissitudes de la vie. Namal souffre d’un handicap invisible mais ô combien encombrant. J’ai eu beaucoup d’empathie pour cette jeune fille qui cumule les difficultés, de par son déficit de croissance, de par ce fameux handicap qui donne d’elle une image trompeuse et tout autant de sa difficulté à se situer. Trop mexicaine pour les Américains, trop Gringa pour les Mexicains, elle est trop proche, spirituellement, de sa grand-mère pour que celle-ci ne l’envisage pas comme sa digne héritière, mais malgré son amour de la botanique, elle est trop occidentalisée pour verser dans ces « superstitions ». C’est un des personnages, à mon sens, les plus réussis dans la galerie très riche des papillons fragiles et merveilleux de la galaxie Kristen.

Galéano -Gale pour les intimes- est lui aussi un personnage complexe que nous allons découvrir au fur et à mesure. S’il est un guitariste superbe, capable de composer des chansons parfaites et de transporter les foules, il est aussi un travailleur misérable qui s’échine dans une plantation de bananes dans une société où les possibilités sont minces entre la délinquance, la migration clandestine, le système D et les emplois précaires.

J’ai admiré sa force de caractère, sa détermination, sa volonté farouche de réparer les erreurs de son passé et dans le même temps sa capacité à s’adapter, à s’adoucir même pour Carmen ou pour Namal.

J’ai aussi été séduite, dans ce roman, par un cadre qui m’a dépaysée. Fans de multimilliardaires lunatiques, vous n’êtes pas tout à fait au bon endroit. Ici, on redécouvre des essentiels, parce que quand on manque de tout le matériel, c’est bien tout ce qu’il reste. Pourtant, la famille de Namal n’est pas particulièrement riche, mais on atteint un tout autre degré.

L’ambiance de dénuement et de retour en arrière m’a touchée, tout comme les tentatives pour un peu de modernité. Dans ce sens, le personnage de Pehpén m’a particulièrement plu.

Dans le même temps, j’ai aussi aimé le décor politique et social de ce roman qui a pas mal de fond. Qu’il s’agisse de chamanisme, d’adaptation du christianisme aux rites tzeltal ou du combat zapatiste, il y a un vrai soin dans ce roman pour lui donner une trame profonde et puissante. On pourrait parfois croire que chaque romance est transposable ailleurs. Kristen Rivers donne à son roman un ancrage suffisant pour qu’il soit unique en son genre.

De la même façon, quelle beauté dans la description des paysages luxuriants, de la flore si chère à Namal et des petits coins de paradis que recèle ce coin paumé au milieu de nul part. Mis à part mon aversion pour les moustiques et mes craintes bien légitimes quant aux nuits en hamac -et mon antipathie profonde pour les armes à feu et .. et … et …- bon d’accord, même si ce n’est pas pour moi, que j’ai aimé en prendre plein la vue avec Namal grâce aux bons soins de Galé. Merci pour la balade!!

J’ai eu le cœur saisi face au handicap invisible de Namal. Bien sûr, impossible d’en parler pour ne pas en dire trop. Mais j’ai aimé, là encore, cette spécificité des personnages de Kristen Rivers, la délicatesse avec laquelle elle en parle et toute la force qu’il faut à Namal pour faire de tout petits pas, évidents pour tous, si méritoires pour elle.

J’ai éprouvé beaucoup de tendresse (et de sourires) pour Carmen, ce personnage remarquable. Bien sûr, sa fonction de chamane en fait une femme à part, mais elle est aussi une leçon de vie à elle seule et m’a rappelé, à bien des égards, les liens que j’avais avec ma propre grand-mère. Merci Kristen pour les poussières dans l’œil.

Mais ce roman est aussi une romance qui, elle aussi, prend le contrepied des chemins battus et surbattus. Je ne vous en dirai pas trop sinon qu’elle se déguste jusqu’à la dernière goutte et confirme que si l’amour est un danger, il est aussi le plus pur des trésors, en particulier quand la plume délicate, attentionnée, décalée et émouvante de Kristen Rivers s’en mêle.

Alors n’hésitez plus, foncez sur ce Love is danger où le plus gros danger encouru est de passer un excellent moment.

 

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