Heartbreak Station de Marie HJ

Titre Heartbreak Station

Auteur Marie HJ

Date de sortie 13 Août 2020

Un titre à commander ici Heartbreak Station

Il est des lieux mythiques aux États-Unis, des lieux qui véhiculent automatiquement leur lot de fantasmes et d’idées préconçues.

Las Vegas en est un, synonyme de paillettes, de sunlights et de superficialité. La route 66 en est un autre, associé aux roadtrips, aux bikers, aux tornades d’été. Dans la galerie des paysages américains, pourrait-on imaginer deux lieux plus opposés?

C’est pourtant sur la célèbre RD66 que Marie HJ pose l’intrigue de son nouveau roman.

Elle y fait atterrir Florian, un séduisant danseur qui a quitté les lumières et les shows de Caesar’s Palace sur un coup de tête et échoue devant la très rustique et très bringuebalante Heartbreak Station.

Florian sait à peu près ce qu’il quitte et les raisons de son départ qui ressemble à s’y méprendre à une fuite. Pour ce qu’il cherche, c’est plus flou, bien plus flou.

En tous cas, il n’était pas dans ses projets de tomber sur une grand-mère bavarde et vaguement directive, trois enfants bruyants et chamailleurs. Encore moins sur un ombrageux mâle qui se cache derrière des manches longues et un regard glacial.

Un homme qui ne peut s’empêcher de le reluquer en douce, mais affiche une façade tout ce qu’il y a de plus hétérosexuelle.

De la collision de ces deux univers, de ces deux personnalités, de ces deux solitudes naît une histoire aussi improbable qu’évidente.

Florian semble inconséquent de prime abord. Mais au fil des pages, il se révèle extrêmement attachant. Dans sa façon de prendre en compte Ronny, Tomy et Clara, les enfants de Cal. Dans sa manière de se plier à tous les ordres d’Emma, la matriarche qui a de sacrées idées derrière la tête. Mais surtout dans la délicate conquête de l’espace et du temps auprès de Cal.

Mais dans la mission qu’il s’est fixée, Florian cherche aussi à se trouver lui-même.  A priori, il est parfaitement à l’aise dans sa vie et sa sexualité, là où Cal pense façade et qu’en dira-t-on -ce qui peut se comprendre quand on est père célibataire dans une toute petite communauté où chaque changement fait l’objet de spéculations sans fin, de ragots et de paris.

Pourtant, j’ai été touchée de lire le parcours de Florian pour tracer sa route, tout autant que le grand vide qui menace de l’engloutir.

Pas de vide pour Cal. Ou du moins pas comme on l’entendrait. Entre ses enfants, sa station qu’il tente, tant bien que mal de maintenir à flots, ses souvenirs et les névroses qu’il porte sur sa peau et dans son cœur, il y a à peine le temps pour fréquenter la jolie Norah.

Certainement pas pour remettre en cause tout son univers, un peu morne sans doute, mais tellement bien ordonné.

Tout le contraire de cet homme lumineux et extravagant qui agite tout son univers. Il rénove la station, fait le vide dans les vieilleries sans intérêt, donne de nouveaux buts aux enfants. Et à lui, que fait-il?

Il ouvre des horizons jusqu’alors impensables. Mais entre la perspective et la réalité, il y a souvent un monde.

Et le plus dur est-il de rester dans l’inconfort acceptable ou de tenter un bancal accomplissement?

Le roman de Marie HJ m’a touchée pour les questions qu’il pose, sur la parentalité et le modèle que l’on veut transmettre à ses enfants. Elle en offre plusieurs exemples, tous différents, qui confirment que la plupart fait de son mieux, sans avoir la certitude de faire bien, mais qui montre aussi qu’être parent, ce n’est pas seulement donner la moitié de son code génétique; c’est aussi offrir sa présence, son attention, son amour.

Il m’a aussi émue parce qu’il parle de construction, et de reconstruction, de s’accepter soi-même, dans ses évidences de vie, dans ses complexes. On peut faire le « choix » de se cacher des autres, ou d’affirmer celui ou celle qu’on est. On doit être prêt alors à assumer les regards, les jugements. C’est complexe pour soi. Ça peut s’avérer bien plus dur quand il s’agit de se confronter à ses proches, à ceux qui comptent, en prenant le risque de les décevoir ou juste d’en être incompris.

Et ce thème, s’il concerne particulièrement les personnages de ce roman, est une réalité universelle qui m’a beaucoup parlé.

Il m’a aussi émue pour la personnalité de Cal et Florian, les doutes qui émaillent leur parcours et les sacrifices qu’ils sont prêts à consentir. J’ai trouvé dans cette station des cœurs perdus, entre Vegas et nulle part, une très belle histoire entre attraction brute, tendresse et un petit quelque chose en plus.

Et dans ce petit truc en plus, je ne parle pas forcément de l’homoromance, marque de fabrique des histoires de Marie HJ.

Les habitués de Melimelo de Gwen savent que c’est un style que je n’ai quasiment jamais abordé. C’est la raison pour laquelle, autant je lis beaucoup d’Erin Graham, autant je découvrais Marie HJ.

La découverte est concluante! Elle confirme toute la largeur de la romance qui permet de surfer sur des genres, des thèmes et des amants différents, tant que demeure l’essentiel, la qualité de l’histoire et la force des sentiments.

Alors bien sûr, j’ai trouvé un peu plus complexe de me projeter dans l’intimité de ce couple que dans d’autres situations.

Mais j’ai été la première surprise de ne finalement pas focaliser sur cet aspect de l’histoire. Le gage d’une histoire très réussie et la certitude de ne pas m’interdire de retourner très bientôt dans l’univers de Marie HJ.

 

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