Trilogie Witch de Laurence Chevallier, Emilie Chevallier et Sienna Pratt

Titre Witch (Witch Wolf, Witch Vampire, Witch War)

Auteures : Laurence Chevallier, Emilie Chevallier, Sienna Pratt

Editeur Black Queen Editions

Dates de sortie 22 Octobre 2021, 20 mai 2022, 17 février 2023

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On ne se mélange pas, on ne trahit pas, on ne se montre pas.

Trois règles immuables. Ça tombe bien, cette saga tombe sous la règle des trois.

Trois auteures. Trois tomes. Trois règles. Trois catégories de populations surnaturelles qui cohabitent en secret à Fallen Creek, Caroline du Nord.

Et au milieu des vampires et des loups garous, elles sont trois. Trois sorcières. Neeve Forrest, manager d’équipe à la Bank of North Carolina, Elinor Moon, prof à la Wiccard Academy et Sixtine Shadow, avocate brillante et tenance.

Elles sont trois, inséparables depuis leur prime enfance, colocataires dans un grand loft pour se détacher de leurs éminents parents, sorciers de vieilles familles qui pèsent dans la communauté.

Elles partagent tout, leurs joies, leurs soucis, les déboires judiciaires d’une Neeve un peu trop entreprenante avec la gent masculine aux difficultés professionnelles d’Elinor, malmenée par des petits démons (non, des petites sorcières teigneuses, mais c’est presque pareil), leurs parents et Lennox Hawk, Amnistral de son état et directeur de l’Académie.

Elles vivent leurs vies de jeunes célibataires, leur cohabitation, leurs soirées bien -trop- arrosées. Elles sont prêtes à tout les unes pour les autres et prennent soin les unes des autres de toutes les façons, que ce soit dans un procès impossible à gagner, l’écoute des problèmes insondables ou même en jetant un sort apte à protéger les trois jeunes sorcières de dangers mortels.

En effet, alors que la vie ressemblait -presque- à un long fleuve tranquille, il semblerait que de mauvais esprits -sans jeux de mots- aient décidé d’éliminer les trois belles.

Il leur faut quitter le monde habituel et se réfugier là où personne ne viendra les chercher. Pile les poilus, face les sangs gelés, avouez que le dilemme est cornélien.

Il est le résultat des réflexions d’Elinor, la plus fragile, mais aussi, d’une certaine manière, la plus sensible des trois. C’est donc ainsi que nos trois sorcières vont briser la première des règles.

Qu’en est-il des deux autres ? Il vous faudra lire cette excellente trilogie pour le découvrir.

Je l’ai découverte par le biais d’un concours et je dois avouer que le premier volume m’a rapidement entraînée à la lecture du second et du troisième tout aussi rapidement.

J’ai beaucoup aimé ce roman à six mains et autant de voix, voire plus.

L’alternance des narrateurs est un vrai bonheur. En effet, les trois filles sont si différentes -et mon petit doigt de blogueuse me souffle qu’elles empruntent chacune à l’une des plumes- que rentrer dans leurs pensées, tenter de prévoir leurs réactions ou, mieux encore, de les comprendre, est passionnant. En effet, on pourrait craindre que, à force de vivre ensemble et de s’aimer si fort, les trois inséparables auraient déteint les unes sur les autres. Pas du tout, bien au contraire.

Le vécu de chacune, les choix qu’elle fait, tout autant que ceux qu’on lui impose, font évoluer chacune des trois à leur façon. La métamorphose la plus flagrante est, pour moi, celle d’Elinor. Malheureuse dans un métier où la vocation a rapidement laissé place à la souffrance, la culpabilité et au cocktail détonnant alcool-antidépresseurs, elle prend la tête des opérations pour sauver tout le monde et se fondre dans son nouveau cadre. Elle y retrouve, comble de l’ironie, le plaisir de former les plus jeunes avec un succès certain et une douce autorité qui contraste avec la façon dont elle se faisait déborder par tous, élèves, parents et direction.

Pour autant, il ne faut pas croire que les deux autres membres du trio ne connaissent aucune évolution. Sixtine, la reine du contrôle et des règlements, perd au contraire toute mesure en prenant possession de sa nouvelle condition. Elle est sans doute celle qui perd le plus de vue sa situation initiale.

