Titre la mer en face
Auteur Vladimir de Gmeline
Éditeur Éditions du rocher
Date de sortie 5 septembre 2018
À retrouver sur Amazon en cliquant sur ce lien La mer en face
Un titre découvert grâce à la masse critique Babelio
La mer en face est ma première rencontre avec la plume de Vladimir de Gmeline. J’ai été happée par son écriture fluide, par la sensation de pénétrer sans faux-semblant dans les pensées d’un homme à la croisée des chemins de sa vie.
Le style est efficace, le rythme de narration prenant et je me suis laissée entraîner dans un voyage au long cours entre Allemagne et Québec.
Ce roman a été une surprise. Je l’ai choisi pour son résumé. La deuxième guerre mondiale et l’œuvre mémorielle qui l’entoure font partie de mes centres d’intérêt. Et je me suis retrouvée dans autre chose. Dans quelque chose de « plus ». Comme une sorte de roman initiatique pour quinquagénaire en proie aux questions sur son passé, ses choix et ce qu’il va faire de sa vie d’adulte, encore pleine de perspectives.
La vie de Philippe, le héros, ancien journaliste, romancier et scénariste, est à la fois presque banale par certains aspects et singulière par d’autres.
Comme beaucoup d’hommes de son âge, il a quitté sa première épouse et ses premiers enfants pour une autre plus jeune, différente, avec laquelle il a bâti une nouvelle vie, élevé une nouvelle enfant. Mais il n’a pas forcément trouvé le bonheur qu’il recherchait et que, finalement, il cherche encore, ailleurs, tout en se demandant régulièrement ce qui se serait passé si, …
Ce trait de personnalité est touchant, mais aussi parois agaçant. À force de se répéter à quel point il aurait été heureux de faire ci ou ça avec Claire (sa première épouse) à quel point son avis compte, son jugement aussi, on se demande presque pourquoi il a ainsi tout gâché.
En fait, Philippe est un modèle d’indécision. Il décide de partir sur les traces de son passé familial, mais une fois qu’il y est, il recule, hésite, tergiverse et ne va pas au bout de son projet.
J’avoue qu’à cette étape du roman, j’ai été un peu déstabilisée car on quittait de vue le synopsis qui m’avait attirée pour changer de cap.
Mais on découvre alors un autre personnage. Un partenaire, avec ses failles et ses doutes, mais surtout un père. Parfois trop dur, trop maladroit, pudique ou au contraire trop intrusif, mais un père prêt à beaucoup pour s’assurer du bien-être de ses enfants.
Et cet aspect de l’histoire m’a emballée. La relation fragile entre un père et son fils, celle inébranlable entre des amis d’enfance, c’est dans le lien humain que j’ai aimé cette histoire. Même lorsque les relations d’amour piquent, accrochent et font mal. Parce qu’il y a derrière les mots et les silences un véritable attachement et une volonté de faire au mieux, de réparer, de soutenir ses enfants, quel que soit leur âge ou leur degré de réussite.
Je me suis donc beaucoup retrouvée dans cette partie du roman. Un peu moins dans l’intrigue finale, un nouveau changement de tonalité dans lequel je suis moins entrée, peut-être parce que j’étais encore dans cette phase de construction des relations parent-enfant lorsque l’enfant devient un adulte indépendant.
Au final, j’ai apprécié la narration et de beaux moments d’immersion dans l’esprit du personnage, tout en restant un peu plus dubitative sur les changements de direction donnés à l’intrigue et que je n’avais pas prévus.
En tous cas, je voulais remercier les éditions du rocher avec lesquelles je collaborais pour la première fois, d’avoir mis à ma disposition cette histoire à découvrir.