La rebelle de Castel Dark de JC Staignier

Titre La rebelle de Castel Dark

Le destin des coeurs perdus tome 2

Auteur JC Staignier

Éditeur Something Else Editions

Date de sortie 27 juin 2019

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Un titre découvert grâce à Netgalley, à l’éditeur et à l’auteur

Il y a presque un an, je découvrais la plume de JC Staignier et sa saga historique, le destin des coeurs perdus (chronique du tome 1 ici https://melimelodegwen.fr/index.php/2019/03/03/les-damoiselles-de-castel-dark-tome-1-de-jc-staignier/). Si vous l’avez lu également, vous vous rappelez de la terrible fin de ce premier volume et alors, comme moi, vous vous demanderez pourquoi il m’a fallu presque un an pour dévorer le deuxième opus. La réponse est malheureusement simplissime. Parce que les journées ne font pas soixante heures et que parfois la vie nous oblige à remettre à plus tard.

Heureusement, la lacune a été réparée ces jours derniers et me voici, prête à vous livrer mon avis sur la Rebelle de Castel Dark.

D’abord, une remarque, malgré le délai très long entre les deux lectures, j’ai replongé avec facilité dans l’univers de Castel Dark, dans ces moments de solidarité communautaire aussi bien que dans ses heures les plus sombres.

Pour éviter tout spoil, à partir de maintenant, je recommande à ceux qui n’ont pas lu le tome 1 de ne pas aller plus loin.

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Références au tome 1

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Parlons donc du tome 2, entre gens avertis.

S’il est dans la continuité de l’histoire du premier volume, ce roman s’en distingue nettement par sa tonalité.

Le contraire aurait été étonnant. Si la mort croise la route des Demoiselles de Castel Dark, moitié du fait de la dureté des temps, moitié de la noirceur des hommes, Aelis, l’héroïne du deuxième volet, baigne dans la mort.

Elle a encore en tête le suicide de Mary, suppliciée par son mari le monstrueux Arthur Templeton. Elle ne peut surtout ôter de son esprit le massacre de Castel Dark dans lequel ont péri sa soeur et son beau-frère.

C’est donc l’esprit plein de noirceur qu’elle quitte l’Angleterre avec quatre jeunes âmes à sa charge et l’esprit des défunts tourmentés comme compagnons.

Et ce n’est certes pas le beau Brett, capitaine séduisant et séducteur, qui va la détourner de ses desseins de vengeance. Et qu’importe que dans ses bras seuls elle soit capable de trouver une peu de repos. La différence de classe sociale tout autant que leurs destins les séparent.

En France, Aelis retrouve Jane, l’autre soeur rescapée. Les deux jeunes femmes sont aussi différentes que l’on peut l’être. Jane, mariée depuis dix ans à Edmond, a un sens des convenances aigu et un amour des enfants que la vie lui refuse. C’est donc naturellement qu’elle fait siens les quatre petits orphelins qui grandissent en âge, en beauté et en sentiments à la cour troublée de Charles le fou et d’Isabeau de Bavière, en ce début de XV° siècle. Jane aime sincèrement sa soeur. Mais elle ne parvient pas à faire siens ni le mode de vie d’Aelis, ni sa parole trop libre, ni le désir forcené de vengeance qui guide tous ses actes, même les plus répréhensibles. Et son mari Edmond, si proche de la reine, n’est pas plus tolérant de cette belle-soeur qui bafoue les règles sociales ou morales.

C’est que rien n’arrête la rebelle de Castel Dark dans sa quête absolue d’accorder aux morts un repos bien mérité. Ni le souvenir des aimés disparus dont les souvenirs la traversent souvent, ni la présence spectrale de son ancêtre ne lui en donnent le loisir. Alors Aelis utilise toutes les armes à sa disposition. Elle dupe, elle triche, elle séduit. Si parfois elle s’accorde une parenthèse de bonheur aussi puissant qu’éphémère, c’est surtout le devoir qui la guide jusqu’à se donner au diable incarné.

Et tant pis si elle y risque sa vie et son âme, tant pis si le sacrifice consenti est celui de son propre bonheur, sans compter son salut ou même sa vie.

Dans une intrigue riche et machiavélique, où la grande histoire côtoie la fiction, JC Staignier réussit un roman nerveux et passionnant, où j’ai tremblé souvent pour la belle Aelis, autant que j’ai eu le coeur serré pour les choix qu’elle fait sans hésiter.

C’est qu’il faut s’en donner, de la peine, pour accomplir sa vengeance sans se faire prendre. Ça demande du temps, de la patience, de l’abnégation et une grande dose de duplicité où l’on peut se perdre soi-même.

Aelys réactive des réseaux, n’oublie rien ni personne. Sa vengeance est terrible, surtout lorsqu’on se la représente, menée par une frêle femme dans un temps où leur rôle se résume essentiellement à la décoration et à la pérennité de la lignée. Quoi qu’elle soit elle-même un contre exemple de ce schéma, la reine Isabeau reste une exception, grandement haïe parce qu’elle ne respecte pas les codes.

J’ai d’ailleurs aimé le portrait des femmes réalisé dans ce livre. Nobles ou de plus basse extraction, toutes doivent composer avec une époque qui ne les épargne pas, mais où leur marge de manoeuvre est des plus restreintes. Loin d’une image de la moralité contrainte des femmes, ce roman montre un monde où les alcôves bruissent de soupirs que le cadre religieux n’approuverait certainement pas.

Dans ce cadre, les familles se composent par le sang mais pas seulement. La position de Brett entre ses « deux mères » en est un bel exemple. J’ai aimé la relation de ces deux femmes avec l’indomptable Aelis. Et si les femmes se sacrifient souvent, faute d’une place suffisante, elles savent aussi se battre avec leurs armes . Mais ce n’est rien comparé à l’attitude d’Aelis. Si sa personnalité est un peu hors norme, il y a une grande modernité en la belle Banshee et une volonté de fer sur laquelle repose tout le salut de sa lignée.

Cette partie de l’intrigue m’a séduite, par son aspect hautement stratégique tout autant que par les élans plus paranormaux. Avec une satisfaction presque sadique, j’ai suivi la descente aux enfers des bourreaux, leur châtiment tantôt brutal tantôt long d’un raffinement terrifiant.

Mais parce que l’auteure est très forte, elle amorce aussi le rebondissement vers la suite des aventures de Castel Dark. En effet, Clayton, Eulalie, Colin et William grandissent et ils font leur place, dans leur famille d’adoption, à la cour de France, voire ailleurs. Ils préfigurent par leurs tempéraments et leurs inclinations une suite tout aussi passionnante que j’ai hâte de découvrir, … dans un délai plus raisonnable pour satisfaire ma curiosité et mon affection pour cette saga aux multiples passions.

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