L’évolution de Neeve est plus délicate. J’y ai davantage vu un retour aux sources. Échaudée par le fracas d’un premier amour comme on n’en connaît qu’un, elle a, depuis, tendance à oublier dans des bras accueillants le manque qu’elle ressent.  Son aventure va lui permettre d’explorer pleinement ce chemin, mais aussi de faire le point sur l’importance des sentiments.

Bref, aucune des sorcières ne va ressortir identique de son aventure. Et pour cause. Rappelez-vous de la première règle…

Mais est-elle aussi immuable et légitime qu’on a bien voulu le faire croire depuis la nuit des temps ?

En découvrant les deux autres castes, Neeve, Sixtine et Elinor doivent bien reconnaître qu’une partie de leurs préjugés est mis à mal. Certes, il existe des différences notables entre les espèces, mais sont-elles pour autant le symbole de différences inconciliables comme on le leur a enseigné ?

Et si cette règle s’avérait fausse, si les métissages étaient possibles, avaient déjà existé, sur quoi d’autre les conseils auraient-ils pu mentir ?

Car n’oublions pas que cette trilogie doit son point de départ, mais également l’une de ses forces au danger qui rôde. Les trois sorcières ont été la cible de tueurs. Mais de quel camp ? Et dans quel but ?

Il y a donc toute une enquête, menée par les filles, mais en sous-main à cause de leur exil forcé, mais aussi par les autorités, à commencer par Lennox Hawks, en continuant par les parents Forrest, Moon et Shadow, car il en va de la survie de leur progéniture.

En effet, le Coven ne plaisante pas avec les règles, encore moins avec leur violation et chaque entorse exige qu’on rende des comptes au nom de traditions séculaires et de châtiments qui le sont tout autant.

Vous l’aurez compris, entre passion et danger, entre complot et découverte, entre amour et sacrifice, cette trilogie a de quoi faire battre le cœur plus vite.

Par-delà la narration parfaitement équilibrée entre la romance, l’urban fantasy et l’enquête, les trois auteures s’offrent le luxe d’aborder de grands thèmes qui dépassent le simple cadre de la trilogie.

On y parle de l’affrontement entre la tradition et la modernité. Plus qu’une question de générations, c’est vraiment la lutte entre les tenants de la coutume, de ce qui se fait depuis toujours, des dogmes qu’on accepte sans les réfléchir et de l’élan qui pousse à reconsidérer les événements et les situations avec des yeux neufs ou du moins ouverts sur d’autres réalités.

Cette série est porteuse d’espoir parce qu’elle montre que l’avenir ne passe pas par le repli sur soi et sur ses craintes, mais par l’ouverture sur les autres, sur la richesse qu’apporte le métissage, sur le principe de laisser une chance à tous, même à ceux qu’on n’attendait pas, ou dont on n’espérait rien.

Elle est également précieuse car elle incite chacun, même le plus convaincu ou le plus endurci, à repenser son obéissance à des règles aveugles et injustes. Un alpha confronté à la douleur de sa tâche, des parents devant le pire des dilemmes, chacun a ses raisons d’envisager une forme de désobéissance civile. Ce n’est pas pour autant l’anarchie, car des règles doivent être posées. Seulement, elles doivent prendre en compte le bien-être du plus grand nombre, pas le privilège d’une mini-caste ou d’un groupe qui s’estime comme autorisé à dominer.

Enfin, cette trilogie interroge sur le sens de l’amour, sous toutes ses formes, l’amour familial tout d’abord, qui touche la plupart des protagonistes de l’histoire et rappelle que, si elle peut être un fardeau, la famille devrait être avant tout le premier et le dernier refuge quand tout s’écroule.

L’amour d’amitié occupe également une place centrale dans cette histoire. Elle fait des miracles, elle entraîne des catastrophes, mais elle palpite, si forte et si puissante qu’il est difficile de souhaiter autre chose que cette affection en or massif.

Mais cette série est aussi marquée par l’amour passion que rencontrent nos personnages. Il est parfois destructeur, souvent libérateur. Il peut être apaisant ou au contraire faire perdre tous ses repères. Il est, encore et toujours, l’un des moteurs du monde, celui qui donne la force de tout affronter. Il est le sentiment que rien ne surpasse, à part peut-être l’amitié.

Trois auteures, trois tomes, trois règles à respecter absolument.

Trois cœurs purs et passionnés.

Trois bonnes raisons, au moins, de craquer pour cette trilogie …

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