Impurs de Marjorie Khous

Titre Impurs

Auteur Marjorie Khous

Éditeur Black Ink Editions

Date de sortie 3 novembre 2023

Un titre à commander ici : https://amzn.to/3OxBHsl

 

Jusqu’où peut-on aller pour sa famille ? Qu’est-ce qu’une famille peut imposer à ses membres ?

Parmi les nombreux points soulevés par Impurs, le dernier né des romans de Marjorie Khous -le premier pour moi-, ces deux questions occupent une part majeure.

Vous le savez, vous qui me suivez, j’ai tendance à dire que je ne lis pas de Dark romance. Pourtant, cette précision est notée dès le titre du roman. Alors, pourquoi suis-je allée me jeter à cœur perdu dans ce roman, tout en sachant que j’allais y être malmenée, bouleversée -mais aussi, je vous rassure, passionnée, emportée, enthousiasmée et bien plus encore ?

Il y a plusieurs raisons à ce choix. D’abord, le résumé et le thème abordés (les sectes) ont attiré une attention que la somptueuse couverture du roman avait déjà bien retenue.

Ensuite, je brûlais de découvrir l’écriture de Marjorie.

Enfin, mais c’est un argument qui compte, j’ai toute confiance dans la qualité des titres sélectionnés et édités par Black Ink Editions et les retours que j’ai croisés étaient plus que prometteurs.

Bref, vous l’aurez compris, mes craintes d’un côté, ma curiosité de l’autre … je ne suis pas si trouillarde que ça, finalement !

Il faut dire que cette histoire vaut le coup et qu’elle est encore plus intense que je ne l’attendais.

Sixte Davies a vingt-quatre ans à peine, mas une vie marquée d’abus en tous genres. Ils s’expliquent en partie par la disparition de sa famille, ses parents et sa petite sœur Elena. Depuis leur départ, sa vie n’a plus de sens et un seul but, les rejoindre, les retrouver et si possible les sauver.

C’est son but avoué, celui qui guide toutes ses actions et l’empêche de vivre pleinement même au côté de Jack son ami-amant, son premier soutien.

La pire souffrance pour la jeune étudiante en arts, c’est qu’elle sait parfaitement où se trouvent ceux qu’elle aime : au domaine des Fawls.

Là, le prophète Yonathan Faws règne sans partage sur des fidèles convaincus et entièrement soumis à sa volonté et à ses désirs.

À ses côtés, ses fils Alexander et Cyllian le secondent en attendant de prendre un jour sa place au sommet de cette pyramide d’or.

D’or, de luxure et de terreur, pour être totalement complète. En effet, le pouvoir de Yonathan passe par un endoctrinement sans faille et des désirs constants et pleinement assouvis par des jeunes -parfois très jeunes- filles, élevées dès l’enfance pour satisfaire le prophète au sang d’or.

Si les plus folles rumeurs courent sur les Fawls et leur communauté, personne ne semble capable de se dresser contre eux, encore moins d’intervenir dans leurs affaires. À moins, peut-être, de s’introduire soi-même dans le domaine. Sans garantie de succès. À ses risques et périls. Quel qu’en soit le prix.

Pour Sixte, celui-ci est élevé. Devenir l’une des épouses de Cyllian, le fils cadet du prophète, à la réputation exécrable.

Flanquée des autres épouses, dont la redoutable Drucilia, Sixte va devoir plier pour ne pas rompre, ouvrir les yeux et les oreilles en gardant ses lèvres closes, contempler l’inacceptable, se méfier de tout le monde et tenter de survivre et de retrouver les siens.

Et comme si ces dangers ne suffisaient pas, il y a aussi son « mari », l’inaccessible et insondable Cyllian. En dépit de la famille qui est la sienne, de la réputation qui le précède et de son comportement glacial, il se dévoile bien différent de ce qu’imaginait et redoutait Sixte.

