Les imposteurs de John Grisham

Titre Les Imposteurs

Auteur John Grisham

Éditeur JCLattès

Date de publication 27 mars 2019

À commander sur Amazon en suivant ce lien https://amzn.to/31v2Y4E

Un titre découvert grâce à Netgalley et aux éditions JCLattès

Il y a longtemps que je n’avais pas ouvert de livre de John Grisham, par manque de temps, par envie d’autre chose. Mais lorsque j’ai vu le résumé de ce nouvel opus, j’ai foncé. Autant le dire immédiatement, je ne l’ai pas regretté un instant.

John Grisham est dans son domaine de prédilection, le droit. De par les livres, les films et les séries, la justice américaine ressemble à quelque chose de presque familier, de fascinant. Pensez plutôt, de beaux avocats en costard impeccables, façon Loi de Los Angeles en train de plaider avec passion dans un tribunal et de brasser des affaires à plusieurs zéros.

Ça vous fait envie? C’était aussi le rêve de Mark, Todd, Gordy et Zola. Leur point commun? Quatre jeunes gens pas particulièrement brillants, avec des résultats médiocres et des moyens financiers limités. Le père du premier a quitté le foyer pour refaire sa vie, laissant derrière lui sa femme et ses deux fils, dont un petit délinquant. La dernière est fille de migrants clandestins qui tremblent, depuis plus de vingt ans, d’être renvoyés dans leur Sénégal natal. Elle est aussi dans une imposture: jeune femme libérée et amoureuse dans le cadre universitaire, elle est une fille voilée et effacée en présence de son père. Américaine de naissance, elle craint néanmoins d’être arrêtée avec les siens. Tous sont, de par leur profil, des imposteurs dans leur propre rêve.

Peu d’aptitudes, peu de moyens, que sont-ils venus faire en université de droit? Ils ont, comme beaucoup de jeunes gens du même profil, cédé à l’appel des sirènes. Des universités aux plaquettes publicitaires ronflantes, de belles perspectives d’avenir radieux et surtout, des prêts étudiants presque illimités. Imaginez plutôt. Chaque semestre est financé par un emprunt que l’on remboursera six mois après la fin de ses études. Jusque là, il n’y a qu’à étudier, cumuler des stages et des démarches pour trouver un emploi pérenne, et réussir l’examen du barreau pour valider son titre d’avocat.

Et c’est là que les choses se gâtent. Un taux de réussite aussi médiocre que le niveau des étudiants le laissait craindre, des perspectives d’emplois réduites à peau de chagrin et surtout, surtout, les chiffres de la dette qui creusent un tel gouffre qu’il est impensable de commencer à le combler en travaillant dans un bar ou en faisant des stages non rémunérés.

Le miroir aux alouettes se transforme en mare puante des illusions fracassées. Et comme si ça ne suffisait pas, Gordy, le bipolaire de la bande, coincé entre un mariage programmé depuis son enfance et une aventure interdite, élabore une thèse délirante impliquant un magnat des affaires, des montages financiers litigieux et une arnaque monumentale.

Et en parlant d’arnaque…

Ce roman, comme son titre l’indique, est le récit d’une imposture qui m’a fait osciller entre sourire incrédule et stupeur. Mark et Todd montent ce qui paraît être l’arnaque parfaite. Forts de leur culot, des quelques connaissances glanées dans leur école et d’une belle qualité d’observation, ils vont simplement s’improviser avocats.

Et si, de leur propre aveu, les pseudo-avocats naviguent à vue, surfant pour éviter des « collègues » jaloux et les organismes de recouvrement de leurs crédits, ils élaborent un plan de carrière fondé sur l’image. Le look, l’attitude, la mise en scène, tout est calculé selon ce qu’ils sont censés être.

Les risques paraissent calculés. Agir en toute illégalité pile au coeur du système judiciaire, c’est totalement inconscient ou incroyablement futé. Tout le roman oscille d’ailleurs entre ces deux possibilités. Génie ou fous furieux, je n’ai pas encore entièrement décidé de mon diagnostic.

À ce stade de l’histoire, le lecteur, habilement orienté sur plusieurs intrigues, autour de chacun des protagonistes et de leur entourage, se demande si les acolytes terribles vont arriver à gruger leur monde et construire leur succès, voire monter en grade, ou si leur gourmandise va finir en catastrophe.

Bien évidemment, je vous laisserai la surprise du dénouement concocté par le sieur Grisham. Pour ma part, je l’ai trouvé un peu court, mais peut-être est-ce dû à ma propre gourmandise, étant donné que les 400 pages du livre se dévorent aisément.

Au-delà de l’intrigue principale, j’ai aimé les thèmes sous-jacents abordés, que ce soit celle des arnaques totalement légales autour des études ou du sort de ces migrants clandestins qui bâtissent une vie entière dans un état, tout en tremblant d’un retour au pays.

Au final, ils sont nombreux les imposteurs de cette histoire. Certains sont punis. D’autres s’en sortent. Le final est-il moral? Je laisse chacun en juger selon ce qui lui paraîtra juste ou non.

Pour ma part, j’ai été une nouvelle fois, séduite par le style, le rythme et la narration de John Grisham et ça, pour moi, c’est loin d’être une imposture!

Articles en lien

Insignis de Charlotte Letourneur

La cérémonie de Florian Dennisson

Adessias Bonne mère de Sylvain Dunevon