Just Sex & tattoos de Mina Zadig

Titre Just sex & Tattoos

Auteur Mina Zadig

Éditeur Éditions Addictives

Date de sortie 19 février 2020

Un titre à commander ici Just Sex & tattoos

Pour cette plongée dans ma PAL, je voulais une comédie romantique traitant d’un de mes sujets de prédilection, les tatouages. Je connais bien -et j’adore- la plume de Mina Zadig, je me suis dit « allons-y pour une comédie légère et sexy ». Juste du sexe et des tatouages, avouez que c’est plutôt prometteur.

Ces promesses, le roman les a toutes tenues et même plus. Par-delà la romance pas si légère mais diablement sexy, j’ai aussi découvert des personnages hauts en couleurs et en douleurs, des amitiés fortes qui donnent envie de s’y faire une petite place, des vacances au Canada à la tournure inattendue, mais aussi des failles et des secrets, un peuple et des coutumes qui m’ont totalement conquise.

Camomille a vingt-quatre ans, un prénom de tisane auquel elle préfère Camille ou Came, voire Meri le surnom que lui a donné Mélanie, sa meilleure amie, en référence à Merida, l’héroïne de Rebelle. Suite à un accident de cœur -rien de médical, on est dans le purement sentimental- elle a tiré un trait sur les hommes. Enfin pas tout à fait. D’accord pour les coups d’un soir, du moment qu’il n’y a pas de sentiments. Parce que les sentiments, c’est bien connu, ça vous rend vulnérable et que tôt ou tard ça vous fait souffrir. La rubrique cœur d’artichaut, elle la laisse à Mélanie, capable de tomber amoureuse plus vite qu’un parcours de cent mètres en Velib’. Toutes deux sont éditrices et sans surprise, si Mel a opté pour la branche romance, Camille la fuit absolument, lui préférant la science fiction, mais aussi les vampires et les esprits en tous genres.

Ensemble, elles multiplient les 400 coups, les sorties et les défis stupides. Dernier en date: se faire faire un tatouage commun. C’est ainsi que les deux miss se retrouvent dans le salon « Ombres » le terrain de jeu de Nestor et Thunder.

Le premier, très chauve et très tatoué, est sympathique, jovial et tape immédiatement dans l’œil de l’amoureuse de l’amour. Le second est …. un coup de tonnerre. Très brun, les cheveux très longs, très sexy, très tatoué, très beau, très provocateur… j’ai déjà dit qu’il était sexy?

Bref, en dépit du fait que dès le départ, Camille et Thunder se chamaillent et se provoquent, notre éditrice aux cheveux rouges a un coup de sens pour le tatoueur d’origine Abenaquis (des Indiens d’Amérique du Nord). Un coup de sens? Oui, parce que rappelez vous, pour elle, les coups de cœur sont exclus.

Alors que là, c’est sûr. Un tête à tête, un corps à corps, big bang assuré et hop on tourne la page.

Ce serait simple, non? Un peu décevant aussi? Pas faux! Et surtout, ça ne servirait pas notre romance. Mais qu’est-ce que Mina Zadig a donc prévu de plus pour nous attacher aux pages de ce roman?

D’abord, elle a prévu un héros impossible à détester et presque aussi difficile à aimer. Autant le dire clairement, Thunder alterne des moments de complicité, de bienveillance, d’attention qui donnent envie de ne plus le quitter, avec des moments d’une muflerie telle que le recours à la violence n’est pas à exclure. Et si encore on pouvait l’oublier facilement, genre amant médiocre, coup moyen, numéro à oublier même pour les soirs de pénurie… Que nenni!

Il faudrait inventer un huitième voire un neuvième ciel au moins pour décrire ce que ressent Came, presque aussi vite qu’elle se crashe au sol.

Les quiproquos ou les malentendus sont légion et vu que l’histoire est essentiellement vue par la belle, difficile de s’y repérer dans le cerveau du tonnerre qui la malmène.

J’ai beaucoup aimé aussi l’héroïne. Camomille est baignée de certitudes, sur les hommes, sur les sentiments, sur les lectrices de romance aussi (ohhhhh la vilaine). Enfermée dans ses préjugés, elle a vite fait de prendre les mesures en conséquence. Parallèlement, elle est impulsive mais aussi, et c’est son charme, un peu faible de caractère. Faible face à Melanie dont elle redoute les bouderies qui la laissent systématiquement perdante, faible face au sex-appeal de Thunder, faible face à l’appel de son quasi-papi Jasper qui lui propose de venir tout oublier au Québec, comme lorsqu’elle était plus jeune.

Ces vacances dans la Belle Province sont une très très bonne idée dans le scénario de ce roman. D’abord, elles permettent au talent descriptif de Mina Zadig de nous faire voyager. Ensuite, elles offrent aux personnages de nouveaux horizons qui évitent ce qui aurait pu tourner à un jeu de chat et de souris redondant. Mais surtout, elle ouvre une nouvelle dimension dans le roman. Parce que la génération des grands-parents (Jasper et Naya) est très loin de la tisane -décidément- et de l’inaction au coin du feu. Mais surtout parce qu’elle nous fait entrer de plain-pied dans la culture et le passé de Thunder.

Un passé personnel, d’abord, qui permet un peu mieux de comprendre qui il est et les événements qui l’ont forgé. Un passé culturel aussi avec le peuple dont il est originaire. J’ai beaucoup aimé ce pan du roman, tout comme je suis tombée en affection pour Naya, la sagesse qu’elle incarne et toute la vitalité de cette femme que la vie n’a pas épargnée.

J’ai aussi été touchée par la façon dont Camille se révèle au Québec. Elle reste toujours aussi passionnée et impulsive, mais elle s’autorise aussi d’autres facettes qui la rendent particulièrement attachante. En entrant dans la vie de Thunder bien malgré elle, elle se révèle aussi, en miroir et puise dans ses ressources pour être la femme de la situation. Cette évolution m’a permis de m’attacher à elle plus facilement que lorsqu’elle jouait la carte de la fille intouchable.

Cette romance m’a enfin tenu en haleine par son intrigue. Dans le roman, Camille et Mélanie ont une discussion au sujet de la romance. La sceptique de l’amour explique que de toute façon, on sait d’avance comment finit l’histoire, ce à quoi la fleur bleue lui répond que la finalité n’est pas le but mais le chemin pour l’attendre.

C’est cette maxime que le roman de Mina Zadig vérifie avec talent. À coups de malentendus et de coups de vache, de fins de non recevoir et de tentations, de rebondissements et de moments forts à partager, l’auteur nous démontre que sa romance, c’est juste du sexe, des tatouages … et des petits trucs en plus qui lui donnent toute sa saveur!

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