Il a la beauté du diable et ses côtés sombres. Il est aussi, tout comme les autres, prisonnier d’une discipline qui lui échappe. Est-il complice ? coupable ? otage ? victime de la secte ?

Il est surtout le danger incarné, mêlé à la séduction la plus captivante.

Sera-t-il la perte de Sixte ou sa rédemption ? L’histoire vous le révèlera.

Moi, par contre, je peux vous dire pour quelles raisons je l’ai autant aimée.

D’abord, je vous l’ai dit, je découvrais l’écriture de Marjorie Khous. C’est une très belle première rencontre.

Son écriture est précise. Elle kidnappe son lecteur, l’emprisonne dans une histoire au parait dosage entre introspection et action, entre présent et passé. L’alternance des points de vue permet d’avoir une longueur d’avance sur les personnages. Loin de nuire au suspens, elle donne au contraire des clefs pour approfondir sa compréhension de la situation. Elle dévoile surtout, au fur et à mesure, les personnages et leurs fêlures, leurs motivations et les pièges dans lesquels ils sont enfermés.

Ensuite, j’ai beaucoup aimé les personnages qu’elle a créés. Ils sont cabossés, imparfaits, nuancés. J’ai aimé que Sixte soit aussi fêlée. Elle serait une cible parfaite pour une secte. J’ai d’ailleurs passé un long moment à me demander ce qui serait le plus puissant entre sa détermination et l’ambiance lancinante, lobotomisante du domaine.

La personnalité de Cyllian, dévoilée grâce aux chapitres de son point de vue, est tout aussi complexe. Je suis admirative du travail de l’auteure sur la psychologie de ce personnage qui est loin d’être simpliste.

D’ailleurs, la complexité et le travail psychologique sont deux des points très forts de ce roman. Ce sont sans doute aussi une partie des raisons pour lesquelles, malgré ma faible résistance face à la dark romance, je suis entrée aussi bien dans cette histoire.

Elle est forte, puissante, effrayante et belle en même temps. Elle est formidablement bien écrite. Elle contient des scènes très dures à lire, mais tout est « justifié ». Il n’y a rien de gratuit, rien d’inutilement gore, ce qui rend la lecture, à mon sens à la fois plus forte et en même temps plus aisé à appréhender.

Ensuite, j’ai été très intéressée par le thème traité. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai choisi ce roman. Je me suis d’ailleurs rendu compte que dans le même mois, j’ai lu deux titres sur ce sujet, quoique très différents. Le domaine des sectes me perturbe autant qu’il me fascine.

Je suis toujours effarée par l’emprise totale exercée sur les autres, par la capacité à annihiler toute volonté propre pour la plier à celle d’un autre, à accepter les pires abus, et avec le sourire en plus. En ce sens, le regard distancié de Sixte et Cyllian forme un contrepoint passionnant face à la dévotion totale des adeptes.

J’ai aussi été séduite par la romance traitée dans ce roman. Le sexe a, dans la secte, une importance majeure et nauséabonde. Aussi, la relation entre les personnages ne peut pas être marquée par du sexe léger ou joyeux. Il est marqué de trop d’abus, de trop d’horreurs, pour être dans une romance classique. Là encore, la façon dont l’auteure ménage la romance au milieu de ce sordide relève de l’équilibrisme et constitue une prouesse que j’ai ressentie au-delà des sentiments que ma lecture a générés.

J’ai l’habitude de dire que je ne lis pas de Dark. Je crois que cette lecture, pourtant précisément fléchée dans cette catégorie, me pousse à rectifier. Je ne lis pas de dark, a priori. Mais proposez-moi un titre puissant, bien écrit, sombre, mais avec une forte réflexion et une recherche psychologique abouties et là, sans doute, je vous dirai OK.

En tout cas, rendez-vous est déjà pris avec Marjorie Khous, que j’ai hâte de retrouver !

Articles en lien

Aeternus 2 d’Anna Wendell

Welcome to the Phare Ouest de Karyn Adler

Gardiens 4/5 d’Anna Wendell