Titre Coloc avec Monsieur Perfect
Auteur Erin Graham
Éditeur Éditions Addictives
Date de sortie 18 mars 2022
Un titre à commander ici Coloc avec Monsieur Perfect
Amateurs de comédie piquante, d’héroïne un peu paumée parfois mais terriblement attachante de ses contradictions et de ses failles, de héros aux tendances d’ours mal léchés mais qui ne demandent qu’à être mieux connus, de situations un peu déjantées comme on peut trouver dans un mariage chic mais champêtre et de sexytude assumée? Avec une option ami des amis trop mignons, spécialisation chatons cascadeurs?
C’est votre jour de chance, la sémillante Buy sur Tourette est faite pour vous!
Là, vous trouverez un écrivain au niveau de créativité aussi élevé que son interaction avec les êtres vivants est problématique.
Là vous pousserez la porte de Tous à poils, un établissement d’un genre particulier… Non non, pas particulier comme ça! Une clinique vétérinaire fraîchement reprise « à l’insu de son plein gré » par Avril Laroche, jeune diplômée qui se pensait en route pour la Corse et se retrouve en plein cœur de la Normandie.
Là, vous rencontrerez aussi Sabine, future mariée en pleine phase d’abstinence avec tout ce que cela entraîne de frustration et de fou-rire.
Là enfin, vous ferez la connaissance de Pâquerette, Marius, Tsunami, Souris, Marius -oui oui il est en double, c’est fait exprès- mais aussi Nestor, Carinella, Laura la méduse venimeuse et tout un tas d’autres personnages des plus particuliers.
Là surtout, vous passerez un excellent moment dans la veine des comédies terriblement réussies signées Erin Graham.
Vous êtes emballés? Alors venez voir.
Alban Rieux est un auteur à succès, à très haut potentiel, et à l’imagination fertile. Il écrit depuis toujours ou presque. S’il s’inspire souvent de son entourage pour écrire des romans fantastiques, il a bien plus de mal, dans la vraie vie, à se connecter aux autres, à tenir compte de leur avis ou de leur présence. Ce n’est pas sa dernière compagne en date qui le détrompera. Pour dire, s’il s’est à peine rendu compte de l’invasion en règle qu’elle a mené dans son quotidien, il prend à peine conscience de son départ.
Dans son univers, il n’y a de la place que pour une personne, son frère Marius, un mec en or, grand protecteur des petites bêtes à poil. Mais son grand cœur est aussi débordé que son petit chez-lui, aussi confie-t-il à son frère trois fois rien -non, en fait, cinq fois rien- cinq petits chatons fantasques et gaffeurs dont Alban ne sait que faire mais qui prennent une place dingue dans sa cuisine, son planning et jusque sur son clavier. Tous les propriétaires de chats se reconnaîtront je pense et même moi qui ne le suis pas, j’ai été à la limite de craquer!
Et comme si ces cinq boules de poil ne suffisaient pas à perturber l’exil volontaire qu’il a réalisé dans la campagne normande, Alban doit maintenant composer avec la nouvelle vétérinaire, là, à deux pas de lui, à l’autre bout de son jardin.
Elle est jeune, gaffeuse, empiète dangereusement sur son espace vital et son self control, mais dans le même temps, elle avive en lui des sensations jusqu’alors inconnues.
Avril Laroche est vétérinaire fraîchement diplômée. Vétérinaire comme son grand-père. Comme son père aussi, qui décide de la laisser en plan, elle et ses projets, pour partir au Zimbabwe. Oh, mais il n’est pas ingrat, le père Laroche. Il lui laisse tout de même Tous à poils, sa clinique vétérinaire ainsi que tous ses petits à côtés. Gardiennage de chèvre, recueil pour chien oublié, intervention d’urgence, tout y passe et Avril a fort à faire pour entrer dans ses bottes un peu grande pour sa petite personne et un peu éloignées de son projet initial, un remplacement d’un an en Corse.
Et comme si ça ne suffisait pas, son père a vendu la longière de son enfance. Non seulement elle doit loger chez Gertrude et sa franc-comtoise, mais en plus, elle doit composer avec son voisin, le plus sexy des misanthropes.
Entre celle qui n’a pas de place dans son planning pour un coup de cœur et celui qui n’a pas de place dans le cœur pour un accroc à son planning, vous vous imaginez bien qu’Erin Graham a pris un plaisir fou à tisser une toile de tensions et de tentations, de moments brûlants et de douches glacées.
J’ai beaucoup aimé ce roman -bon, je sais, c’est un leitmotiv quand il s’agit d’Erin sous toutes ses plumes. Mais celui-ci a une saveur particulière.
J’en ai aimé le casting cinq étoiles fondé sur des personnages attachants de leurs failles. J’ai aimé la façon dont Alban vit à côté de sa vie, dans un univers parallèle tout en laissant les autres lui imposer leur réalité, de la boulangère aux miches généreuses à une ex toxique.
J’ai craqué pour Avril et ses maladresses, sa spontanéité et son implication. Elle pensait être prête à une vie bien différente de celle qui l’attend finalement. Elle croyait être préparée à se couper de ses racines avant de se souvenir de tout ce qui l’attache à sa région.
La région, justement, parlons-en!
Dans le tout premier roman d’Erin Graham que j’ai découvert -Teach me love- de mémoire, j’avais souri des références normandes de l’histoire. Là, on est au-delà! Qu’il s’agisse des descriptions du cœur de Deauville, d’un récit de plage battue par la tempête ou du quotidien simple de la campagne régionale, l’autrice m’a prise par la main pour me faire visiter son p’tit coin de territoire et c’est très réussi. J’ai failli tout lâcher et direction Trou en Beurette et son curé imaginaire!
Un autre élément dans lequel Erin a mis tout son cœur pour nous toucher, ce sont les personnages « non humains » du livre. Impossible de les qualifier de secondaires tant ils occupent l’âme de l’intrigue. Là encore, elle m’a bluffée. Je ne suis pas particulièrement passionnée par les animaux, je ne suis pas très branchée chats (pitié que personne ne me jette de litière usagée dessus) et pourtant, j’ai fondu pour chacune de ces bêtes à poils ou à cuir et surtout je me suis passionnée pour la passion d’Avril.
Mais une fois de plus, par-delà tout ce qui fait de ce roman une comédie -Pâquerette et Sabine, chacune dans son registre n’y sont pas étrangères- malgré toute l’admiration pour l’imagination sans borne d’Alban et sa belle-mère vampire, plus encore que la sensualité torride et poétique que l’autrice distille savamment dans ses pages, il y a toutes les autres raisons pour lesquelles j’ai aimé ce roman, si si, vous savez, celles dont chaque fois je vous dis « oh, si je pouvais, tout ce que je vous dirais de plus … » et bien nous y revoilà!
Allez, parce que c’est vous, je vous dirais quand même que j’ai été touchée par la réflexion sur la volonté des personnages de faire ce que l’on attend d’eux, ou du moins de s’imposer des choses parce qu’on estime que c’est ce que tout le monde attend de vous, quitte à s’oublier soi-même. J’ai aimé ce message optimisme qui rappelle que le bonheur peut se trouver dans des petits riens et surtout là où on ne l’attendait pas -ou plus et je me suis délectée de cette capacité qui me parle trop bien, celle d’oublier tout ce qui heurte, blesse, peine ou indiffère en se construisant le plus beau des univers, celui où des princesses intergalactiques peuvent venir amadouer des chats psychopathes.
Un pitch de futur roman, Erin? Moi je dis « chiche »!