Titre Combat d’amour
Tome 1 de la haine au désir
Auteur Loraline Bradern
Éditeur ADA
Collection Monarque
Date de sortie 13 novembre 2018
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Loraline Bradern cumule, dans ses écrits, plusieurs qualités. Elle écrit très bien, des romans travaillés et bien documentés. Elle compose des histoires où la romance prend le temps de se développer non pas comme un acte juste sexuel, mais comme une composition complexe de désirs et de sentiments. Elle excelle dans les histoires de militaires, qu’il s’agisse de Navy Seals comme dans sa série Unité d’Elite, ou de chevaliers médiévaux dans ce Combat d’amour qui porte parfaitement son titre.
Le cadre? L’Angleterre au XI° siècle. Vous vous rappelez la fierté des Anglais à ne plus avoir été envahis depuis la bataille d’Hastings en 1066? Et bien notre histoire commence exactement là.
La bataille est remportée par les Normands du duc Guillaume et malgré la résistance des nobles Saxons, la défaite est totale.
Dès lors, les Normands envahissent et prennent possession des terres des vaincus. Certains se livrent au pillage et aux exactions. D’autres, dont Gautier de Fougères, le héros de ce roman et son cousin Thibaud, ont une toute autre conception de leur rôle de chevalier. Ainsi, lorsque pour le remercier de lui avoir sauvé la vie, Guillaume le conquérant lui accorde le fief de Thurston, il décide de s’y montrer juste, honorable et loyal quitte à mécontenter les hommes de son propre camp.
Pourtant, il a fort à faire devant la forteresse dont les défenses sont menées par un étrange guerrier au bliaud bleu. Acharné, bon tireur, plein de fougue et de courage, ce défenseur défend chèrement ses terres avant d’être vaincu et de disparaître.
Ce mystérieux défenseur, c’est Alinor, la fille aînée du seigneur du lieu, une jeune femme qui refuse de se laisser enfermer dans les codes de son époque.
Commence alors un roman qui mêle habilement l’affrontement moral et verbal entre le vainqueur et la vaincue, mais aussi un récit de chevalerie de belle facture.
On sent que l’auteure maîtrise totalement son sujet, que ce soit sur l’emploi des termes d’époque (y compris des jurons), sur la description du décor mais aussi et surtout sur la mentalité des hommes de l’époque, ce qui rend ce roman encore plus profond. Au Moyen-Âge, la vertu d’une femme, en particulier dans la noblesse, est l’un de ses liens les plus précieux. Qu’on la lui dérobe ou au contraire qu’on la préserve a donc un impact très fort et en dit long sur l’homme qui mène ses choix.
La hiérarchie sociale et féodale joue aussi un rôle majeur. Lorsqu’on prête serment d’obéissance, on s’y tient.
Il y a enfin, chez Gautier et Thibaud, toutes les caractéristiques de la noble conduite, à commencer par la protection des populations vulnérables que ce soit contre les brigands ou les hommes de moindre moralité.
Mais l’une des grandes forces de cette histoire réside dans la joute constante de Gautier et d’Alinor. Il est le vainqueur, elle n’admet pas la défaite. Il possède Thurston, elle ne le reconnaît pas pour son suzerain légitime. Il réveille en elle des sensations qu’elle ne pensait jamais éprouver. Mais il est l’Ennemi.
Partant de ce constat, l’histoire ne peut qu’être explosive et passionnée, d’autant que les non-dits et les quiproquos tendent l’intrigue dans une direction frustrante et précaire à souhait.
Les rebondissements des derniers chapitres nous laissent tous, lectrice comme protagonistes dans un état difficilement descriptible où la sensation d’une catastrophe imminente n’est dépassée que par l’impatience de découvrir la suite pour savoir qui, de la haine ou du désir, gagnera ce superbe combat d’amour.
Avant de refermer cette chronique, je voudrais remercier Loraline Bradern de sa confiance et lui renouveler toutes mes félicitations pour le brio avec lequel elle a relevé le défi de la romance historique