Tome 1
Auteur Laurie Becker
Éditeur Plumes du Web
Date de sortie 21 Février 2019
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Si vous avez envie d’une dystopie à deux voix, particulièrement bien écrite, une histoire de princesse mais pas un conte de fées, une histoire de secrets et de faux semblants, plongez dans ce roman très réussi.
L’histoire se déroule à la fin de notre siècle. Le climat s’est tellement emballé que le monde, tel qu’on l’a connu, a disparu, rayé de la surface de la Terre. Les survivants se répartissent dans l’Hélice, un système aussi appelé New Islands, organisé autour de l’île Dorée.
Les rescapés sont répartis sur les différentes îles en fonction d’une hiérarchie sociale ferme et inégalitaire. L’île Verte est -presque la plus mal lotie. On y produit tout ce qui est nécessaire à la vie et au confort des îles privilégiées, mais sans rien faire pour offrir à ses habitants des conditions de vie décentes.
Les maisons tombent en ruine, le système scolaire ou médical ne reposent que sur le volontariat et le système D. La rancune est tenace, mais les possibilités de révolte limitées à moins de vouloir finir sur l’île rouge, celle dont on ne revient pas et qui apparaît comme une antichambre de l’enfer.
Les relations, professionnelles, amicales ou amoureuses, sont proscrites entre les habitants des différentes îles, à une exception près. Le mariage de la princesse Emerson Kindell, fille du roi Orion.
Tous les garçons de toutes les îles (à l’exception de l’île rouge, la tolérance a des limites!) doivent subir des tests pour trouver le prétendant le mieux à même de convenir à cette jeune fille complète, bien plus à l’aise dans les exercices physiques que les courbettes protocolaires, au grand dam de ses parents et pour le plus grand malheur de sa soeur Harmony qui rêverait, elle, de représenter la parfaite princesse de contes de fées et devenir l’enjeu de ce grand concours. Emerson, pour sa part, imagine son prince charmant comme l’un des bad boys ténébreux dont elle lit les romances en douce, parmi les livres rescapés d’avant la Catastrophe. Et on est loin de ce qu’on lui propose comme futur mari.
Car la main de la princesse est l’enjeu d’une compétition entre des prétendants désignés de tous les secteurs. Ainsi donc, sur le papier en tous cas, même River Hadley, l’impétueux candidat de l’île verte peut prétendre épouser la jeune princesse.
Mais là où les choses se compliquent et dérivent très largement d’une « Sélection » inversée (le livre auquel j’ai pensé au début de ma lecture), c’est dans les intentions de chacun. Une princesse qui n’est pas pressée de « rentrer dans le rang », des prétendants aux motivations pas très claires, un entourage dans lequel il ne faut pas trop fouiner et un héros, …
Un héros qui, justement, ne fait rien pour en être un, bien au contraire.
River est un sacré phénomène. Tout ce qui pourrait être aimable et touchant en lui, est relégué loin derrière une façade savamment étudiée. Et même si je comprends parfaitement ses motivations, j’ai beaucoup aimé être agacée par ses façons d’être et d’interagir avec sa potentielle fiancée. Ça paraît contradictoire? Attendez de partir à la découverte du beau sale gosse de l’aventure et vous m’en direz des nouvelles!
Sa place est centrale dans le roman et pourtant, nulle part, il ne semble être vraiment où il devrait. C’est un personnage particulièrement attachant, qui met en valeur Emerson, ses doutes et sa détermination.
Cet étrange jeu de séduction et de sélection est très largement mené autour du binôme Emerson/River et l’auteur a particulièrement bien réussi leurs face à face. La tension est multiple et puissante. La confrontation de leurs caractères est un délice piquant à lire; les moments où les coeurs s’ouvrent sont également forts.
J’ai beaucoup aimé la façon dont on découvre les réalités derrière les apparences, la façon dont les secrets se dévoilent, progressivement.
La seconde partie du livre, dont je ne vous dirai rien, ajoute une autre dimension qui relance habilement l’intrigue et rebat les cartes entre les personnages, les espaces et les perspectives.
On y découvre l’envers du décor, mais l’auteure nous donne aussi des clefs qui nous manquaient pour remettre tout le puzzle dans le bon sens. Pourtant, il ne faut pas penser que toutes les énigmes sont résolues par magie. Si certaines zones d’ombre se dissipent, il en reste bien assez pour nourrir encore nos réflexions et nous attentes.
De nombreuses portes restent entrouvertes qui aiguisent ma curiosité et me donnent particulièrement envie de découvrir la suite. D’autant que le final, …. ah, le final. Certes classique, il sert parfaitement de passerelle entre ce premier tome particulièrement réussi et le suivant que j’attends avec gourmandise.
Avant de conclure cette chronique, je voulais glisser un mot de remerciements pour les Plumes du Web qui, une nouvelle fois cette année, m’ont accordé la confiance de ce service presse et confirment la diversité de leurs publications avec un dénominateur commun, l’attractivité des histoires proposées et le talent de leurs auteurs.