Titre Hell’s Rider
Auteur Gaëlle Sage
Éditeur Éditions Addictives
Date de sortie 26 septembre 2022
Un titre à commander ici Hell’s rider
Un an et demi depuis ma dernière incursion chez les Hell’s dogs de Tucson, c’est clairement trop long. Pourtant, c’est le temps depuis Arrogant Rider le 3° opus que Gaëlle Sage a consacré au clan. Vous ne me croyez pas? La chronique le prouve! https://melimelodegwen.fr/arrogant-rider-de-gaelle-sage/
Attention, chaque volume peut être lu de façon indépendante mais chaque histoire donne forcément des indications sur l’histoire précédente. Donc des détails des autres volumes peuvent se retrouver dans cette chronique.
Des frères Jackson, fils d’Apo, le Prés, tous rattachés viscéralement à leur famille de cœur mais aussi à leur sang, il n’en reste que deux à caser. Et quels specimens!
Si le taiseux Seth est encore hors jeu pour le moment -attention trésor, ça se rapproche!- il est temps de s’intéresser au plus improbable des cœurs à prendre de la tribu.
Drake lui-même, le queutard n°1 du club, l’homme qui a vu plus de brebis qu’un berger dans toute sa carrière, le sergent d’armes du club, le trompe la mort au cœur immense, le frère le plus agaçant de la planète, la langue la mieux pendue d’Arizona.
En attaquant cette histoire, je me suis dit que Gaëlle Sage plaçait la barre haut car aucun de Hell’s dogs ne semblait plus impossible à caser que celui-ci, à part bien sûr Apo, toujours en deuil de l’amour de sa vie et qui me touche à chaque fois que l’on considère sa situation personnelle.
Mais revenons à Drake. Le trompe la mort a bien failli embrasser la Faucheuse d’un peu trop près. Du repos forcé qui en a résulté ont découlé deux réalités. D’abord, Drake a réfléchi à la façon de développer encore le club et a trouvé l’Idée en or: une boîte de services liées à la pornographie et aux plaisirs du sexe. C’est presque une évidence lorsqu’on connaît le personnage. Ce qui est plus surprenant, c’est le sérieux avec lequel il a monté son projet, tous les détails auxquels il a pensés pour faire de ce lieu sa réussite et sa carte de visite. En effet, Drake n’est pas que le rigolo de la bande, l’homme qui tire plus vite que son ombre. Il est aussi capable d’être très réfléchi et sa loyauté au club et à la pérennité de celui-ci est sans faille.
Mais les semaines d’inaction forcée de Drake l’ont aussi poussé à repenser sa vie. Une sorte de lassitude l’envahit. Est-ce dû à l’exemple de sa sœur et de trois de ses frères, heureux dans des couples fusionnels quoique diamétralement opposés? Est-ce l’exemple de Devil et June, le couple insubmersible, ensemble depuis toujours ou presque?
Junior, la « meilleure extension de lui-même » a beau toujours trouver brebis à sa mangeoire, l’homme dans son intégralité sent un vide que ni Lips ni aucune des filles du club ou des alentours ne semble pouvoir combler malgré tout leur zèle.
Jusqu’à ce qu’Elle arrive. Elle, la rousse incendiaire au regard unique et pourtant déjà vu au club, elle, la petite nana capable de le mettre à genoux en deux mouvements, elle qui, avec son franc parler et sa détermination, risque de mettre un sacré bazar dans ce que le club a de plus précieux, son unité.
Elle, c’est Lyra O’Sheily, une inconnue qui débarque avec la plus grande des révélations.
Écartelé entre sa loyauté pour le club et cette sensation inédite qu’il ressent, un peu trop fort, au contact de l’intruse, Drake se retrouve au centre d’une aventure où chacun va devoir passer outre ses certitudes et ses craintes pour trouver le meilleur.
Après un tout petit délai, nécessaire pour reprendre mes marques dans la tribu des Hell’s dogs, j’ai passé un délicieux moment de lecture.
D’une part, Drake a une tête de chouchou-tête-à-claques. Vous savez, ce sale gosse qu’on aimerait réprimander mais dont les pitreries sont si réussies qu’on ne peut s’empêcher de sourire. C’est tout Drake, ça … enfin, avec des arguments physiques qui en font tout autre chose qu’un gosse et une libido qui le classe résolument dans la catégorie adulte.
Il a toujours le mot pour rire, donne envie de le claquer autant que de l’embrasser. C’est un boute en train et ses joutes verbales avec Lyra sont excellentes. Elles apportent au roman un vrai vent de fraîcheur même à des moments incongrus.
Pourtant Drake est aussi un homme qui, aussi surprenant que cela puisse paraître, a ses failles, ses doutes, ses craintes. Par contre, il n’a pas vraiment le mode d’emploi pour les gérer. Il faut le comprendre aussi. Au club, face aux grandes contrariétés, on se tape dessus, on boit ou on baise. Pas exactement la façon de gérer les premiers pas d’une histoire d’amour.
Mais c’est surtout quand il se met à nu que j’ai trouvé Drake le plus séduisant -si si, plus encore que quand il parle de Junior, promis juré! Ses déclarations dont on sent bien à quel point elles le déstabilisent car elles sont inédites sont des modèles du genre. Il n’y est pas toujours poétique, menace souvent sa douce moitié de l’attacher à un lit pour la faire jouir, mais c’est plus fort que la plupart des mièvres « je t’aime »… Dit-il néanmoins « je t’aime »? Ça, je vous laisse le découvrir.
Face à un tel phénomène, le défi était de trouver une héroïne à la hauteur.
Lyra relève le défi haut la main. Elle est l’une de mes héroïnes préférées, la somme des femmes du clans Hell’s dogs. L’impertinence de Danny, le tempérament de Millie -du moment que ce n’est pas ses qualités culinaires, le monde est sauvé- et tellement en commun avec Amy, à commencer par son efficacité sur le terrain et son intrépidité.
Même si leurs parcours ne sont pas identiques, à plusieurs reprises, Drake rapproche la trajectoire des deux femmes et il y a de ça.
Ensuite, j’ai aimé retrouver le club et la famille où sang et cœur se mêlent mais restent distincts. Quand Apo résonne Drake, il le fait comme prés, il le fait comme d’un biker à un autre, il le fait aussi comme un père à son fils.
Les valeurs de ce club forment également un ciment de l’histoire. Quand l’un tombe, tout le monde le veille, quand l’autre souffre, tout le club compatit à sa douleur et la ressent personnellement. Si l’un est en danger alors, tous se mettent en branle, quel qu’en soit le prix.
Autant dire que l’arrivée en fanfare de Lyra, les secrets qu’elle fait exploser et les conséquences qui en découlent fragilisent un édifice en apparence inébranlable.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas le moment. En effet, à l’instar des autres volets, il y a une dimension forte de suspens dans ce roman. Elle met directement en péril le club et ses membres et offre de beaux moments d’apnée avec une véritable faculté pour décrire des scènes d’action haletantes.
D’ailleurs, c’est aussi dans cette partie que -sans entrer dans trop de détails- Gaëlle Sage sait comment malmener ses lecteurs. Il faut avouer qu’elle ne ménage pas nos petits cœurs fragiles et qu’on en redemande.
On en redemande? Évidemment. Je rappelle qu’il reste un frère, que la relève peut arriver bien plus vite qu’on ne le pense et qu’il reste quelque chose à creuser du côté d’Apo qui ne cesse de m’intriguer.
De quoi glisser -presqu’aussi subtilement que Drake- une très légère demande à Gaëlle Sage pour un nouvel opus!